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[Event] Voyage au centre de la Brume

[Event] Voyage au centre de la Brume - Page 3 Brandw10
Dim 29 Déc - 18:08

Leurs suppliques se heurtent à un mur impavide. Les mots sont inutiles pour comprendre que le Réplicateur n’a pas saisi l’attention de l’hespéride. Et les révélations de Ryker tandis que le cortège reprend sa route n’arrangent rien. Alors que Lue la prend de nouveau à partie, la mutante retient une moue contrariée. Elle n’ira pas la châtier pour qui elle est ; seuls ses maîtres retiennent sa rancœur.

« Je crois qu’il n’en veut pas non plus. De toute façon, au plus tôt le Réplicateur sera détruit, mieux ce sera pour tout le monde. », fait-elle.

Ses plumes frémissent légèrement. Devant eux, la Malice épaissit sa présence. Elle sentirait presque ses doigts intangibles lui presser la gorge. Ses entrailles se serrent quand la Strigoï s’échappe de son champ de vision, courant après une chimère. À ses mots, aux larmes qui roulent lorsqu’elle rejoint enfin le groupe, elle comprend que la Brume appuie encore là où ça fait mal. L’image des fantômes dans le wagon abandonné lui revient un instant. En silence, Jessamy s’introduit dans sa combinaison, grimaçant alors que ses vêtements gorgés de cruor séché se collent davantage contre sa peau. Son regard dévie de temps en temps sur sa camarade encore bouleversée. Mais la Brume n’en avait pas fini avec le groupe, s’attaquant au plus exposé. Elle peste derrière son masque, son propre souffle collé aux parois de son larynx, alors que l’arme de Sergei est retournée contre lui. Un de moins. Sa mâchoire se crispe. Elle devrait s’y habituer, à force, à toutes ces morts. À laisser des cadavres dans son sillage. Avancer.

La Brume se retire lorsqu’ils pénètrent dans un dôme verdoyant. Une cage pour une flore qui jamais ne voit le soleil caresser ses feuilles ; sur ce point, elle s’accorde avec l’élémentaire. Le plus curieux reste la Malice sur le palier… et comme le relève Panoptès, aucun larbin du Mandebrume (mort ou vivant) n’est là pour les cueillir. La voix qui s’élève la glace. Elle grogne dans sa direction, quand quelque chose semble se refléter dans la pièce. Jessamy n’a que le temps de protéger sa tête avec ses bras quand un souffle la projette vers un mur. La respiration coupée, la mutante se relève, remarquant du coin de l’œil le corps inerte d’Olaf puis, plus loin, celui de Lue, une jambe en moins. Sa gorge se serre. Ses mains s’acharnent sur les boucles et les fermetures de sa combinaison pour en extraire son corps indemne, laissant ses élytres froissées reprendre leur place dans son dos. Elle darde du regard la forme svelte qui se tient au centre de la pièce, drapée d’une cape. Jamais telle créature n’avait croisé son regard. Sa silhouette lui évoque celle de l’automate aux ailes mécaniques de la tour d’Yfe ; mais celui qui se prétend divin sera, lui, moins enclin à les écouter.

La prétendue déité se retrouve harcelée, piquée d’attaques. Jessamy fait craquer ses épaules, avant de se saisir d’une potion couleur de sang et d’en boire le contenu. S’essuyant la bouche, elle se défait de la cape prêtée par la Strigoï mutilée, libérant ses ailes. La douleur affadie se diffuse dans sa colonne vertébrale, alors que la membrane se dévoile pour la propulser vers le haut. Elle connaît sa cible : le cristal ancré sur la poitrine d’Ofskir, qui flamboie lorsqu’il fait brûler l’air.

« T’es rien qu’un porteur de cristal au melon gigantesque. Vous devez vous sentir à l’étroit, avec le Mandebrume. », grince-t-elle.

Dans un bourdonnement fulgurant, la Banshee fond sur sa proie. Toutes griffes dehors, elle se fait rapace, salve de poignards prêts à se planter dans la chair pour l’immobiliser.

Résumé:
Mar 31 Déc - 0:19

Voyage au centre de la Brume

Acte I - Event III

Le cri du Chancelier fut la dernière chose qu’il entendit avant d’être violemment projeté à l’autre bout de la salle. Maël fut séparé de ses compagnons par une explosion qui le plongea dans un chaos où réalité et néant se confondaient. Un ennemi ! L’idée traversa son esprit, fugace, avant qu’il ne s’encastre brutalement contre le mur. L’impact lui fit perdre conscience, et il ne ressentit même pas le craquement sinistre de son aile qui se brisa net sous le choc.

Quand il émergea enfin des ténèbres, des secondes – ou peut-être des siècles – s’étaient écoulées. La voix de Ryker lui parvint, adressée à une entité d’une puissance écrasante. L’être en question se tenait là, imposant, auréolé d’une énergie chatoyante qui s’échappait de son corps en volutes colorées, comme si son enveloppe charnelle était incapable de contenir toute sa puissance. Sa silhouette immense et sa peau sombre, étrangère à toute humanité, inspiraient la terreur. Son rire glaçant résonnait sous le dôme de verdure, un présage sinistre qui semblait étouffer tout espoir. De là où il se trouvait, Maël percevait l’action sans vraiment la voir. Les herbes de Duscisio se lançaient à l’assaut du monstre, Lue manquait sa cible avec sa dague, Artémis arrachait l’élémentaire à une fin certaine, Ryker frappait avec une rapidité presque irréelle, et Jessamy tombait une nouvelle fois dans la bataille.

Puis la douleur le transperça, brutale, comme un électrochoc ramenant ses pensées en ordre. Sa tête, ayant heurté violemment le mur, pulsait d’une souffrance lancinante, mais cela ne l’aidait en rien. Nauséeux, il avait l’impression d’avoir été piétiné par un troupeau de pégases. Chaque souffle était laborieux. Pourtant, l’urgence sonnait en lui comme une alarme incessante. Bouger ou mourir. D’un geste instinctif, il activa l’un de ses cristaux. Une vague de soulagement l’envahit, la douleur disparaissant comme si elle n’avait jamais existé, laissant son esprit clair et acéré. Rassemblant ses forces, il se redressa, sautant maladroitement un mètre plus bas pour rejoindre le sol que la première attaque d’Ofskir l'avait fait quitter. D’un geste sec qui aurait dû lui arracher un cri de douleur, il repositionna son aile brisée. Elle ne serait d’aucune utilité avant longtemps, mais cela importait peu.

Maël était de retour.

Un bourdonnement enfla soudain près de lui. Ses insectes apparurent, prêts à obéir au moindre de ses ordres. Sans hésiter, ils se jetèrent sur l’ennemi, animés par sa simple intention. Maël, sur le point d’activer son fétiche d’autodestruction malgré la présence de Jessamy, changea d’idée à la dernière seconde. Un éclat lumineux attira son regard : le cristal divin venait de tomber de la main du dieu. Comme envoûtées, les cicadines s’élancèrent pour récupérer la source de leur tourment. Trop éloigné pour intervenir directement, Mael les intima de rapporter le cristal jusqu’à Aigrette, gobelin aux doigts habiles qui parvint à s’en emparer de justesse. Au même moment, Mael rejoignit le groupe, épée au poing, alors que la main de fer de Panoptès saisissait leur ennemi.

Ofskir, l’Oreille des rois, cracha-t-il. Ce nom résonne en moi comme un amer souvenir. Même les grigoris se souviennent de cet être divin.

Dans le même souffle, il désactiva son cristal d'insensibilité pour conserver un peu d'énergie, profitant d'une bouffé de courage pour échapper à l'emprise rassurante du cristal qui lui épargnait toute douleur. Il s'effondra alors presque instantanément au sol, incapable de garder son équilibre. Sur ses genoux tremblant, il vomit abondamment, son corps lui faisant regretter d'avoir ignoré les signaux de son corps blessé.

Je crois que j'ai besoin de soin, moi aussi, souffla-t-il en voyant Duscisio se diriger vers une Lue inconsciente.

Résumé:
Ven 3 Jan - 15:59

Maître du Jeu

Comme sorti du mur, le bras gigantesque du Chancelier était venu enserrer Ofskir. Privé de son cristal, incapable de tout mouvement, le dieu n'en menait pas large. Une voix caverneuse d'un visage dans la pierre tonna :

« - Attachez-le. Même avec une apparence à demi-éthérée, il n'en reste pas moins contraint de rester en un seul morceau. »

Libérant doigt après doigt, Panoptès vous permet ainsi d'enrouler une corde autour de votre adversaire et de le saucissonner étroitement. Livide, pour peu que son visage le lui permette, le psychopompe serre les dents. Face à de simples mortels, il aurait eu toutes ses chances, mais deux cristaux divins et autant de cristaux de pouvoirs... voilà longtemps qu'il n'a pas connu de tel combat. Malgré vos attaques, il s'en sort indemne, énième preuve qu'il n'a rien d'un vulgaire mortel. Ce qui s'avère être l'un de ses nombreux points faibles : Ofskir ne retient jamais la leçon, il n'a pas de véritable instinct de survie.

