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Bad Wolves [Pv : Alexandre Zane]

Bad Wolves [Pv : Alexandre Zane] Brandw10
Mar 19 Nov - 3:47
Il fait pas bien chaud cette nuit, à Opale.
Un frisson me parcourt le corps pendant que je m’allume ma clope améliorée à l’opium, dans l’espoir de me réchauffer un peu, mais surtout de calmer mes nerfs. Ca va être une longue nuit, j’ai besoin d’avoir l’esprit le plus apaisé possible et surtout, de tenir la bête endormie sans craindre qu’elle s’échappe au mauvais moment. C’est pour la tenir la plus tranquille possible à la base que je me suis tourné vers l’opium, de manière à endormir certaines de mes pulsions, de contenir cette colère qui gronde en moi, ne pas la laisser déborder. Etre maître de ses émotions c’est important, c’est ce que je me répète tous les jours, mais c’est encore plus crucial d’être maître de sa propre putain de carcasse. Et ça, c’est malheureusement pas mon cas. Pas tout le temps.
Alors je tire une longue bouffée sur ma clope, le regard dans le vide, l’esprit égaré dans un maelstrom de pensées négatives et de craintes. C’est mon plus gros problème, ce putain d’animal en moi. Hérité de mon paternel, de ce que j’ai pu apprendre, le vrai père, pas celui qu’on a prétendu qui était le mien depuis ma naissance. Zoanthrope, quelle galère… Certaines merdes vous tombent dessus et vous devez faire avec, ce loup qui partage mon corps en est une. J’ai pensé un temps à chercher un moyen de le tuer, de m’en débarrasser, mais j’ai pas envie de risquer d’y passer aussi. Je suis bien trop accroché à la vie pour miser sur un truc aussi aléatoire qu’un foutu vaccin ou un remède miracle à la con. Non, je dois trouver un moyen de le contrôler entièrement, c’est le seul moyen valable à mes yeux. Et en attendant, je peux que continuer d’espérer qu’il me fasse pas trop chier, et de l’endormir en conséquence avec de bonnes doses opiacées.

En partant du principe que ça marche vraiment, hein, j’en sais foutrement rien au final. Si j’ai aucun doute sur le fait que ça m’apaise grandement, j’ai jamais eu de preuves concrètes que le loup soit dans le même cas. C’est peut-être seulement un effet conséquent de mon état psychologique, de mes propres émotions, ou alors c’est totalement hasardeux et l’enfoiré se réveille seulement quand il en a envie, je sais pas.
Ce que je sais en revanche, c’est le boulot qui m’attend ce soir. Qui nous attend, plus précisément, à Alex et moi. Parce que ça fait quelque temps que je suis plus seul, que j’ai un type sur lequel m’appuyer. Et même si je lui fais pas encore entièrement confiance, il va falloir qu’il m’en prouve davantage avant que ce soit le cas, je dois avouer que ça soulage un brin de se savoir épaulé. Violemment gangrénée par la pègre, cette foutue cité lumineuse est tout aussi sauvage que la bête qui vit en moi et seul, c’est très épuisant de survivre. C’est aussi voué à l’échec, que de chercher à percer sans soutien. Les Sept Familles en sont la plus évidente des preuves, l’union permet la domination et le nombre offre une très grande force. Mon gang est récent dans le milieu, un chérubin en comparaison des gros bonnets installés depuis de si nombreuses années, mais personnellement je nage dans le milieu depuis pas mal de temps, j’ai quelques connaissances et les mains déjà bien sanglantes, je sais que je peux me faire ma place. Quitte à l’arracher à coups de dents.

J’attends que Alex se pointe là où je lui ai demandé de se pointer.
Je suis pas du genre très patient, donc ça me fait toujours chier d’être celui qui attends les autres, mais il sait faire en sorte de ne pas m’énerver pour rien. C’est le genre ponctuel, le Zane. Appuyé contre le mur d’une ruelle plongée de moitié dans l’obscurité, je me tiens à la frontière entre l’ombre et la lumière, la silhouette découpé en deux entre la lueur d’un lampadaire éclairé par le Myste et la noirceur naturelle régnant dans le fond de la ruelle. Comme une image de ce que je suis, ombre et lumière, deux parts distinctes en une même âme luttant perpétuellement entre elles, un peu à l’image de cette foutue cité.
Finalement, je le vois arriver, lui et son regard émeraude. Pas commun de voir des iris pareils, chaque fois que je le zieute, j’ai cette putain d’impression qu’on lui a foutu deux pierres précieuses dans les yeux, délicatement déposées dans leurs orbites. Il brille, son regard, mais c’est pas seulement le fait de la couleur particulière de ses yeux. C’est un affamé le Zane, d’information, de savoir, mais principalement d’argent. Comme beaucoup dans cette cité qui raffole de fric, il adore l’astra. De ce que j’ai compris de l’énergumène, c’est le pognon sa plus grosse source de motivation et je peux le comprendre. Mais ce serait bien stupide de le résumer à simple homme de main qui agit que pour le fric, il en a aussi beaucoup dans le crâne, je l’ai tout de suite senti. Et c’est ce qui me plait chez lui, cette intelligence discrète qu’il sait employer subtilement au milieu de tous ces loubards dont le premier réflexe est de sortir le flingue ou le couteau. Moi-même, j’ai cette tendance à envoyer des baignes pour accélérer les choses, pour évacuer, parce que.
Alexandre Zane est là pour me rappeler qu’on est pas nécessairement obligé de jouer les brutasses pour avancer et c’est pour ça qu’il est encore en vie, contrairement au reste de son ancienne bande.
Et justement, en parlant du passé…