Finalement, la statue de béton s'efface ; le Chancelier revient sous forme humaine. Tout un côté de son visage est tuméfié et l'une de ses épaules est déboîtée, mais il s'en occupera plus tard. Il regarde gravement votre ennemi qui a terminé de faire la soupe à la grimace.

« - Je vois, » lâche ce dernier, quant votre commandant se plante devant lui ; leurs regards puissants, scrutateurs, se confrontent. « Nous nous rappelons de toi. Tu étais l'un de ces humains qui jouaient aux dieux à l'époque, un autre jouet de votre empereur.

- On peut le voir comme ça. Aigrette, garde un œil sur lui, on l'embarque avec nous. »

Entre temps, le groupe s'est réuni autour des blessés. Ceux qui le peuvent pansent, voire guérissent, les blessures des autres. Olaf gît encore à terre ; heureusement, il est seulement inconscient, mais va nécessiter un porteur jusqu'à son réveil. Le Chancelier indique vouloir discuter avec toi Duscisio, mais avant que votre conversation ait pu commencer, elle est déjà terminé. Continuant sur sa lancée, le Chancelier dépasse le groupe pour confirmer avec le patrouilleur : la Brume est bien en train de refluer dans la pièce. Et pratiquement toutes vos combinaisons sont en charpie, elles ne seront d'aucune utilité.

« - Nous devons partir d'ici... » indique Panoptès, pensif. Son regard se pose alors sur l'ascenseur, avant de venir détailler le prisonnier, qu'il finit par rejoindre prestement : « La Brume, c'était toi ? Comment as-tu fait ? »

Naturellement, l'Oreille des Rois prétend ne rien savoir. Mais lorsque l'hespéride l'entraîne, sans un mot, jusqu'aux portes du monte-charge, d'où s'échappent des volutes grisâtres, et menace d'appuyer sur l'un des boutons du boîter de commande, le Second-qui-vint se débine.

« - Très bien, très bien. Notre cristal. Laissez nous l'utiliser et nous-

- Jamais. Dis-nous comment faire.

- Vous n'êtes que de vulgaires humains, vous ne pourrez jamais accéder au véritable potentiel divin ! Vos corps fragiles, si vite flétris au moindre effort, ne le supporteraient pas.

- Essayons tout de même, sinon nous mourrons tous, » susurre le Chancelier, accentuant volontairement la prononciation du dernier mot. Il sait Ofskir aussi lâche que redoutable et n'hésitera pas à s'en servir. Comme prévu, celui-ci abdique après seulement quelques secondes de silence pesant.

« - La stellarisation peut condenser la Brume. Nous maintenons le pouvoir actif suffisamment longtemps pour la faire disparaître... puis nous refermons le trou dans la Fabrique ensuite. C'est probablement la tâche la plus ardue, vous n'y parviendrez pas. Vous manquerez d'énergie avant.

- Cela ne coûte rien d'essayer. Aigrette ? »

Spectateurs, vous pouvez voir le gobelin rejoindre le Chancelier et Ofskir pour lui remettre le cristal. Vous remarquez par ailleurs qu'ils échangent quelques mots à voix basse. Soudain, l'humanoïde au teint verdâtre actionne un bouton, appelant l'ascenseur, dont les portes s'ouvrent après une dizaine de secondes de silence pesant. Une Brume dense, plus compacte que ce que vous ayez pu voir jusqu'à présent, tente aussitôt de se frayer un chemin de la pièce ; elle est spontanément arrêtée par les efforts du Chancelier, qui tient le cristal d'Ofskir devant lui et l'utilise pour faire disparaître l'épais nuage. Avant de tomber à genoux soudainement.

« - Nous l'avions énoncé. Si même vous, humain utilisant un cristal divin, ne parvenez pas à maîtriser le pouvoir sans faillir, alors votre mission est vouée à l'échec. Vous feriez mieux de nous détacher, si vous espérez sortir d'ici en vie.

- La ferme ! » grogne Panoptès, réunissant suffisamment de forces pour se redresser, le visage livide. « Il nous faut trouver un moyen... nous devons continuer ! »

Observant la cage d'ascenseur vide, votre commandant réfléchit. Il ne lui faut que peu de temps avant de parvenir à un constat simple, qu'il s'empresse de partager avec vous, encore à bout de souffle.

« - Nous allons poursuivre. Là où nous nous rendons, la Brume ne nous fera aucun cadeau. Nous pouvons toutefois utiliser le cristal d'Ofskir pour la repousser, mais il faudra agir à tour de rôle, tant cela s'avère coûteux. Je vous expliquerai à tous comment faire durant la descente. »

Il vous indique alors, du plat de la main, le monte-charge désormais opérationnel.
HRP:
Sam 4 Jan - 11:47



Laboratoire Demephor / Biosphère

Uhr 1901



Duscisio est en face d’Ofskir. Trop curieux et concentré à ce qu’il lui réponde, il n’a pas le temps de réaction d’apercevoir l’attaque explosive. Il est tiré par l’instinct d’Artemis qui le sauve à temps après avoir hurlé le nom de la créature. Il ne saura pas pourquoi ni comment. La seule chose qu’il retient est que les questions viendront plus tard au détriment de l’hostilité de cette déité stellaire. Artemis lui précise qu’il n’y aura pas de seconde chance. Dans ce cas, il ne lui reste plus qu’une chose à faire.


Duscisio retourne sa concentration dans le combat. La végétation abondante est un avantage non négligeable et il compte bien s’en servir. Son regard change et commence son rôle. Il ne s’agit pas de tout épuiser d’un coup. Être stratégique, économe et endurant. Pour cela, son environnement est parfait. Il tiendra un rôle de distraction pendant que les autres membres du groupe, quel que soit leur état, puissent contribuer à abattre leur ennemi commun. Cela se fait en silence et avec intelligence et endurance. Afin de le surprendre une première fois, l’une des plantes semble agir et pousser à grande vitesse pour bloquer le bras qui a vraisemblablement manqué de le tuer d’un geste. Les lianes d’herbes ne seront jamais assez solides pour le retenir bien longtemps, mais cela suffit à attirer son attention pendant de maigres secondes. C’est déjà bien suffisant, jusqu’à ce qu'elle soit explosée par ce pouvoir étrange. Aucun cristal à sa connaissance n’est capable de cela. Il s’est pourtant passionné par ces derniers, source de pouvoir venant de la Brume.
Libéré, Ofskir ne se verra laisser d’aucune seconde de répit puisqu'une autre plante, à l’opposé de la première, agrippe le bas de son corps pour l’exploser à son tour. Cela ne dure qu’une seconde de plus. Si le groupe a bien compris sa manœuvre, tout le monde devrait pouvoir s’accorder à un plan d’attaque.

Le premier ira jusqu’à utiliser une vitesse augmentée. La combinaison avec l’action de l’élémentaire est plutôt intéressante. Ne lui donnant aucun répit, Ofskir va devoir regarder dans toutes les directions pour ne pas se faire submerger. D’après ce que dit Ryker, ça ne sera pas la première fois qu’il affronte ce genre d’adversaire. Un rapide coup d’œil de Duscisio pour exprimer une courte surprise avant de se reconcentrer sur son rôle de distraction. Un bras est encore paralysé pendant une petite seconde seulement. Quel adversaire pénible.
Une plus grande tentative avec une plus grande plante. Cette fois, Duscisio utilisera une racine plutôt que quelques brins d'herbes. Malheureusement, il n’y a pas de grande différence, les explosions étranges générées par cet être stellaire sont très chaudes en plus d’être explosives. La chaleur laisse des traces indélébiles d’une brûlure bien plus forte qu’une flamme ou d’un coup de canon. Plus qu’un four, plus qu’un astre stellaire, si l'on peut s’accorder à ce que l’on ne sache pas à quoi le comparer.
Cependant, suite à l’explosion, certains membres du groupe ne sont pas dans son champ de vision. Prenons la jeune femme aux cheveux rouges. Où se trouve-t-elle ? Duscisio doit rester concentré sur leur cible. Se relâcher maintenant lui donnerait une opportunité de contre-attaque que l’on ne peut se permettre. Comment va-t-elle ? La seule chose que l’on aura à peine le temps de voir est un projectile métallique qui se plantera dans un arbre. Il l’a esquivé sans savoir d’où cela venait, l’égratignant au passage, trop distrait par Ryker et Duscisio qui le font tourner en boutique par une combinaison d’attaque végétale et métallique répétée.
Artemis, qui lui a sauvé la mise il y a quelques instants, s’occupera de ce projectile pour le lui planter en plein cœur qui tenait apparemment à être la source de son pouvoir. L’information est très bonne à prendre puisque Duscisio aussi va s’en servir. Sa distraction et l’information devraient lui donner un peu plus de facilité pour le diriger à leur avantage. Dans l’instant d’après, Duscisio se limite à deux plantes, deux branches d’arbres situées à chaque opposé pour l’immobiliser pendant quelques secondes de plus. Les arbres n’ont que faire d’une branche en moins. Ce qui sera bon pour la banshee de vouloir attaquer malgré ses blessures. Dans le même temps, des cicadines sont envoyées à Ofskir pour que l’éclat blanc qu’était le cristal tombât de sa main, que les insectes invoqués rapporteront à Aigrette qui s’en empare in extremis.

Panoptès profite de cet instant pour agir à son tour.
Son premier ordre est de l’attacher. Duscisio ne se laisse pas prier puisqu’il a déjà pour but de l’immobiliser. Dès les premières secondes, Ofskir se retrouve entravé à l’aide d’épaisses ronces dont les épines ne se font aucunement désirer puisqu'elles iront jusqu’à s’enfoncer par endroit dans le corps de cet être stellaire. Non seulement ce sera bien fixé, mais il n’aura aucun moyen de s’échapper. Coupées, les ronces resteront aussi longtemps que Duscisio le souhaitera. Finalement, la corde n’aura pas été très utile.
L’échange entre les deux ennemis se révélerait intéressant. Panoptès et Ofskir auraient un point commun : l’empereur. Duscisio ignore de quoi il parle, sauf le fait qu’il y a un grade au-dessus de ces deux-là. Quelles sont les chances qu’ils soient encore sur leur chemin ? Le chancelier veut parler avec lui encore une fois, mais aucun mot n’est échangé.

— Je n’ai pas de temps à perdre avec vos échanges silencieux. Dit-il d’un ton grave. Nous avons des blessés, revoyez vos priorités.

Ce n’est que la deuxième fois et cela l’agace déjà au plus haut point. Il n’a toujours pas confiance en lui. Surtout que même dans le béton, il n’aura pas été très utile sur ce coup-là.

Cela sonne la fin de cet affrontement.
Bien qu’envieux de tenir ce cristal divin, le premier réflexe de Duscisio est de chercher les survivants. Cela commence par Lue qui, inconsciente, ne peut appeler à l’aide et donc le cas le plus urgent. Alors que l’élémentaire la cherche du regard, il se dirige vers elle. Contraint de constater qu’elle est dans un très mauvais état, Mael aussi demande des soins. Il n’a que peu de potions et Lue est dans un état critique. Il se détourne légèrement d’elle pour donner une potion de sa fabrication qui sort de son sac spatial. Le cristal de spatiokinetie s’était une fois de plus allumé discrètement sous sa cape pour y extraire deux potions.
Celle donnée à Mael est assez banale, Duscisio se contente de lui dire :

— Buvez ça. Dit-il sagement. Ça calmera la douleur le temps que je m’occupe de la jeune femme.

Il est moins agressif depuis la disparition de l’amélioré. C’est plus agréable.
L’autre potion est la même proposée à Ryker un temps plus tôt. Non comptant qu’il est refusé, l’état de Lue laisse l’épaule percée de Ryker pour une égratignure. La jambe en moins, son bras et sa jambe gauche gravement brûlés, la potion dans ses mains se révélera divinement utile.

— Je ne peux pas laisser une si belle jeune femme dans un tel état…

La belle pensée se confond avec l’urgence de son état. La potion ouverte avec un pouce tandis que l’autre bras la maintient pour lui faire boire la potion rouge feu qui ne mettra pas longtemps à agir puisque les brûlures disparaissent les premières, puis la jambe droite repousse lentement. Il lui faudra quelques minutes pour reprendre ses esprits. Pendant ce temps, Duscisio restera à son chevet, la maintenir dans une position confortable. Une fois réveillé, l’élémentaire laissera son côté charmeur agir. Un petit sourire pour bien montrer qu’il est son sauveur et une douce voix pour connaître son état de santé malgré la blessure.

— Vous êtes tiré d’affaire.

Il lui laissera le temps de réagir à la guérison miraculeuse. Elle qui était aux portes de la mort retrouve un corps complètement guéri. Il va lui falloir un peu de repos malgré tout, mais ils n’auront que le temps de soigner tout le monde avant de repartir. La Biosphère a beau être dépourvue de Brume, ils ne sont pas en sécurité ici. Ce qui est dommage. Duscisio lui-même aurait besoin de se nourrir de certaines plantes pour retrouver quelques forces. Avant ça, il faut s’occuper du prochain patient. Qu’elle puisse se maintenir ou non, Duscisio déposa l’aventurière rousse allongée sur l’herbe.

— Reposez-vous le temps que je m’occupe des autres.

Mael est le suivant. Lui qui n’a eu pour l’instant qu’un calmant qui a dû faire un peu effet, va devoir souffrir encore un peu. Il claquera des doigts deux fois pour attirer son attention et éviter qu’il s’évanouisse à cause de la douleur. En silence, il traite son aile cassée.

— Je n’ai rien pour votre aile cassé. Il va falloir me faire confiance.

À l’instant d’après, son bras n’a plus rien d’humain. Les nombreuses ronces qui constituent son bras s’éparpillent pour enrouler la partie cassée. C’est une attelle bien grossière qu’il fabrique. L’érudit arrive à sentir les quelques épines qui parcourt la peau, des ronces qui se solidifient en s’entremêlant dans une torsade pour augmenter sa solidité. La prolongation de son bras est séparée du reste. Reconstituant son membre végétal avant de reprendre forme humaine, il conclut :

— Il est préférable de ne plus le bouger pendant quelque temps.

Une simple attelle. Il se garde de dire qu’il possède une autre potion. Mais son cas est assez classique. Une aile cassé peut se passer d’une potion comme celle qui a soigné Lue. Et de toute manière, il ne compte pas l’utiliser dans l’immédiat.

L’aventure est loin d’être terminée. La Brume revient depuis que le Cristal divin n’a plus son propriétaire d’origine. Duscisio sait qu’ils n'ont que peu de temps et il en profitera pour absorber un maximum de plante. Ne sachant pas si elles seront condamnées ou non, il n’absorbera pas la totalité d’une plante, d’un arbre et d'autres végétaux à disposition. Le tout étant de retrouver ses forces après le combat qu’il a mené. On pourrait même dire qu’il s’empiffre volontiers puisqu’il fait un peu plus de fleurs que d’habitude. En même temps, avec cette première partie, se retrouver assez passif le pousse à se préparer plus sérieusement pour la suite des événements. Celles qui lui servent de « batteries », pour ceux qui l’ont remarqué, se trouvent être actuellement celles qui sont un peu bleues. Faute au myste qui le corrompt, ses belles roses blanches ne sont plus aussi parfaites qu’il le désirerait. Rien que de se le rappeler, l’élémentaire laisse échapper un instant de colère avant de retourner voir le reste du groupe une fois calmé, laissant un parterre flétrit derrière lui.
Leur temps ici est écoulé. La question que Duscisio avait posée avant leur affrontement a enfin sa réponse. Seulement, ce n’était pas un contrôle comme il le pensait. Ofskir, ne faisait que l’éloigner grâce à son cristal. Une déception sur le visage de l’élémentaire qui continue de suivre la conversation.
C’est en expliquant vaguement comment que le chancelier propose au gobelin d’essayer avant qu’elle ne tombe à genou. L’être stellaire essaie de se rendre indispensable, mais Panoptès ne veut rien entendre. Si bien que Duscisio le rejoint cette fois en resserrant le lien des ronces.

— N’espérez pas vous en tirer avec ses excuses. Répond Duscisio visiblement frustré que le cristal n’apporte pas ce qu’il cherche. Au premier signe…

Il ne terminera pas cette menace. À vrai dire, il ne sait pas vraiment si le tuer ne leur apportera un manque d’informations qui peuvent leur être utiles. Néanmoins, elle est bien réelle. S’il faut le tuer pour éviter d’avoir de graves ennuis, il ne se gênera pas.

Leur route continue. Devant l’ascenseur, le chancelier à bout de souffle partage ce qui va suivre. La Brume n’était déjà pas très tendre avec eux et cela continuera de s’aggraver, d’où le fait de soumettre l’idée d’utiliser le cristal à tour de rôle en expliquant comment faire. Duscisio ne se portera pas volontaire pour le premier tour, ni le deuxième d’ailleurs. Il préférera se garder le rôle de protecteur que Ryker lui a confié pour le moment. De plus, il doit surveiller l’état des deux blessés. Il n’est pas médecin, encore moins un humain. Lue aura beau avoir été totalement soigné, Mael a une aile cassée. Pas sûr qu’il soit complètement opérationnel si un autre combat a lieu. Ce rôle lui sied parfaitement.

Résumé:

Mar 7 Jan - 0:47

Générosité / nouvelle mission

Quelqu'un à des chaussures en trop ?