Je sais pas exactement à quel point il en savait sur son ancien patron, mais le quartier lui est probablement familier. Il se trouve que c’est ici que s'était implanté Jonas Steiner, juste là, à quelques dizaines de mètres plus loin, dans l’une des seules baraques encore éclairées à cette heure avancée de la nuit. C’est évidemment pas un hasard si je l’ai fait venir jusqu’ici, mais j’attends qu’il me rejoigne dans cette ruelle avant de commencer à lui expliquer ce que j’ai derrière la tête.
Sam 30 Nov - 22:00
Un froid glacial régnait ce soir-là. Retour au bercail après une absence relativement longue, rien ne semblait avoir réellement bougé. Et pourtant, Steiner avait disparu dans la brume des semaines auparavant. Pendant très longtemps, rien ne pouvait se tramer dans le secteur sans son aval et sans qu’il ne touche son pourcentage. On aurait pu s’attendre à ce que le quartier soit mit à feu et à sang par les quelques ambitieux désireux de prendre sa place, et dieu sait que les candidats ne manquaient pas. Mais rien. En apparence, les choses demeuraient anormalement calmes. En apparence seulement. L’objectif de l’entrevue de ce soir avec Peeter n’était pas difficile à deviner : trouver le moyen de s’emparer de tout ce que Steiner avait laissé ici. Jaillissant de l’obscurité, blouson zipé jusqu’au cou, Zane se décida finalement à pointer le bout de son nez, à la faveur d’un lampadaire qui faisait l’angle. Ponctuel comme à son habitude, son acolyte n’était pas réputé pour sa patience, l’Opalin le savait et avait lui même de toute façon horreur de faire attendre.


Peet’. lança Zane en hochant la tête. J’imagine qu’on va rendre une petite visite à Donovan ? poursuivit le jeune homme en fixant le tripot un peu plus loin.


Donovan Manza, le mac favoris de Steiner. De son vivant, il déléguait beaucoup à cette vipère, qui se flattait à penser occuper une place de choix dans l’organisation. Une sorte de capo di tutti capi selon lui. Et il avait raison. D’après ce qui se chuchotait dans le coin, le corps du grand patron n’avait pas eu le temps de refroidir que Donie avait œuvré pour solidifier sa position, scellant des alliances avec ceux qui pourraient lui être utile, s’arrangeant pour éliminer ou écarter tous ceux qui auraient pu menacer son règne. Cet enfant de putain parvint bien vite à prendre le petit trône laissé vacant. Un petit malin qui attendait son heure depuis bien longtemps… Sauf que.. Peeter F.Kilbeggan n’était clairement pas de ceux que l’on écarte. Et si le nouveau boss auto-proclamé n’avait pas franchement l’intention de passer la main, Zane le savait, ce dernier savait se montrer très convaincant. Manza s’était installée dans l’ex-quartier général de Steiner : le Styx, un tripot branché qui avait pignon sur rue dans le secteur, c’était un choix judicieux et plutôt évident. Bien entendu, l’endroit était bien gardé et une approche directe par la force se solderait probablement par un échec sanglant. Le gang n’était pas encore prêt pour ce genre d’opération. Manque de main d’œuvre, manque d’influence…

Par chance, Zane avait bossé comme gros bras ici, au Styx. Et si Peet l’avait fait venir ce soir-là, c’était sans aucun doute pour sa connaissance des lieux. Regard fixé sur l’enseigne diablement tapé à l’œil bourdonnant de Mist, Peeter garda le silence, se contentant d’expirer une longue bouffée de fumée parfum opiacé.


Manza est sûrement bien entouré. Mais j’connais du monde là dedans.


Première étape, la plus évidente, trouver un moyen d’entrer. Les trois gorilles de Manza qui gardaient l’entrée risquaient de poser problème. Fouillant minutieusement chaque client, impossible de passer avec ne serait-ce qu’une lame de rasoir. Par chance, Zane connaissait les combines. Il fit signe à son boss de le suivre et tous deux se rendirent calmement à l’arrière du bâtiment. L’entrée de service n’était pas vraiment gardée. Quelle erreur. C’était déjà le cas à l’époque de Steiner. Disons qu’en ce temps personne n’aurait eu les couilles de s’en prendre au boss et encore moins ici dans son qg. Ils arrivèrent devant l’imposante porte métallique qui menait aux cuisines. Verrouillée. Mais à peine le jeune Opalin eut il le temps de dégainer de quoi crocheter la serrure que quelqu’un leur ouvrit la voie. Dans un grincement sonore, la porte dévoila la silhouette d’un gringalet qui s’affairait à sortir des poubelles. Le type n’était pas un employé habituelle. Une nouvelle trogne. Merde. Sans hésiter un seul instant, Zane l’empoigna par le col, et le tira vers lui pour le frapper de son coude. Le pauvre gus s’écroula, inconscient, tandis que Peeter dégainait son masque. Son foutu masque qui n’annonce jamais rien de très réjouissant. Accès trouvé, les choses sérieuses n’allaient pas tarder à s’annoncer.