Dans l'obscurité, un déferlement de chaleur vint ramener Lue vers la surface. Une chaleur réconfortante, loin de la brûlure qui avait tiraillé ses nerfs et sa peau, arrachée son membre. Ses yeux s'ouvrirent doucement après de longues minutes d'efforts pour découvrir le visage de l'albinos planté au-dessus d'elle, souriant. Les souvenirs remontèrent brutalement, l'explosion, la dague, la douleur, la mort. Elle n'était pas morte. Pourquoi ? À ses mots, la rousse remarque le flacon vide dans sa main libre, puis revient à son visage. Sans ses traits tirés et son agacement apparent, il semblait presque quelqu'un d'autre, quelle magie avait donc opéré ce changement ? L'Opaline ne réagit pas tout de suite à sa déclaration, trop concentrée sur la gentillesse qui émanait de lui et qu'elle n'avait pas remarqué jusque-là, sonnée par trop d'informations, perplexe et curieuse.

Ce n'est que lorsqu'il se leva en la déposant dans l'herbe qu'elle sentie les brins chatouiller ses orteils et réalisa. De nouvelles larmes dévalèrent ses joues, de soulagement cette fois, mais aussi d'incrédulité. Comment ? Elle voulut le remercier, mais n'en eu pas l'occasion, déjà, il s'affairait à aider un autre membre du groupe. En voyant l'état de l'aile de Mael, Ofskir se rappela à sa mémoire. L'être mystique était prisonnier d'un étroit lien de ronces. Ils avaient réussi, ils l'avaient vaincu. Mais à quel prix ? Lue se hissa sur ses jambes encore tremblantes pour observer les autres. Elle se sentait revigorée, mais le contre-choc l'assommait un peu, comme si son corps avait brusquement donné tout ce qu'il avait pour revenir à son état précédent et qu'il devait à présent se reposer.

La conversation entre Panoptès et la déité attira son attention. Elle semblait lointaine, la rousse due se concentrer pour que le bourdonnement devienne compréhensible. Il leur expliqua que son cristal - quel cristal ? Oh, celui que le Chancelier tenait et qui lui avait visiblement appartenu - permettait de condenser la Brume et ainsi de progresser sans souffrir de son influence néfaste et perverse. Voilà qui était intéressant. La démonstration de l'Hespéride calma toutefois les ardeurs de la jeune femme, le procédé demandait visiblement beaucoup d'énergie.

Les mots d'Ofskir la frappèrent une nouvelle fois. Ainsi, leur leader possédait un cristal divin ? Ceux-là même qu'on disait capable des plus grands exploits... Elle repensa à sa fusion avec le bâtiment, sa taille titanesque. Oui, aucun doute, il devait s'agir du genre de miracle que ces artefacts pouvaient produire. Peut-être l'énergie déployée par cette transformation l'avait elle épuisée plus que de raison ? Peut-être que quelqu'un d'autre... Non, le combat les avait tous épuisés, la Strigoi le voyait bien. Ils en étaient tous au même point.

La cage d'ascenseur s'ouvrit sans même grincer, comme si le temps n'avait eu aucune emprise dessus. Lue se mit en marche vers celui-ci, récupérant sa dague abandonnée au sol, non loin du dieu immobilisé qui rongeait son frein, en espérant qu'elle avait été utile. La différence de hauteur entre sa botte et son pied nu perturbait son équilibre, elle ôta donc celle-ci et la laissa sans un regard en arrière. Ce n'était pas bien gênant tant que le sol restait... Normal ? Y avait-il des choses normales autour d'eux ? Pas vraiment. Mais elle n'avait pas bien le choix de toute façon. Son pas léger devint parfaitement silencieux sans la présence des épaisses semelles. Elle se planta devant Panoptès et tendit la main avec assurance en déclarant sans avidité, crainte ni dégoût :

- Laissez-moi essayer, je me suis reposée suffisamment et mon corps est remis grâce aux soins de Duscisio.

L'objet froid et intimidant se mit à luire dès qu'elle mit en application les explications du Chancelier quant à son utilisation. Le procédé demandait toute sa concentration, mais semblait fonctionner. Lorsque la porte se rouvrit après la descente, ils découvrirent un espace sur lequel le temps n'avait pas d'emprise. Pas un grain de poussière, pas une fissure, aucune marque des années qui s'étaient écoulées... La Brume avait des effets absolument incroyables, et s'épaississait d'ailleurs à vue d'œil, demandant à la rousse de plus en plus d'efforts. Le ronronnement d'un engin au loin malmenait son attention, mais ce furent les traces de pas ensanglantées qui attirèrent son regard. Voilà qui ne disait rien qui vaille.

Ils avancèrent en suivant la piste glauque. L'odorat de la rousse était en alerte, mais la fragrance était déjà amoindrie, signe que ça remontait à au moins une heure, peut-être deux. Un élément perturbant attira son regard en hauteur et Lue eu juste le temps de voir un corps bizarrement déformé disparaître dans la texture du plafond.

- Qu'est-ce que c'était... ? Souffla-t-elle épuisée en désignant l'endroit où la chose s'était trouvée. Il faut que quelqu'un prenne le relais, je ne vais pas tenir plus longtemps, ajouta l'Opaline, très pâle, car elle avait forcé, honteuse de n'avoir pu participer au combat et d'avoir en plus demandé des ressources qu'elle n'estimait pas mériter.

Résumé:

Jeu 9 Jan - 13:53

Voyage au centre de la Brume

Acte I - Event III

Maël brûlait.

Non pas de douleur. Tout en lui se consumait face à ces questions sans réponses. Il n’aimait pas l’ignorance. N’aimait pas que le Chancelier lui ait caché tant de choses, même s’il n’avait que peu de leçons à donner, à la vue de ce que lui-même cachait. Pourtant, il brûlait, non pas de colère, mais plutôt d’envie, convoitant les secrets qui s’écoulaient au compte-goutte de la bouche de Panoptès. D’Aleksander, devrait-il dire. Maël observait Ofskir avec intensité, trop fatigué pour puiser dans son cristal d’hypermnésie, lorsque Duscisio s’approcha de lui. Ses compétences de guérisseur étaient indéniables. L’antidouleur qu’il lui avait donné avait réussi à apaiser la douleur de son aile et de lui éclaircir l’esprit et la jambe de Lue avait repoussé, aussi miraculeusement que si elle avait possédé le cristal de Jessamy. La Tartare semblait complètement remise, bien que légèrement secouée. Ainsi, Maël n’eut aucune crainte lorsque l’élémentaire s’approcha pour lui constituer une attelle. Il l’aida de quelques indications à propos de son anatomie particulière, mais l’expérience du mystifié était indéniable. Il posa la main sur son bras, le remerciant avec une sincérité empreinte de gravité. La présence d’un guérisseur parmi eux était plus que précieuse, qu’il soit ou non manipulée par le Magistère.  

Le sommeil l’appelait avec force. Il savait qu’il ne devait pas dormir, pas après avoir reçu un tel coup sur la tête, encore moins en étant au sein de la dangereuse Zénobie. Ouvrant une pochette dissimulée, il en sortit une petite fiole bleue qu’il but d’un coup. Un frisson le parcourut et il sentit l’énergie se propager de son ventre à ses extrémités, le revigorant instantanément. Comme s’il s’agissait d’un instinct, il réactiva son hypermnésie, observant la confrontation entre ces deux êtres d’un autre temps. Un cristal divin. Ainsi, Ofskir l’avait toujours gardé en sa possession, même après avoir servi les grigoris ? Était-il possible qu’il ait également incarné un dieu panthéiste ? Après tout, il était désormais connu que les Douze n’avaient été que les possesseurs des cristaux divins. Et Panoptès... selon les préceptes panthéistes, c’est Uhr qui avait planté le Châtaignier pour protéger l’enclave de la Brume, s’y incarnant pour offrir sa protection au monde. Le temps avait fait des histoires religieuses des légendes, mais cela faisait un moment que Maël se doutait que la vérité s’y dissimulait. Se pouvait-il...

Il n’avait pas le temps de réfléchir davantage. La Brume avait-elle déjà été aussi compacte ? Il observa Aigrette avec intensité, brûlant lui aussi de ressentir toute la puissance de ce cristal qu’il tentait de maîtriser. Le gobelin parvint à chasser la Brume, mais l’effort était visiblement très important. La sueur perlait sur son front et rapidement, Lue, visiblement revigorée, proposa de prendre le relais. Il en serait donc ainsi. Un à un, ils s’épuiseraient pour continuer. Cela ne lui disait rien qui vaille... mais le grigori n’avait pas d’autre solution à proposer. Jamais il n’avait vu une Brume aussi dense, et il avait cette impression qui pulsait en lui et qui lui disait que d’y mettre le pied serait pire que la mort. Et Maël avait depuis longtemps appris à écouter son instinct. L’ascenseur les avait menés à un couloir on ne peut plus dérangeant, et il fallut quelques secondes à Maël pour comprendre : ici, tout était immuable. C’était comme si cet endroit avait été construit hier, alors qu’il avait certainement des milliers d’années. Un silence de mort les englobait dans une ambiance lourde que même le caractère candide du grigori ne parvenait pas à effacer.  

Son regard fut attiré par un mouvement au plafond, et il frissonna en rencontrant le regard vide d’un être humanoïde qui les dévisageait, suspendu au-dessus d’eux. Il était vêtu des vêtements caractéristiques de leurs ennemis, abordant ostensiblement le symbole du Cercle. Il ne put toutefois l’examiner davantage, car il s’enfonça dans le plafond, qui était visiblement beaucoup moins tangible qu’il ne paraissait. Le grigori étouffa un juron. S’il était possible pour ce miroitant de s’y enfoncer, alors que dire des risques que quelque chose de pire encore leur tombe sur la tête ? Cependant, il y avait plus inquiétant. Des volutes de Brume avaient commencé à leur chatouiller les orteils, et la jeune femme en possession du cristal appela bientôt à le laisser à un autre porteur. Présent à ses côtés, Maël tendit la main avec gravité pour prendre sa suite. Dès qu’il entra en contact avec le cristal, le diplomate comprit qu’il n’avait rien à voir avec les cristaux qu’il possédait déjà. Celui-ci recelait une puissance incommensurable, détenteur, il en était certain, du début et de la fin du monde. Puisant bien plus lourdement dans ses réserves qu’il ne l’aurait cru nécessaire, il activa le cristal tout en tentant de comprendre son fonctionnement.  

Concentré sur sa tâche, le grigori suivit le groupe sans trop s’attarder sur ce qui l’entourait, conscient de l’importance de son rôle actuel. Bientôt, toutefois, il comprit qu’il devait passer le flambeau. Il se manifesta, et remit le cristal à sa prochaine victime. Visiblement, ils se rapprochaient de leur cible. Bientôt, le Mandebrume serait devant eux. Étaient-ils prêts pour cet affrontement ? Parviendraient-ils à déjouer les plans de cet homme qui avait réussi à manipuler l’entièreté d’Uhr pendant des années, parvenant à ses fins sans même s’inquiéter d’être suivi au sein de Zénobie ? Un homme, s’il en était un, qui était parvenu à trouver en Ofskir un allié ? Il jeta un œil vers le dieu, toujours entravé par les liens végétaux. Ce dernier était parvenu à duper les plus grands rois et avait été au cœur des décisions les plus dévastatrices de ce monde. Pourquoi les aidait-il aujourd’hui ? Maël était convaincu qu’il ne servait que ses propres intérêts. Mais qu’étaient-ils ?

Résumé:
Ven 10 Jan - 15:25

Fracas de chair et de lumière.
La douleur dans sa poitrine irradie, alors que la déité y plonge ses phalanges. Ses mots se font poignards que Jessamy n’a pas le temps de ressentir : l’obscurité s’est abattue sur elle plus vite qu’elle n’a fondu sur sa proie. Les yeux plus gros que le ventre. Par réflexe, son corps expulse une gerbe de sang mystifié, qui s’échoue sur le derme déjà souillé. Elle ignore qu’il a tenté de lui dérober ce qui la ramène derechef à la lumière. Sa petite carcasse échappe à Ofskir presque en même temps que son cristal, pour s’échouer sur le sol dans un bruit mat.

Jessamy ouvre les yeux. Se déplie à la manière d’un insecte s’éveillant, pour parcourir la scène de guerre du regard. Cligne des yeux en remarquant la jambe de Lue, rendue telle quelle à sa propriétaire. Constate avec douleur l’aile brisée de Maël, retenue en attelle par le savoir de l’élémentaire aux cheveux piqués de roses, son image de diplomate ébréchée. Relève la tête, bouche entrouverte devant le miracle de Panoptès, la peau changée en pierre. Est-ce là le pouvoir d’un hespéride ? Ou tire-t-il cela d’une autre source ?

La mutante se relève, jetant un regard mauvais à celui que Maël surnomme l’Oreille des rois, vaincu et entravé. Elle s’empare de la cape abandonnée et de sa canne, avant de rejoindre le groupe clopin-clopant. Les révélations d’Ofskir la laissent coite : le Chancelier possède bien un pouvoir divin, aussi impressionnant que le sien, mais insuffisant pour supporter le fardeau du prétendu dieu. Au moins cinq artefacts disséminent leurs dons miraculeux, et trois se retrouvent ici même. Celui du Mandebrume les rejoindra, si leur traque parvient à terme. La perspective la fait frissonner, alors que le cortège se remet en route avec leur étrange prisonnier.

La Banshee se niche dans l’ombre de Maël, à quelques centimètres des plumes noires qui semblent s’allonger sur le sol. Si sa blessure effrite leur majesté, elle se sent davantage rassurée en leur présence. L’odeur du sang frais lui imprègne le nez, et n’est pas sans lui rappeler le sillage du Mandebrume. Pour leur montrer qu’ils sont sur la bonne voie, il n’a fait qu’égrener des indices macabres, comme pour les pousser à rebrousser chemin.

Le pouvoir d’Ofskir est confié en premier à Lue. Jessamy l’observe, évaluant l’évolution de son mal-être à mesure que le cristal lui ponctionne son énergie. Elle pince les lèvres. Cela l’écorche de l’admettre, mais Ofskir a raison : ce pouvoir-là prend trop de place en leurs fragiles écorces. Elle espère que la solidarité prônée par Panoptès le mettra en déroute une fois de plus, dans cette Brume épaisse qui fige même le temps.

Son attention attirée vers le haut, Jessamy pince les lèvres.

« Un miroitant., glisse-t-elle. Il y en avait à Dainsbourg aussi. »

Alors que la créature se fait avaler par le plafond, le souvenir de la horde de corps décharnés aux mouvements grotesques lui arrache un rictus dégoûté. Pourvu que celui qui les toise de là-haut soit le seul. Pourvu qu’il soit effrayé par le pouvoir qu’ils démontrent en ce moment-même, celui-là même qui passe entre les mains de Maël. Tout Grigori millénaire qu’il soit, l’homme ailé finit lui aussi par abdiquer. Naturellement, la main griffue de la mutante s’empare du cristal de pouvoir. Elle l’a vu siphonner l’énergie de Panoptès ; ce qui pulse contre son thorax ne l’aidera peut-être pas à endurer ce poids.

Alors que sa senestre tient fermement le cristal d’Ofskir, son énergie se répercute dans tout son corps. Elle avance. Se concentre sur les heurts de sa canne contre le sol. Tac. Tac. Tac. Le son cogne à ses tempes comme les battements lents de son cœur. Elle avance. Quelque chose commence à enserrer ses poumons. Par réflexe, Jessamy regarde autour d’elle à la recherche d’une ombre, mais seule la Brume rampe à ses pieds, ses volutes ceignant ses chevilles fatiguées. Inutile d’insister : voyant la fin arriver, la Banshee décide de passer le flambeau.

« Fais attention. Gardons de l’énergie pour le Mandebrume. », fait-elle en glissant doucement le noyau dans les mains du prochain.

Résumé:
Sam 11 Jan - 0:47

Fin du massacre. Du moins, pour le moment. Grâce à une combinaison exceptionnelle de tous les membres de cette équipe, le dieu – trop prétentieux – s’était fait surprendre et subtilisé son pouvoir, le rendant ainsi moins dangereux et neutralisable. Ensemble, après avoir réalisé quelques soins auprès de certains, ils prirent la route en direction d’un monte-charge. Le temps d’un instant, une douce accalmie régna dans les alentours. Ils descendirent et s’enfoncèrent davantage dans les bas-fonds de l’enfer. Artémis en profita pour repenser à cet affrontement passé face à un dieu. Sans l’aide de son bras maudit, Duscisio serait mort. Lue avait perdu une jambe, qu’elle avait fini par retrouver grâce à une potion. Maël avait une aile endommagée. Olaf dormait sur son épaule. Ryker n’était au mieux de sa forme, même s’il en avait l’habitude. Jessamy avait déjà ressuscité deux fois. Par ailleurs, s’ils finirent par survivre à ce combat, le vagabond remarqua tout de même qu’Ofskir s’en sortit sans le moindre dégât. Leur seule chance vint de la négligence de ce dieu qui n’imaginait pas un seul instant perdre contre des mortels et leurs cristaux d’enfant. Tant d’énergie, tant de manœuvres déployées pour un résultat si ridicule. Pour la première fois depuis le début de cette expédition, un léger doute traversa l’esprit de celui qui était pourtant habitué aux missions impossibles. La mort pouvait frapper à tout moment.

L’utilisation successive du cristal marquait immanquablement chacun des utilisateurs. Force était de constater que les mots d’Ofskir n’étaient pas des mensonges. De simples mortels ne pouvaient user de ce pouvoir à leur souhait. Ce monstre l’utilisait presque à sa guise. L’homme aux cheveux d’albâtre fut sorti de ses songes par leur arrivée dans une immense salle, ou plus précisément par le vrombissement qui venait probablement de l’aile opposée. Très étonné par l’aspect conservé de ce lieu, il se demanda si son amie brumeuse n’était pas derrière tout cela. Son odorat, puis simplement ses yeux, détectèrent rapidement les traces de sang qui menaient à l’ascenseur. Des personnes étaient arrivées avant eux et avaient connu un sort funeste. En prenant soin de ne pas faire tomber Olaf de son dos, le Portebrume s’agenouilla et utilisa son cristal de Cognition pour lire à travers les traces de sang. Aussitôt plongé dans un souvenir, il vit des bottes courir jusque dans l’ascenseur. Cela ressemblait à une fuite. Que fuyait-il ? Une flaque de sang attira son attention, des gouttes perlaient encore du plafond. Un corps suspendu s’y trouvait, le visage horrifié sur un visage complètement déformé. Ce même visage le regardait, lui, Artémis, pourtant simple voyageur temporel et inexistant : un Miroitant. Ce dernier lui adressa un message : « Il sait... que... nous... sommes làààààààà. ». Sa bouche s'ouvrit, s'ouvrit et s'ouvrit... jusqu'à ce que son visage se déchirât. Aucune trace du meurtrier. Lorsque le vagabond revint dans le monde réel, il leva immédiatement la tête et le cadavre suspendait toujours au mur. Artémis en informa ses camarades qui observèrent la scène : le miroitant disparut à travers le mur. Il leur dévoila également le contenu du message laissé par la monstruosité.

Ils continuèrent leur visite en suivant la piste des traces de sang. Celles-ci menèrent à proximité d’une porte. Le mur aux alentours est couvert de sang. Le vagabond se sentit soudainement mal à l’aise. Il y avait vraiment beaucoup trop de sang à côté de cette porte. Puis il songea aux bottes qui couraient vers l’ascenseur. Le Chancelier annonça alors que le premier portail vers les Limbes se trouvait derrière cette porte. Ce fut également par cet accès que passèrent le Mandebrume et ses hommes. On pourrait être tenté d’ouvrir cette porte et de continuer la traque. Mais même un grand chasseur tel que Loup Blanc dut s’arrêter. Pourtant, sûr de lui, le Chancelier posa la main sur la poignée de la porte. Ce fut à cet instant qu’Artémis se rappela brutalement des paroles du petit garçon de la brume : « vous serez aussi absorbés. »

« CHANCELIER ! STOP ! », tonna-t-il pour la première fois depuis le début du voyage, en le saisissant par l’épaule. « Ressaisissez-vous, bon dieu ! N’avez-vous pas écouté ce que je vous ai rapporté plus tôt ? Ouvrez cette porte et nous serons absorbés. Nous compléterons ces traces de sang. », conclut-il en adoucissant cette fois-ci sa voix. Ryker se tenait également à ses côtés, tentant d’arrêter Panoptès dans sa folie.

« Il y a de la Brume, là. Je peux la sentir, dans les conduits. »

Tout le monde se retourna. Chancelier comprit. Un autre évènement survint, comme pour définitivement convaincre le vieil homme de renoncer : le retour d’Olaf. Artémis sourit en le revoyant sur ses pattes. Pendant que le tout le groupe s’était concentré sur la porte, ce dernier s’était remis sur ses pieds, douloureusement, puis avait entreprit de déplacer des dalles du faux-plafond. Il pointa du doigt un tuyau en zinc, au-dessus du plafond, qui continue vers la pièce devant laquelle se trouvait la petite troupe. Aigrette ajouta, en marmonnant, qu’il s’agissait d’un piège. Soulagé, le Portebrume souffla lentement pour retrouver son calme. Voilà bien longtemps qu’il n’avait pas été aussi nerveux. Il inspecta la porte une dernière fois, quelques instants, imaginant dans son esprit ce qui aurait pu les attendre de l’autre côté. Intérieurement, il remercia le petit garçon qui lui avait délivré ce message, qui les avait très certainement sauvés. Mais tout était encore à faire. Le danger, plus présent que jamais, les guettait à chacun de leurs pas. S’ils pensaient s’en être tirés, l’avenir leur rappellera bien rapidement que ce n’était pas fini.


Résumé:
Hier à 2:59

Les traces du passé

La Brume, ça vous gagne.


Le combat avait été aussi violent que rapide. Entre les explosions et les coups, Ryker avait vu passer le monde à un cheveux de sa fin plus d’une fois et n’avait dû qu’à son expérience de ne pas finir comme la malheureuse Lue. Ofskir était un adversaire redoutable, et il prit petit à petit l’ascendant sur le groupe. Vif, implacable. Il semblait danser au milieu d’eux, se gausser de leurs gestes désespérés et riait lorsqu’il relâchait ses boules explosives. Mais il ne faisait pas le poids. Contre eux, contre leur complémentarité. Contre la rage qu’ils avaient au ventre. Il hurla à Artémis de venir l’aider, chargea le Dieu pour tenter de lui rendre la pareille. Puis encore une fois, il se joua d’eux, et le monde se teinta de dizaines de points lumineux. Le bois contre son dos, la terre qui crissait sous ses dents. Un goût de fer, de sang. Par le feu et la douleur, la biosphère s’était changée en une forêt décharnée. Le Patrouilleur se releva tant bien que mal, tituba pour reprendre son épée à deux mains mais face à Ofskir se tenait la Banshee. Ses ailes déployées, elle le toisait tandis que Maël courait vers eux, fer au poing. Panoptès achevait d’enserrer le Dieu dans sa poigne démesurée. Ryker s’appuya contre ce qu’il restait d’un arbre pour encaisser la vague de souffrance qui vint après l’usage du cristal d’hypervélocité. Ses muscles avaient été soumis à un régime inhumain, son corps était contorsionné dans des espaces improbables. La langueur faillit le cueillir, mais il sentait encore les relents du breuvage qui lui avait permis de tenir suite à ses blessures dans le bus.

- Je m’en occupe, Chancelier. répondit le Patrouilleur en tirant une corde de son sac, puis il s’affaire à attacher le Dieu sans lui adresser la moindre parole.

Il cherchait les replis dans sa chair inhumaine, la contorsion de ses articulations improbables. Cette chose était … était. Il écouta d’une oreille attentive Maël qui parlait de choses qu’il ne connaissait que de loin, comme lorsqu’ils avaient exploré le fort ensemble. Il laissa le Chancelier menacer l’être séculaire, le cours des choses se faire. Il ne pipa mot lorsqu’Ofskir souleva le cristal divin du Chancelier, mais glissa en silence sa main sous son gambison. Ces cristaux divins étaient … Le Patrouilleur soupira. Cela ne les rapprochait pas de leur objectif : le Réplicateur.

- Je prendrais mon tour quand nécessaire, il me faut juste le temps de me remettre un peu du combat. Ce n’est pas le premier cristal divin que je croise, et je sais que leur usage prélève un coût … immense. répondit-il lorsqu’il suivi Panoptès dans le monte-charge.

Il fit avancer Ofskir avec eux et adressa un regard à Jessamy et Artémis. Ils avaient eu tous les trois la même lettre, assez éloignée de ce que Lewën aurait pu faire. Avec ce qui venait de se passer durant le combat, il y avait fort à parier que Jessamy cesserait de leur cacher ses talents et son cristal … Ce qui faisait la modique somme de trois cristaux assemblés ici, en un espace restreint. Ryker regarda l’étrange objet glisser entre les mains des autres membres du groupe. Tant de pouvoirs … et le Magistère avec sa sale main dans tout ça. Il frémit lorsqu’il pensa à nouveau à ce lien maudit entre Panoptès et Higgs, à ce qui était arrivé à Duscisio. A la tentative d’assassinat dont le Patrouilleur portait encore les séquelles. Ils descendirent ainsi par l’ascenseur, dans les vestiges antiques de cette cité oubliée. Un temps qui leur permis de souffler, pendant que Lue s’accommodait d’être la première à user du cristal. Ryker eut un léger réflexe vers son arme mais il se ravisa lorsqu’il mira ses jambes nues, et les traces de sang qui la maculaient encore. Elle n’était peut-être pas comme Jeremiah … peut-être pas … mais au moindre faux pas …

Ils arrivèrent dans une zone un peu délabrée, engoncé dans un métal gris et des murs tout aussi sinistres. Quelque chose qui rappelait Epistopoli aux souvenirs de Ryker, mais surtout les ruines. Pourtant, cet endroit était comme figé dans le temps. Il continua de faire avancer Ofskir d’un geste brusque, son épée toujours à la main. Il laissait ses oreilles le guider et prendre les devants, tandis que le groupe avançait. Ce fut au tour de Maël de prendre le cristal. Il s’avança et parvint à créer des dépressions similaires à celles de Lue, dans lesquelles des bulles de Brume s’engouffraient pour disparaître. Il ne comprenait pas trop ce qui se passait, mais c’était comme un trou qui aspirait la Brume. Cela lui suffisait. Un léger bruit attira son ouïe, quelque chose qui bourdonnait au loin. Le Réplicateur ? Ryker transmit ce qu’il percevait, mais les yeux de ses alliés étaient rivés au plafond : quelque chose en dépassait. Une silhouette. Grotesque, déformée. Qui s’engouffra dans le plafond pour y disparaître. Il opina du chef lorsque Jessamy en révéla le nom. La banshee avait pris le relais du cristal. Ils avançaient, se rapprochaient de leur but. Ils suivaient une piste de sang.

Des traces qui pouvaient ressembler à des pas, qui suivaient un chemin comme si plusieurs individus aux pas maculés s’étaient rués dans leur direction. Artémis semblait perturbé. Ryker retint la corde du Dieu, le ramena devant lui sans douceur. Ce dernier le mira d’un air goguenard, tandis que la petite troupe continuait d’avancer. Au fond de la pièce, d’où la Brume venait d’être chassée par une Jessamy qui passait déjà le cristal au cobaye suivant. Ryker confia la corde à Olaf et s’avança pour prendre à son tour le fardeau, un peu rasséréné par les quelques minutes de répit. Ils se dirigeaient vers une porte elle aussi teintée de sang. Mais il n’y avait pas de cadavres. Panoptès s’avança, les épaules lourdes. Il inspira.

- La voici. Le premier portail vers les Limbes. Celui ouvert par le Mandebrume il y a plus de 2000 ans. C’est aussi par-là que le Mandebrume et ses hommes sont passés. murmura-t-il avant de s’emparer de la poignée.

Le Patrouilleur laissa sa main en suspens vers celle de Jessamy, pris d’un frisson dans le dos. Le sang, la Brume. Artémis semblait … perdu.

- Chancelier ?

La Brume commençait à déjà à refluer derrière eux, à envahir le couloir que la Banshee s’était donné du mal à vider. Ryker s’avança vers Panoptès, fit signe à Jessamy d’attendre. Toujours ce bruit étrange de l’autre côté de l’aile dans laquelle ils étaient, qu’il percevait à l’aide de son ouïe surdéveloppée. Un bruit sourd, régulier. Continu.

- Chancelier, j’entends du bruit là-bas. Quelque chose de fort.

Panoptès ferma ses doigts sur la poignée. Commença à la baisser. Il ne semblait pas entendre, pas prêter attention à Ryker. Dans un sursaut inquiet, ce dernier posa sa main sur la porte pour l’empêcher de coulisser. Il affronta du regard le Chancelier.

- Écoutez votre équipe, Chancelier : il nous faut un front uni face au Mandebrume et nous ne pouvons surveiller à la fois nos arrières et le chemin qui nous attend... surtout si nous allons bien dans les Limbes. Ne refaites pas la même erreur qu'Alexander. Le pouvoir du Hulule nous a guidé vers le Réplicateur. Ne nous précipitons pas dans un endroit pire encore, j'aimerai avoir l'expertise de ceux qui sont là depuis le tout début si vous le permettez. Artémis et Jessamy vos pourriez …

Le loup blanc surgit alors derrière eux et attrapa le Chancelier par l’épaule en lui hurlant dessus. Ryker sursauta et faillit marcher sur Olaf qui venait de se relever à côté d’eux, porté depuis le début par ceux qui n’avaient pas le cristal. Il se massait la tête, ses dents semblaient avoir subi du dégât suite à leur combat, à moins que ce ne fut que la première fois que Ryker prenait le temps de le dévisager sans s’offusquer de l’odeur. L’homme-taupe pointa les conduits qui couraient en haut de la pièce, une sorte de tuyau.

- Il y a de la Brume, là. Je peux la sentir dans les conduits. leur révéla-t-il de sa voix rocailleuse et caverneuse.

Il indiqua le faux-plafond qu’il venait de déchausser et le tuyau dont s’échappait quelques filins de Brume.

- C’était un piège … marmonna Aigrette, le cristal de Jessamy entre les mains.

Le gobelin s’était substitué au Patrouilleur pour faire refluer la Brume pendant qu’il tenait le Chancelier avec Artémis. Le bourdonnement était toujours présent. Ryker soupira, relâcha Panoptès. Il révéla sa main gantée, d’un étrange objet. Un gant de Lustra, pour ceux qui en avaient l’habitude. Il était un habitué des petits grigris en tout genre, mais celui-ci devait faire écho à merveilles pour le loup blanc avec leurs dernières aventures.

- Par ici, je prends les devant. J’entends … commença-t-il les yeux fermés, des bruits de pas ?

Il fronça les sourcils, indiqua qu’il passait devant arme au clair et entama de s’avancer dans l’autre aile, suivi du petit groupe. Il prit la tête de l’exploration, laissa aux autres le soin de gérer Ofskir et le cristal. Il s’avança de l’autre côté de la pièce, jusqu’aux abords de la Brume. Le Patrouilleur s’adossa à une cloison. Il y avait là des êtres vivants, en effet. Des bruits de pas qui semblaient les éviter. Même s’en aller alors qu’ils venaient de s’engouffrer dans cette nouvelle aile. Comme s’ils savaient qu’ils étaient là, mais qu’ils cherchaient à les éviter. Ryker fit signe à Olaf de le rejoindre en silence, toucha son nez pour lui faire comprendre qu’il aimerait qu’il use de son flair pour lui en apprendre plus. De même, il fit signe aux autres de se taire, indiqua qu’il y avait du monde devant.

- Des miroitants. Une dizaine, peut-être plus. révéla l’homme-taupe.

Merde. Merde merde. Un miroitant, il pouvait gérer. A peu près. Mais plus de dix ? Bon sang. Il ferma les yeux. A nouveau il eut cette sensation qu’ils cherchaient à les éviter. C’était étrange, trop étrange. Il frissonna. Les Limbes. Un territoire maudit. Il avait entendu dire que ceux qui avaient survécu à l’attentat d’Opale y avaient fait un séjour, dont la plupart étaient revenus fêlés. Tout semblait lié à cet endroit.

- Avançons, les Miroitants semblent nous éviter.
trancha le Patrouilleur.

Il tâcha de guider le petit groupe avec l’aide d’Olaf, tandis qu’Aigrette assurait le nettoyage de la Brume. Ils dépassèrent des corps. Des adeptes du XIIIème Cercle. Il y avait eu des combats là, ils étaient dans la bonne direction. Mais pourquoi les Miroitants ne les arrêtaient pas alors ? Il n’allait pas s’en plaindre, mais n’était pas assez fou pour considérer que l’ennemi de son ennemi était son ami. Ils continuèrent d’avancer dans ce décor lugubre, où les rares filets de Brume léchaient les murs et virevoltaient à leur approche. Les rares miroitants qu’ils distinguèrent à l’orée de leur champ de vision semblaient se dissiper comme s’ils n’avaient jamais existé. Ou alors ils n’étaient qu’illusions ? Tours de la Brume. Mieux valait serrer la mâchoire et avancer. Compter sur le cristal stellaire. Il enjamba un corps de soldat du XIIIème Cercle diaphane. Comme celui de Sergeï. Comme si la Brume elle-même les avait attaqués. Il frissonna. Sa combinaison lui manquait presque. Si le Chancelier avait ne serait-ce qu’entrouvert la porte … ils seraient morts. Dissolus dans la Brume. Il risqua un regard arrière sur le vieil homme. Il semblait décidé, impatient. Quelque chose le taraudait mais il n’aurait su dire quoi. Le Patrouilleur se laissait guider à son audition, ainsi que sur la légère traction qu’assurait son gant. Mais la Brume semblait de plus en plus dense. De plus en plus difficile à contenir. Il faudrait prendre le relais avec Aigrette, et vite. Ils étaient à présent dans une grande circulaire où trônait une porte d’où s’échappait des filets de Brume. Epaisse, elle s’écoulait à leurs pieds en une sorte de liquide voluptueux. Au plafond, des dalles avaient été descellées pour révéler le même type de conduit que plus tôt. Tout ceci semblait connecté. De l’autre côté de la pièce circulaire, une porte semblait donner accès à une autre partie des laboratoires. Une sorte de zone avec beaucoup de passages. Des moyens colossaux avaient été mis en place pour établir cet endroit.

- J’entends … comme des vents violents. Ou une tornade à l’intérieur. murmura Ryker lorsqu’il s’approcha du centre de la pièce.

C’était donc ça qui les empêchait d’atteindre le portail vers les Limbes. Le fameux Réplicateur ? Derrière cette porte, mais comment l’atteindre sans se faire dissoudre par la Brume …

- Vous croyiez qu'on vous laisserait faire ? Vous ne parviendrez jamais jusqu'au Mandebrume, à moins de savoir comment arrêter cette chose ! s’exclama Ofskir, d’un ton qui oscillait entre défi et curiosité.

Le Patrouilleur serra les dents. Se tourna vers l’être divin goguenard. Il s’approcha jusqu’à lui, épée au clair et le confronta droit dans les yeux. De l’arrogance des humains, de ceux qui n’avaient rien vu et pensaient pourtant avoir porté le poids du monde sur leurs épaules. De la hargne d’un Portebrume qui sentait sa part de Malice vibrer à l’unisson avec ce qui se trouvait derrière cette porte, porteuse d’un pouvoir si terrible qu’il n’avait jamais osé le dévoiler par peur de l’Errance.

- Et comment on arrête cette Chose ?
lui demanda-t-il, toujours un œil sur Panoptès qui semblait considérer cela comme une perte de temps.

- Comme si je le savais ! s’exclama-t-il à l’étroit dans ses liens. Vous autres humains, vous avez créé ce que même Orzad n'aurait pas su créer. Une hérésie au-delà de toute imagination.

Orzad ? Un rapide coup d’œil vers Maël. Hérésie ? Bon sang, quelle plaie ces cul-bénis … mais il semblait prêt à parler. A se livrer. Ryker n’était pas le plus diplomate des Morts Gris, mais il savait au moins une chose : il fallait toujours laisser les gens prétentieux parler. Les conforter jusqu’à ce qu’ils se trahissent d’eux-mêmes.

- C'est à dire ? Éclairez-nous donc de votre sagesse, Dieu. lâcha-t-il comme si ces quelques mots déférents ne lui avaient pas coûté grand-chose.

Ses yeux pétillèrent de malice, sa langue passa sur ses lèvres comme s'il choisissait ses mots.

- Votre machine n'est pas une simple machine. C'est une fracture dans la réalité de votre monde et celle d'Yphnos. Pas plus qu'elle n'aurait pu la créer, la Lueur n'aurait pu la combler. Cela n'appartient pas à ce monde.

L’air de Ryker dû être particulier, pour que le Chancelier lui-même daigne perdre du temps à compléter.

- Nikolaï voulait répliquer les cristaux divins, notamment celui de Runologie. C'était sa promesse de créer une technologie suprême, divine, grâce aux capacités d'imitation des Limbes. Mais sa seule tentative a créé la Brume...

C'était donc l'avarice humaine au centre de tout ... Comme d'habitude, c'en était presque triste.

- C'est l'hybridation de deux mondes ! Une abomination, une pure hérésie. La Brume ne devrait pas exister ici ou dans le Monde des Rêves et pourtant c'est le cas. Même nous autres, entités créatrices, ne savons pas ce qu'elle est car sa nature même défie la logique runique. poursuivit Ofskir, comme emporté dans un élan lyrique.

Le Portebrume haussa les sourcils. C’était normal s’il n’y comprenait pas grand-chose ? Il comprenait les mots, oui, et leur sens. Ainsi que les phrases. Mais …

- Le monde des rêves ? Le monde d'Yphnos ? Et les Limbes ? Et ... entités créatrices ? La Brume serait sortie de nulle part selon vos dires ? Je suppose donc que détruire le Replicateur ne suffirait pas à la dissiper : ce serait trop simple et vous auriez déjà essayé... essaya-t-il de se reprendre, comme s’il savait de quoi il parlait.

- Ce n'est pas le moment de ça ! Le temps file et nous ne pourrons pas tenir infiniment, il faut entrer dans cette pièce !
l’interrompit Panoptès avant de prendre le cristal qu’Aigrette avait déjà confié à quelqu’un d’autre.

Il s’avança vers la porte et inspira. Sa main sur la poignée. Un dernier regard vers le groupe. Le message semblait clair. La Brume frémit à l’unisson de ses mots, qui seraient peut-être les derniers. Ryker adressa un regard vers Artémis, afin de déterminer si ce dernier validait. Il avait l’oreille de la Brume, il saurait quoi faire.

- Je vous garde à l’œil, Ofskir. murmura-t-il. Vous m’expliquerez pourquoi et en quoi c'est une hérésie d'avoir fait ça à Yphnos …

Il espérait avoir placé les mots dans le bon ordre.

HRP:
Aujourd'hui à 0:53

Maître du Jeu

Vous êtes devant la porte du laboratoire contenant le Réplicateur. Le Chancelier affiche un air déterminé, mais alors qu'il devrait se soucier du destin du monde, de la possibilité de mettre un terme à la Brume... il n'a qu'une pensée à l'esprit. Le Mandebrume. Comment l'atteindre ? Comment passer cette pièce piégée ? Peuvent-ils y parvenir s'ils éteignent la machine ? Et pourquoi Higgs ne lui a-t-il rien dit ? Visiblement ses hommes se sont fait occire en chemin ; Panoptès était bien le seul à ne pas prêter attention aux corps déformés. Vous pourriez dire que c'est car il n'avait qu'un objectif en tête.

Le petit cours d'Histoire d'Ofskir leur faisait perdre du temps ; ce Patrouilleur était décidément un caillou dans sa chaussure. Son esprit était aussi embrumé : il voyait de plus en plus Ryker comme l'ennemi. S'il se mettait une fois de plus sur son chemin, qu'importe la raison, il n'hésiterait pas à l'exterminer.

Doit-il faire preuve de plus de précautions, il se borne à rester téméraire et diligent, à ce moment où son plan initial lui a totalement échappé des mains. Le groupe dans son dos, le Chancelier finit-il ainsi par tirer sur la clenche et ouvrir grand la porte pour libérer le torrent de Brume. Celle-ci lui fouette le visage, comme un vent violent, et les contraint tous à reculer d'un pas. Pluvieuse, presque grêleuse, la Malice déchire ses vêtements, griffe sa peau, mais l'hespéride est plus que las d'avoir à fuir : il a pris les devants pour cette raison précise, tendant le cristal devant lui. La Brume se détache de la bourrasque par volutes, sans donner l'impression que l'intensité actuelle se réduit, mais offrant une forme de bouclier aux aventuriers.

Les pensées de votre commandant sont à présent toutes rivées sur une seule chose : réduire le flot, malgré son corps « mortel ». Il n'est pas Ofskir lui non plus. Plusieurs fois, vous le voyez manquer de faillir, puis se redresser plus vaillant encore. Au milieu de tout cela, un moment de lucidité survient même, qui le fait hurler plus fort que le vent à votre intention :

« - C'est à vous... que revient cette tâche ! Mettez-y un terme ! »

Lui non plus ne sait pas comment, mais à cet instant il a confiance en vous. Vous le voyez ainsi saisir, dans son autre main, un cristal rouge et l'activer. La combinaison des deux cristaux divins provoque une brève mais intense explosion dans la pièce remplie de Brume sous pression. L'instant d'après, le Chancelier vous apparaît figé, transformé en statue. À y regarder de plus près, il s'agit plutôt d'écailles ; à la place de la tornade de Brume de jadis, des centaines d'autres écailles longues et fines jaillissent hors du sol et tapissent les meubles et les murs à présent. Vous pouvez même apercevoir au centre de la salle une masse grise, inerte, de laquelle s'échappe une lourde vapeur opaque.

Le Réplicateur.

« - Allons-y ! » crie soudain Aigrette en saisissant un autre de ses atouts secrets : un cristal vivifié lui permettant de se transformer en femme-ourse. Avec ses lourdes pattes griffues, elle entreprend de dégager le chemin.

Au terme d'une progression lente et difficile, sans savoir encore combien de temps le Chancelier va pouvoir tenir ou s'il est encore en vie, dans son état, vous arrivez enfin à proximité de la machine, qui tient davantage d'un réseau de plusieurs dispositifs. Bien que contraint de poursuivre l'exploration avec vous, Ofskir traine des pieds, incertain et clairement inquiet de la suite des évènements ; il ne semblait pas imaginer que vous parviendriez à stopper le flux de Brume qui consumait l'endroit. Comme vous, il constate le Réplicateur, ne l'ayant jamais vu d'aussi près.

C'est à première vue un coffre à taille humaine rappelant vaguement un sarcophage. En y regardant mieux, une seconde boîte, fermée, trône à proximité de la première. Si Panoptès était conscient, peut-être qu'il pourrait vous éclairer. Heureusement, le dieu, rendu à l'évidence qu'il ferait mieux de collaborer s'il souhaite sortir d'ici vivant, se montre curieux en observant la machine.

« - Cet appareil était prévu pour répliquer un être humain... Il n'est jamais rentré dans les détails, mais nous comprenons mieux à présent. Il ne pouvait pas juste dupliquer le cristal, il aurait obtenu une vulgaire pierre ixtebhe. Pour que cela fonctionne, le pouvoir divin devait être commandé par un « esprit ». »

Mais avant que vous ne puissiez interroger davantage le Royaume Stellaire sur ses mystérieuses révélations, la voix d'Olaf vous sort de vos réflexions :

« - La Brume commence à refluer ! Qu'est-ce qu'on fait ?! »

L'homme-taupe indique la Malice qui vous arrive aux genoux, émanant à la fois du Réplicateur et du reste du Laboratoire, comme si elle venait vous empêcher de mener votre mission à bien. Pire encore, des légers craquements vous indiquent que le Chancelier est en train de sortir de sa stase.

Débranché, abimé par les millénaires et la Brume elle-même, et pourtant encore fonctionnel, l'appareil que vous avez sous les yeux ne semble pas pouvoir être détruit si facilement. Cela fait bien longtemps qu'il est devenu une singularité défiant les lois de la nature. Sans indice, le groupe est gagné par la panique.

Avant que la solution n'apparaisse soudainement aux yeux de certains, sous la forme d'une silhouette, taillée dans la Brume...
HRP: