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[Event] Voyage au centre de la Brume

[Event] Voyage au centre de la Brume - Page 2 Brandw10
Dim 8 Déc - 10:58

Le meilleur compagnon de l'homme

Elle est pour qui la baballe ???


Le tunnel s'était effondré suite à l'explosion de la bombe, et ils s'étaient retrouvés bloqués dans une sorte d'embranchement secondaire, d'apparence totalement obstrué. Lue sentit la panique la gagner quand le raclement assourdissant dévoila une énorme créature. Elle se liquéfia à sa vision. Ses jambes cotonneuses menacèrent de lâcher. Était-ce la fin du voyage ? Tout son être tourné vers l'immondice, elle n'en fut tiré que par une vive lumière dans son dos puis le vrombissement d'une machinerie inconnue. L'ordre du Chancelier était à peine jeté que déjà la rousse sautait dans le véhicule. Même s'il ne devait leur offrir que cinq pour cent de survie, cela restait cinq de plus que de rester là à attendre la mort. La voiture fonça dans une ouverture créée par l'un des soldats qui accompagnait le grand homme depuis le début et bientôt la chose disparue dans l'obscurité, loin derrière eux, incapable de tenir le rythme.

Le cœur de la Strigoi ralentit peu à peu jusqu'à ce qu'elle retrouve son calme et un semblant de contrôle sur elle-même, à défaut d'en avoir sur la situation. Elle n'osa rejoindre aucune discussion, se contentant d'hocher la tête quand on s'adressait à elle et de désigner ses lames comme toute armes à sa disposition, sans parler du médaillon ou du fait qu'elle ne soit pas humaine, encore trop secouée par les événements pour s'interroger sur la logique derrière tout ceci. Pendant un instant, elle fixa la Banshee, stupéfaite et fascinée, puis l'homme-loup aux multiples cicatrices avec une sorte de respect inné, mais retourna bien vite à son attitude fermée. Dans d'autres circonstances, elle aurait rebondi sur la bonne humeur de l'individu aux cheveux opalescents, mais plus le temps passait et moins elle se sentait à sa place parmi ces combattants, elle se tenait donc à l'écart. Après tout, ils n'étaient pas là pour lier des amitiés, mais bien pour remplir une mission de la plus haute importance. Bientôt, la noirceur des souterrains laissa place à ce qui se rapprochait d'une gare. La voiture s'arrêta à quai et la rousse détailla les environs. Le silence régnait en maître, c'était presque... Trop calme. Qu'allait-il encore leur tomber dessus ?

Lue fronça les sourcils en regardant le Chancelier se diriger vers un cadre et y récupérer une carte comme s'il savait exactement où trouver ses informations et comment se déplacer dans l'ancienne capitale. Ils emboîtèrent le pas à ce qui ressemblait de plus en plus à ses gardes du corps personnels, déambulèrent à travers des couloirs et tunnels que la rousse n'auraient pas su reconnaître en sens inverse et atterrirent finalement dans une immense galerie aux multiples boutiques abandonnées depuis longtemps. Elle en resta bouche bée, imaginant le nombre de vies qui avaient dû se croiser ici, avant que la brume n'ensevelisse tout. Ces mêmes individus qui parurent bientôt sous la forme de fantômes parfois si nets que la jeune femme aurait pu se laisser surprendre si elle n'avait pas déjà eu affaire à ce genre d'apparitions.

Le laboratoire ? Se demanda-t-elle, arrachée à sa contemplation par la déclaration du Chancelier Panoptès. C'était leur destination ? Pourquoi ? Que devaient ils y trouver, ou comment l'homme pouvait-il savoir qui s'y trouvait ? Lue commençait à avoir de réels soupçons envers celui qui les dirigeait. Elle n'eut toutefois pas le temps d'en faire part, et, de toute façon, à qui en aurait-elle parlé ? Elle ne connaissait assez aucun de ses alliés pour ne pas craindre d'être laissée derrière en cas de doutes... Même le soldat aux cheveux sombre, celui qui l'avait sauvé contre le blieg, adoptait à présent une distance froide avec elle. Le face-à-face entre l'élémentaire et l'homme de pouvoir attira son attention. Il y avait de l'électricité dans l'air, elle n'était peut-être pas la seule à douter de lui finalement.

Ils arrivèrent dans une autre gare et Lue haussa les épaules avant de monter dans le bus à la suite des autres, ni tout à l'avant, ni tout à l'arrière, elle prit place sur un siège, la mâchoire serrée. L'odeur de sang persistait dans ses narines sans qu'elle ne puisse jamais identifier d'où celle-ci venait, et si elle était seulement réelle. Cela la rendait nerveuse. Son regard restait braqué sur le Chancelier et son équipe qui dirigeait le bus dans la ville par maints détours. Était-ce pour qu'ils ne puissent pas garder de repaires ? La rousse savait pourtant qu'ils filaient vers le nord, et tous ces virages et embardées commençaient à la rendre malade.

Elle sentit l'agitation dans le fond du bus avant de voir l'amélioré, Serguei, se précipiter vers l'avant. Dans le même temps, des aboiements des plus en plus proches se mirent à emplir le silence précédemment bercé par le ronronnement du moteur de leur véhicule. La Strigoi se leva, frotta légèrement la vitre dont la crasse extérieure était bien trop dense pour lui permettre de voir quoi que ce soit, elle percevait néanmoins des silhouettes verdâtres, fluorescentes, qui gagnaient de la vitesse sur eux. Suivant les conseils de l'homme-loup, elle resserra sa cape sur ses épaules, déploya ses dagues et se cramponna à une poignée du siège pour ne pas être baladée par les brusques changements de cap du bus.

Quelque chose passa sous les roues dans un cahot qui la fit perdre l'équilibre, un de leurs poursuivants sûrement. Juste après, Serguei se mit à tirer avec sa mitrailleuse, éclatant un des chiens infernaux et la fenêtre au passage, ce qui permit à un autre d'entrer. Une seconde fenêtre se brisa, juste à côté d'elle, et la rousse bondit pour éviter les débris tranchants. Ils devaient réagir avant d'être envahis ! Cherchant du regard quelque chose qui lui permettrait de repousser les molosses, elle fut surprise quand le gobelin lui lança une barra à mine qu'elle n'attrapa d'ailleurs que de justesse. Elle propulsa son arme de fortune contre les cottes de l'incube qui fut projeté au-dehors, mais déjà un autre passait derrière elle pour bondir vers le conducteur. Saleté de bestiole ! La Strigoi remonta vers le dirigeant pour leur venir en aide, mais dans l'espace étroit ils ne faisaient que se gêner avec le Gobelin. Les coups de volant se succédaient, de plus en plus violents.

Brusquement, le monde bascula. Lue n'eut que le temps de se retenir à une barre et de saisir le bras de l'homme aux courts cheveux blancs qui n'était pas loin derrière pour leur éviter de se briser le cou. Le souffle coupé, le bras douloureux d'avoir encaissé le poids de l'homme, elle puisa néanmoins dans ses forces pour l'aider à remonter pour supporter son poids par lui-même.

- Rien de cassé ?... Souffla la rousse, ses yeux dorés allant de ceux de l'adonis au reste du véhicule pour savoir ce qu'il était advenu des autres, s'il y avait des blessés, ce qu'étaient devenus les molosses fluorescents... La tête lui tournait.
Résumé:



Dernière édition par Lue Art'Heas le Sam 14 Déc - 18:46, édité 3 fois
Dim 8 Déc - 20:13

Maître du Jeu

A son poste, le Panoptès émerge, plaqué contre la fenêtre du conducteur, son verre éclaté et son cadre chauffé à blanc. Le car a bien dû faire plusieurs centaines de mètres avant de finir sa course dans ce qui devait être le hall d'un immeuble. Avant de chercher à se dégager, il observe succinctement le tableau de bord : le cristal d'énergie n'a hélas pas survécu, il lui faudra en trouver un autre. Par chance, l'Incube non plus : ses restes verdâtres forment une bouillie à la fois explosée sur le pare-bris et le Chancelier lui-même. A son tour, Aigrette retrouve son équilibre, ne perdant pas de vue sa mission : elle aide aussitôt le commandant à se défaire de sa ceinture de sécurité et à s'extraire de la cabine.

« - Mazette.... Tout le monde va bien ? »

Le vieillard se gardera bien de préciser que la manœuvre était volontaire : l'absence d'aboiements et le fait que pratiquement toute l'équipe soit indemne prouvent qu'il a eu raison de coucher le bus. Des traces vertes et d'autres monticules d'ectoplasme sur ce qui est à présent le sol du véhicule l'informent de l'anéantissement probable de la meute monstrueuse. Au moment où il tend l'oreille pour identifier la source des derniers grognements, le dernier molosse fantomatique est réduit au silence, sa gueule, refermée sur ton bras d'Artemis, instinctivement fracassée par le pommeau de ton épée. En même temps que le Chancelier vient inspecter ta blessure, heureusement superficielle, il constate l'état effroyable dans lequel est ton voisin.

Ryker n'a pas eu autant de chance, transpercé de part en part par une barre métallique s'étant détachée de la carlingue. Sergei l'a vu lui aussi : déjà il sort de son sac une scie mécanique pour couper la tige, qui apparaît enfoncée dans ton épaule. L'instant d'après, le Chancelier se retrouve avec la barre entre les mains, à tirer d'un coup sec pour la dégager, t'arrachant une hurlement de douleur à glacer le sang du groupe.

« - Là. Olaf va panser ta plaie. Malheureusement, il nous faut rester en mouvement, » clame-t-il plus fort pour se faire entendre du reste de l'équipe. « Trouvons un abri avant que quelque chose d'autre ne nous tombe dessus... »

Du bout de la tige ensanglantée, il déblaye les restes de la vitre arrière du car pour assurer un passage et émerge à l'air libre. Le cul de l'autobus dépasse à peine du gratte-ciel dont il est venu compléter le rez-de-chaussée. La Brume est particulièrement dense à l'extérieur, mais le dirigeant peut toutefois remarquer une forme sombre, dont il reconnaît l'antique silhouette. Il jurerait que c'est ça...

« - Par là-bas, le bâtiment noir. Vite ! »

D'autant plus que Panoptès peut le sentir : quelque chose s'en vient dans votre direction. Sitôt que la majorité du groupe est à l'extérieur, il rappelle de mettre les voiles. Ryker, Sergei t'aide à tenir debout, mais tu es visiblement dans un état de demi-conscience à cause de tout le sang que tu as perdu et que tu es encore en train de perdre.
HRP:
Mar 10 Déc - 22:04

Si un quelconque Dieu existait, Artémis lui devait une fière chandelle. Il ne savait pas comment, mais alors que le bus s’était retourné, il s’en était tiré sans la moindre égratignure. Au moment de la bascule, il effectua un bond et s’accrocha fermement à ce qu’il pouvait, échappant de peu à une barre de fer. Il sut plus tard que cette même barre enfourcha Ryker. Une chance divine. En sortant, le Change-Peau s’aperçut du manque de luminosité et qu’ils se trouvaient visiblement dans le hall d’un immeuble. Où se trouvaient-ils exactement ? Il l’ignorait complètement. La vue de la substance verdâtre le rassura quant à la présence ou des non inucbes. Son odorat ne flaira plus cette mort. Chance divine.

Mais ses sens le trompèrent. Un dernier grognement retentit, le molosse fut abattu expressément. Cependant, sa gueule s’était refermée sur quelque chose : le bras d’Artémis. Un brusque coup de pommeau suffit à se défaire de la bête. Panoptès vint rapidement observer la blessure, heureusement superficielle, avant de se rendre auprès de son préféré. Il y avait de quoi s’inquiéter. Les agents du Chancelier se mirent au travail et on pouvait sentir une certaine expérience. Après un rapide rafistolage, Artémis aida Sergei à tenir le Patrouilleur sur ses pieds. « Du nerf, vielle branche. Tu as survécu à bien pire. », fit l’homme aux cheveux d’albâtre en guise d’encouragements.

Si cet accident les avait débarrassés des molosses, d’autres joyeusetés furent attirées par le bruit provoqué. Revenu à peu près à lui-même, le Portebrume eut un très mauvais pressentiment. Il fallait partir et le Chancelier confirma cette crainte avec un ordre. Il indiqua une direction : un bâtiment noir. Il avait l’air de connaître son sujet, alors le vagabond n’hésita pas une seconde à le suivre. Ils arrivèrent assez rapidement face un bâtiment aux allures austères. Comme bien des choses dans la Brume. Impossible d’en voir le sommet, dissimulé par le brouillard, mais on pouvait imaginer une forme cylindrique du fait de la façade légèrement courbée. Difficile de l’affirmer pourtant. Des grandes tours effilées transperçaient le ciel brumeux. On n’en voyait pas le sommet. L’élément frappant, parfaitement visible, restait cette énorme porte qui ne semblait pas vieillir.

On ne pourra jamais l’ouvrir, songea Loup Blanc à la vue de cette dernière.

Alors, une fois encore, le groupe pouvait bénir le Chancelier qui les conduit vers une portée dérobée de l’immense bâtisse. Il en savait beaucoup. Ses doutes se confirmèrent quand il murmura : « le Hall des Dieux ». Artémis n’avait que très peu de doute quant au fait que Panoptès avait fréquenté cet endroit. Ou il avait intensément étudié les lieux. Il n’appréciait guère converser avec ce dernier, alors il garderait ses questions pour lui. Néanmoins, ce nom lui évoqua une curieuse lettre reçue avant son départ pour Zénobie. Rien de concret pour l’heure. Il garda cet élément dans un coin de sa tête. Il était temps de rentrer dans ce bâtiment qui, sans l’ombre d’un doute, leur réservait de bien mauvaises surprises.

Pas le temps de ressentir de la crainte. Dans ces moments, le vagabond savait pertinemment ce qu’il devait faire et ce qu’on attendait de lui. Sa présence dans ce groupe n’avait rien d’un hasard. C’était peut-être au moment où l’on comptait le plus sur lui qu’il ferait défaut. Au fur et à mesure qu’il marchait, son bras tremblait, commençait à avoir de légers mouvements spasmodiques. Un léger coup d’œil vers sa blessure lui indiqua une drôle d’infection. Ce n’est pas une infection. S’il ignorait précisément ce qui lui arrivait, il savait néanmoins qu’il n'avait pas chopé une infection. Aucun signe de fièvre ou d’affaiblissement musculaire. Pas plus de fatigue que tout à l’heure. Son bras était foutu. C’était du moins ce qu’il croyait sans la manifester au reste du groupe. Stoïque, il continua comme si de rien n’était.

Résumé:
Jeu 12 Déc - 14:25

Chassé-croisé

Le poinçonneur de Zénobie



Évidemment. Dans la cohue générale, le Patrouilleur avait encore une fois usé d’un cristal pour se doter d’une force suffisante pour repousser les viles créatures canines. Il avait arraché un montant métallique qui avait cédé avec une facilité étonnante, puis avait entreprit de les repousser pour les forcer à rester hors du bus. A l’arrière du bus, il n’avait juste pas anticipé le retournement littéral de situation. Un instant il se tenait dans l’allée centrale et infligeait un coup sur l’occiput de la bête aux relents verdâtres. Puis l’autre, le sol était devenu le plafond et le chaos seule loi. Ryker tenta de se cramponner à une barre mais il ne parvint qu’à l’effleurer et il se retrouva d’un coup happé vers l’avant. Le son du fracas métallique, des corps qui se cognaient et quelques secondes plus tard le monde repris de la cohérence.

- Merde … murmura le Patrouilleur, enfoncé dans un amas de sièges et de barres.

Il sentit un mélange de chaleur et d’humidité s’épancher sur son épaule gauche. La douleur mit quelques secondes à arriver. Il avait traversé la moitié de l’habitacle. Un éclair de douleur traversa son corps lorsqu’il tenta de se relever. Il serra les dents, se sentit comme … attaché ? Des étoiles pianotèrent devant ses yeux, lui tirèrent un geint. Son bras ne bougeait plus. Il reprit son souffle, ce qui lui arracha un éclat de douleur. Sa main gauche s’aventura sur son épaule droite, constata avec horreur que quelque chose la traversait. Perforé au niveau de la clavicule, il était épinglé par le transport millénaire. Quelle chance. Il serra les dents, tenta de se redresser. Hurla malgré lui. Il le sentait jusque dans ses os. Son sang qui pulsait, coulait le long de son dos. Il respira à petites goulées, essaya de nouveau de se redresser mais la barre était tordue. Il parvint à se dégager de quelques centimètres mais ne pourrait guère plus.

Ce fut l’épistote qui le premier réagit pour l’aider. Il lui attrapa le bras, le serra. Un signe assez clair pour des vétérans. Le Patrouilleur passa son gant en cuir dans sa bouche et le serra. Etouffa un hurlement. Tint bon. Sentit le monde tourner lorsque Panoptès riva son regard dans le sien, une main sur son épaule. Puis il fut libéré. Le flot de sang reprit, gicla sur les sièges oubliés du transport et Ryker sentit des mains velues entreprendre de défaire son armure et appliquer du tissu sur sa blessure. L’homme taupe lui indiqua d’appliquer ses mains sur la compresse ainsi créée et entreprit de déchirer la cape du Patrouilleur pour lui faire un bandage de fortune visant à arrêter l’hémorragie.

- J’ai … déjà connu pire. Merci. murmura-t-il, tout en s’appuyant sur l’épaule de l’augmenté pour se redresser.

Le monde tourna de nouveau, se déroba presque sous ses pieds. Il ne put que glisser ses doigts sur l’un de ses cristaux, perçu une langueur caractéristique s’emparer de lui, vider les quelques forces qui pouvaient demeurer. L’hémorragie avait déjà prélevé un lourd tribu mais les phalanges expertes des spécialistes de l’Alliance avaient agi avec une expertise qui trahissait les raisons pour lesquelles ils avaient été recrutés. L’armure à moitié ouverte du Patrouilleur révélait un gambison imbibé de sang, mais aussi qu’il ne mentait probablement pas sur le fait qu’il ait connu pire. Des traces de morsure, griffes ou autres blessures qui auraient pu le tuer s’il n’était pas aussi coriace qu’une mauvaise herbe. Il sentait que la barre métallique avait fait plus de dommage qu’ils ne l’avaient vu. Il émit un cri lorsqu’ils descendirent de l’autobus ravagé. Non pas à cause du mouvement – qui était déjà assez douloureux – mais car il sentait ses os crisser sur des positions anormales.

Aidé par Sergeï, ils marchèrent pendant quelques mètres jusqu’à ce que le Patrouilleur de lui fasse signe qu’il pouvait marcher seul. L’épistote marqua un sourcil de surprise mais obtempéra tandis que, son bras recroquevillé contre son abdomen, Ryker tentait d’équilibrer ses armes pour continuer sa route. Il grimaça, sentit son souffle court. Vacilla mais sentit une main ferme le ternir droit. Le Patrouilleur croisa le regard d’Artémis. Nul besoin de mots entre les deux frères de Brume. Ils avaient déjà bravé pire. Le loup blanc avait connaissance de ce qu’il avait traversé avant. Le Mort-Gris serra les dents, remonta son paquetage avec une douleur qu’il tenta de dissimuler puis entreprit de suivre le groupe. Sergeï semblait ne pas rôder trop loin de lui, tandis que son fidèle ami gardait un œil sur lui. Le teint pâle du Patrouilleur trahissait son état, tout comme les cernes qui se dessinaient petit à petit sous ses yeux. Son sang s’était arrêté de couler, la guérison était en cours … mais il lui faudrait du repos avant de pouvoir être utile pour quoi que ce soit. Du repos ou …

- Je pense que c’est le moment … murmura-t-il, sa main vissée sur une fiole bleutée qu’il venait de récupérer de son paquetage.

Il entreprit de la descendre d’un trait avec une mimique écœurée puis sentit une force nouvelle gonfler son cœur, ses forces semblèrent vaciller puis sa démarche s’assura. Il souffla avec de plus en plus d’assurance puis rangea la fiole vide. Le cristal de régénération puisa dans son énergie reconstituée et tira une dernière grimace au Patrouilleur lorsque les os se remirent en place et que le trou commença à se colmater. Il suspectait les conséquences d’un tel usage mais, pour l’heure, s’en moquait. L’important était de pouvoir continuer à avancer. Il avait joué de malchance, mais ne pouvait se permettre d’être un poids pour le groupe. Il emboîta les pas de Panoptès et entreprit de suivre les traces du groupe, dans ce nouveau décor qui s’imposait à eux.


HRP:
Ven 13 Déc - 18:08



Zénobie / Noble batiment

Uhr 1901



À l’entrée du bus, il n’y a pas à faire son difficile. Ils ignorent tous la distance qu’il y a encore à parcourir, un véhicule n’est pas de trop. De plus, il y a de nombreuses créatures qui viendront à leur rencontre. Cette cage de métal roulant et rouillé fera l’affaire. Se placer dans le bus n’a rien de compliqué non plus. Quitte à proposer une formation, autant la respecter dès la première minute. Duscisio se placera donc au milieu du bus. S’il s’agit d’être le fer de lance de leur défense, la meilleure stratégie reste celle d’avoir tout le monde à distance plus ou moins égale.

Le trajet en lui-même s’annonce pénible. Les obstacles et les dégradations de la route font preuve des siècles ou des millénaires d’abandon. Et sur le trajet, une première rencontre. Des incubes, créatures fantomatiques vertes à l'allure d’un chien squelettique, attaquent leur moyen de transport déjà en piteux état. Tout le monde arrête d’être émerveillé par la taille des immeubles. Sauf Duscisio qui se contente de prendre place et de fermer les yeux sans changer son humeur maussade, méfiante et agressive, pour se concentrer sur le véritable danger que les créatures représentent dans l’immédiat.
La meute de chiens de la Brume passe à l’attaque à de nombreux endroits en profitant de l’état vétuste du véhicule.
Confronté à ses propres problèmes, l’élémentaire se limitera à protéger sa personne et ceux qui se trouvent au milieu du bus si nécessaire. Ne pouvant que s’économiser, Duscisio se limitera à l’utilisation de son propre corps. Aussi pollué soit-il, c’est son meilleur atout. Bras et mains retirent leur camouflage de corps humain pour retrouver leur aspect épineux, pour servir de bouclier et d’armes à ceux qui veulent bien l’entendre. Les ronces s’enroulent autour de ses agresseurs pour les éjecter du bus par le même endroit où ils sont entrés après les avoir un peu malmenés à l’intérieur de l’habitacle. Les couinements des clébards appuyant leur agonie sont aussi puissants que la force de l’élémentaire à les envoyer valser.
Les manœuvres du chancelier facilitent l’expulsion des passagers sans ticket de transport. Cela se révèle parfois à double tranchant au fur et à mesure que les coups de volant sont de plus en plus violents. Si bien que le bus finit sa course dans ce qui ressemble à un hall d’immeuble.

L’élémentaire n’eut que peu de temps pour se retenir à l’un des sièges en utilisant ses ronces et ses branches pour se maintenir en place. Ceci lui évite un magnifique vol plané à travers le bus vers l’intérieur du bâtiment. Le Panoptès aspergé des restes du dernier incube écrasé sur la vitre avant.
Leur moyen de transport est couché et privé d’énergie pour fonctionner, mais au moins ils sont tous en vie. Enfin, à une exception près. Dans l’action, Duscisio ne l’a pas vu. Ryker est gravement blessé. Le même homme qui l’a amené, sauf après sa confrontation avec l’arbre-monde, alors qu’il est retourné à l’état de graine. Peut-on juger cela comme une dette envers lui ? Probable. Après être sorti du bus, l’élémentaire observe Artémis et Sergei qui l’aide à se relever. Le chancelier conseille à tout le monde de rejoindre le bâtiment noir le plus vite possible. L’accident pourrait très bien attirer d’autres créatures et vu l’état de certains membres du groupe, il serait préférable de trouver un abri au plus vite.
Avant ça, l’apothicaire regardera autour de lui pour y voir une éventuelle créature avant de chercher ses compagnons de route pour savoir si l’un d’entre eux a besoin d’aide.

Pendant qu’il regarde tout le monde un à un, tendant la main à ceux qui ont besoin de se relever, Ryker se soigne. Pas de la plus simple des manières, ce qui donne une idée à l’apothicaire. Il s’avance vers lui, le cristal violet s’allume sous sa cape et une fiole rouge apparaît dans sa main pour la lui proposer.

— Une potion de guérison, en cas de besoin...

Il ne lui donnerait que s’il accepte, la rangera dans le cas contraire. Quelle que soit sa réponse, le patrouilleur sait maintenant que Duscisio est de son côté. Qui plus est, l’endroit dans lequel il se trouve n’a pas été choisi par hasard. Du moins de son point de vue. Le couloir est bien somptueux. L’absence de Brume cache quelque chose de louche et trouver un endroit pour se reposer se fait tarder. Il faut se séparer en deux groupes, toujours d’après le leader de l’expédition. Le premier est déjà formé et un autre doit être fait avec le blessé.

— J’en suis…

Toujours peu ravi de suivre les ordres, Duscisio se contentera de se dire qu’il doit surveiller l’état du Patrouilleur. Par contre, il va devoir se coltiner Sergei, l’amélioré qui le rend désagréable par nature.

— Je prends les devants, machine... signale-t-il à Sergei de la meilleure manière qui soit.

Leur exploration commence à l’extérieur de la pièce principale. Le couloir est long et fait le tour de celle-ci dans un cercle parfait. De l’autre côté du couloir, les pièces se multiplient les unes après les autres quand il ne s’agit pas d’escalier. Combien d’étages fait le bâtiment au juste ? La grande pièce principale étant déjà sous l’investigation du premier groupe, Duscisio ouvre la première porte du cercle extérieur. La pièce est assez grande, haute du plafond comme tout le bâtiment. Bureau, bibliothèque. Il fait trop noir pour savoir à quoi sert cette pièce. Seigei montre son utilité en éclairant la pièce. Les ombres tracées par la source lumineuse semblent fuir.

— Il y a quelqu’un ? Demande-t-il sans réponse, avant de demander à la source de lumière de changer d’angle.

Les ombres bougent encore. Par réflexe, l’élémentaire posera la main sur la source de lumière pour lui dire de sortir et de refermer la porte devant eux.

— Restons pas là. conseille Sergei.

Peu après, le premier groupe leur crie de se regrouper.

Résumé:

Ven 13 Déc - 23:31

La réponse du céleste ne se fait pas attendre. Claire. Déterminée. Il suivra le Chancelier jusqu’au bout, ô combien nébuleuse sa voie s’annonce. Jessamy hoche doucement la tête, son regard oscillant entre le conducteur et Maël.

« D’accord. Je vais suivre ton avis. »

Il n’a sans doute pas tort. Face à ce qui les attend, l’union sera toujours plus sage que le doute. Et chacun l’apprendra à ses dépens. Lorsque des molosses infernaux ont dévié leur route, ils ont tous repris leur rôle de combattant, de soldat au sein d’une même escouade. Cela ne durera pas : une fois leur mission achevée, quelle que soit l’issue, elle sera de nouveau l’ennemie de certains. Dans les yeux de la Tartare, le ressentiment gangrènera la fascination — à moins qu’elle ait été préservée de la débâcle ambulante qu’est la mutante.

Extrait de la carcasse de ferraille, le petit groupe titube vers un immense bâtiment, pointé par le Chancelier. Tout comme avec leur infortuné véhicule, il semble familier avec les environs. Un savoir qui menace la confiance placée dans les mots de Maël, défiance qui coule dans ceux de Lue. Il ne nie pas ce qu’elle a déjà perçu — et ses lèvres néanmoins resteront fermées sur les origines de son savoir.

Devant l’immensité de l’édifice, Jessamy frissonne. Elle se sent écrasée par l’obscurité rampante, des murs au plafond. Trouve refuge auprès de la chaleur humaine, auprès du Loup Blanc, chair contre Brume. Ne se fait pas prier quand les acolytes doivent se séparer, et salue l’homme-taupe d’un bref signe de tête.

« Je vais nous éclairer. Qu’on évite de tomber dans un trou. », fait-elle.

Le nascent activé la nimbe d’une douce lueur, quoi qu’un peu vive pour  qui s’en approcherait de trop près. Leurs pas les mènent bientôt à un choix : deux pièces, ou un escalier menant plus bas. Jessamy fronce le nez, ne sachant où aller. Olaf, lui, semble attiré par les marches ; celles-ci s’enfoncent tant dans le noir qu’il est impossible d’en discerner le bout.

« Là-bas. Y a un courant d’air, et… du café froid ? Et de la nourriture., articule-t-il.
Jessamy échange un regard avec Artémis, avant de fixer le vide.
— Hm… Ça veut dire que quelqu’un est passé par là, récemment. On devrait peut-être y jeter un coup d’œil. »

La mutante s’enfonce dans les entrailles du bâtiment en sommeil, pas à pas, éclairant les marches l’une après l’autre. Son poignet frémit — non, son bras entier. Quelque chose la retient par ses épaules, ses chevilles, ses ailes — non, pas quelque chose de tangible, une présence, un poids. Elle porte sa main libre à son cœur ; celui-ci bat tranquillement, métronome impavide, pressé dans son creux. La respiration de ses camarades lui murmure qu’elle n’est pas la seule à ressentir cela. Arrivée en bas des marches, Jessamy se sent soulagée, faisant craquer ses vertèbres. Son bras se lève pour éclairer le couloir qui s’allonge devant eux.

« Même au sous-sol, ça a l’air énorme., remarque-t-elle. Tu sais où on va après, Olaf ?
— Oui, l’odeur se rapproche. »

À mesure qu’ils avancent, guidés par le flair de l’homme-taupe, une multitude de bureaux identiques défilent sous les yeux de Jessamy. Des chaises, des tables, des bureaux séparés par de fines cloisons… Autant de vestiges des vies passées. Elle se demande ce qu’ils pouvaient bien faire ici, ainsi tapis sous terre.

Leur chemin est rompu par une porte en fer. Lourde, et semble-t-il, bien fermée.

« C'est derrière ça. », annonce Olaf.

Jessamy pince les lèvres, observant les contours de la porte. Soupire.

« Bon… Ça ressemble quand même à une sortie. On devrait prévenir les autres, ils ont peut-être de quoi ouvrir cette porte. »

Le trio rebrousse chemin, jusqu’à retrouver les escaliers. Pressée de retrouver le groupe, Jessamy s’apprête à gravir les marches l’une après l’autre, s’aidant de sa canne pour monter. Mais…
Ce qui la retenait à l’allée est revenue.
Ça tire sur ses tendons. Ça pousse sur ses muscles. Ça lui presse les côtes. Une marche après l’autre. De plus en plus fort. De plus en plus lent.
Sa mâchoire se contracte. Hors de question de s’arrêter. Le haut des marches n’est pas si loin…

« Je… Je ne peux plus bouger ! À l'aide !!! »

Les plumes de la Banshee se hérissent. Les traits glacés, elle se tourne vers Olaf. Sa main se crispe sur le pommeau de sa canne, dont la lumière agresse le visage de l’homme-taupe.
Son cœur manque un battement.
Là.
Il y avait quelque chose. Quelque chose dans son ombre.
Elle brandit sa canne pour éclairer les dernières marches.
Il y a quelque chose dans son dos. Ça lui tire les élytres. De plus en plus fort.
Ça se glisse dessous pour lui ronger les ailes. Un sanglot douloureux lui bouscule la gorge. Elle perd le contrôle de sa voix.

« Olaf ! Monte ! »

Elle s’apprête à dire autre chose à Artémis, déjà sauf. Mais sa gueule pleine de crocs exhale un râle de douleur à lui arracher les cordes vocales. Une douleur pareille à celle de ses ailes vient de lui transpercer l’échine.

TW : body horror:

...

Ses yeux bougent sous ses paupières. Ses doigts frémissent sur la pierre.
Jessamy se réveille d’un bond. De sa main libre, elle se jette sur celle qui tient encore sa canne — celle qui est à elle et qui n’est plus à elle. Brandit le nascent vers ce qui se trouve encore derrière elle, à guetter, jamais rassasié.

« BARREZ-VOUS »

Qu’elle hurle en injectant de la lumière dans les marches. Gémissant, elle force ses ailes à la projeter en arrière, en sécurité, auprès de ses compagnons. Son autre main lui fait mal. Elle est crispée sur le cristal divin. Jessamy ne réfléchit plus : machinalement, elle le cale à nouveau là où est sa place — auprès de son cœur, qui n’a jamais disparu.
Son regard trébuche sur Artémis. Sa lèvre inférieure tremble. Les larmes se bousculent dans ses prunelles.
Elle aurait dû lui dire. Lui dire ce qu’elle est devenue.
Celle que la Mort refuse.

Résumé:
Sam 14 Déc - 17:05

Voyage au centre de la Brume

Acte I - Event III

L’air jovial de Maël contrastait avec l’ambiance sombre qui régnait. Alors qu’ils se dirigeaient vers la gare Centrale sous la formation adoptée à l’initiative de Ryker, des regards suspicieux fusaient vers les murs, vers les ombres, vers... le Chancelier. La question de Jessamy vint confirmer les soupçons du diplomate. Le regard qu’il darda sur la quasi-banshee fut empreint de gravité. Il était, pendant un instant, à des années-lumière de sa précédente légèreté. Sa réponse serait décisive. Pour lui, pour elle, et pour toute la suite de l’expédition.

Panoptès est la personne la plus secrète que je connaisse, avoua-t-il d’un ton grave, son regard d’or illuminé d’une sagesse millénaire. J’estime qu’il est toujours dangereux de faire confiance aveuglément. Mais le Chancelier n’est pas comme tous ces humains qui changent d’objectif comme ils changent de sous-vêtements. Jamais il n’a dévié de son but. Alors si, comme lui, tu veux percer les secrets de la Brume, si, comme lui, tu souhaites arrêter Arkanis, alors tu peux le suivre sans crainte.

Il se tue un instant, son regard balayant le groupe qui avançait toujours, captant les regards en coin qui fusèrent vers lui. D’une voix plus claire, suffisante pour capter l’attention de tout le groupe, il annonça :  

Il est probable que nous ne revenions pas indemnes de ce voyage. Mais ayez confiance en notre guide, car sans lui, la mort ne sera plus une possibilité, mais une certitude.

Cela faisait plus de trente ans que le diplomate travaillait avec le Chancelier, et si, pendant toutes ces années, il n’avait percé quasi aucun des secrets de l’homme, il connaissait néanmoins son profond sens de l’abnégation. Il ne les mènerait à la mort que s’il s’agissait du seul moyen d’assurer le salut d’Uhr.  
Son aile était encore endolorie après cette cascade avec Lue dans le bus. Pourtant, le grigori ne s’en préoccupa pas plus que ça. Il avait connu pire situation, et l’état de Ryker lui prouvait la chance qu’il avait eu de ne pas se faire empaler à sa place. Son regard se porta plutôt sur la haute silhouette qu’on leur présenta comme le Hall des Dieux. D’une hauteur vertigineuse et d’une forme qui laissait deviner sa grandeur passée, le bâtiment faisait froid dans le dos. Sa façade, complètement noircie, semblait avoir coulé comme le ferait la cire d’une chandelle, l’enfermant dans sa propre peau de suie. Il s’en dégageait une aura sinistre, si sombre que même la Brume semblait vouloir l’éviter. Une angoisse étreignait le diplomate qui frissonna, fasciné. Il emboita le pas au Chancelier, le cœur battant, les sens en alerte. Il lui fallut quelques battements de paupières pour s’habituer à la pénombre, mais ce qu’il vit lui coupa le souffle.  

L’endroit était faiblement éclairé par des torches qui, vu leur âge, fonctionnaient certainement à l’énergie cristalline. Le plafond était invisible, amplifiant la sensation de plonger dans les limbes, même si celui-ci l’aurait sans doute été si les fenêtres, visible de l’intérieur, n’avaient pas été totalement bloqué. Abominablement grandiose, le hall était immense, dépourvu de Brume, conçu de façon à ce que ceux qui s’y présentaient s’y sentent minuscules. Le groupe s’arrêta une seconde, et la voix de Lue perça le silence, questionnant le Chancelier. Curieux, Maël ne fut pas surpris d’apprendre qu’il ne s’agissait pas de sa première visite, mais rêvait que celui-ci leur en dise plus sur l’utilité qu’avait pu avoir cet endroit. Assuré de la sécurité de l’endroit, le diplomate ne parvint toutefois pas à se détendre, comme si le Hall faisait peser sur ses épaules le poids de sa grandeur. Au commandement de leur guide, le groupe se scinda.  

Que cherchons-nous ? demanda Maël.

Alors qu’ils pénétraient dans ce qui semblait être la pièce principale, Panoptès l’informa qu’il devait y avoir quelque part un escalier menant au sous-sol, qui mènerait lui-même aux tunnels ferroviaires qui parcouraient la ville. Levant finalement les yeux, Maël demeura coi devant l’extraordinaire disposition des lieux. Cette pièce était encore plus grandiose et oppressante que la précédente. Ses murs circulaires s’enfonçaient dans l’obscurité et son centre dévoilait une estrade gardée par d’écrasantes statues dont le visage demeurait dans l’obscurité. Le malaise de Maël s’amplifia alors. La lampe torche d’Aigrette balaya alors la pièce et les ombres se rétractèrent... tardivement. Le grigori avala difficilement sa salive, se sentant moins en sécurité que jamais.  

Vous m’entendez ? cria-t-il à l’intention des groupes dispersés dans l’endroit. Il vaudrait mieux rester ensemble !

Sa voix retentit dans un écho lointain, rebondissant sur les murs sans récolter de réponse. L’avait-on entendu ? Comme un réflexe, il dégaina lentement son épée, sans pourtant être convaincu qu’elle lui servirait. Était-ce une illusion, ou la pièce semblait plus sombre ? Les ombres semblaient se rassembler, comme si elles étaient vivantes... comme si elles avaient renoncé à se cacher. Ce n’était pas de simples ombres ! D’un geste, Maël transforma sa main en lumière. Elles fuirent immédiatement, disparaissant dans les coins les plus sombres tels des cafards grouillants. Il échangea un regard avec la Tartare à ses côtés, inquiet. Comment vaincre des ombres ? Il jeta un œil derrière lui, constata que l’endroit par lequel ils étaient entrés avait été mangé par la pénombre. Soudain, un cri d’horreur retentit, au moment où Ryker, Duscisio et Sergei les rejoignaient par une porte latérale. Unanimement, ils se dirigèrent vers le dernier groupe, leurs pas teintés d’une frénésie apeurée.  

Jessamy se trouvait là, l’air absent, les vêtements recouverts de tant de sang qu’on aurait dit que tout celui de son corps s’y était écoulé. Olaf et Artémis semblaient presque traumatisés, ce qui en disait long sur l’horreur à laquelle ils avaient échappé... Ou pas. Une demi-seconde, et le regard de Maël se riva sur la banshee, remarqua le bras au sol. Il lui semblait comprendre... n’eut pas le temps d’y réfléchir. Au même moment, elle cria, brandissant son nascent de lumière, provoquant d’instinct chez le grigori l’utilisation de son propre cristal. Son corps entier s’illumina, chassant avec l’aide de la miraculée les ombres qui les guettaient. Visiblement secoué, mais en contrôle de ses capacités, Olaf parvint à leur indiquer la direction. S’assurant d’éclairer tout le groupe, maintenant à nouveau réuni, ils mirent un à un le pied sur la première marche de l’escalier, silencieux face à l’horreur sans nom.

Résumé:
Sam 14 Déc - 19:03

Sombre affaire

Qui a éteint la lumière ?


L'ordre du Chancelier claqua dans l'air vicié, suffisamment autoritaire pour faire comprendre à chacun qu'ils ne devaient pas rester là. L'homme de pouvoir désigna un grand bâtiment noir et ils s'y précipitèrent, maintenant le pauvre Ryker qui avait subit une terrible blessure durant le retournement du bus et reçu des soins efficaces, mais loin d'être suffisant. La rousse resta près de la porte, surveillant leurs arrières, angoissée à l'idée de voir sortir une autre monstruosité de la brume. C'est d'ailleurs avec étonnement qu'elle constata que l'impressionnant bâtiment dans lequel ils se trouvaient désormais était exempt de toute trace de la malice. C'était... Vraiment perturbant maintenant qu'elle l'avait remarqué. Un profond malaise s'empara de la rousse. Qu'est-ce qui pouvait bien faire fuir la brume ? Elle n'était pas sûre d'avoir envie de le savoir. En revanche...

- Vous connaissez cet endroit ? Interrogea-t-elle le Chancelier sans ciller.

Il plongea son regard dans le sien, un regard sans âge, profond comme un gouffre dans lequel on pourrait se noyer, avant de lui répondre par l'affirmative. Il se désintéressa d'elle tout de suite après, et la Strigoi n'insista pas. Au moins, il admettait qu'il y avait bien plus de préparation derrière cet assaut qu'il n'y semblait au premier abord. C'était un début. Suite à ça, il ordonna qu'ils se séparent et Lue se retrouva à fouiller l'immense salle centrale.

Dans un coin, sous la seule fenêtre déversant sur la pièce une faible luminosité, elle trouva une sorte de vieux campement, restes de tentes au tissu élimé, tas de vêtements durcis par la crasse, et objets fatigués qui menaçaient se disloquer si elle les touchait. En se penchant pour vérifier l'intérieur d'un abri, un motif récurrent attira son regard sur le mur. S'avançant, elle le détailla puis recula, frappée par les mots gravés frénétiquement au couteau dans la roche : "Elle commande aux ombres, elle commande aux ombres, elle commande aux ombres...". Y avait-il un lien avec le fait que toutes ces affaires soient sous la fenêtre ? Et quoi donc commandait ? Aux ombres ? C'était quoi ces histoires ?

Un cri tira l'Opaline de ses réflexions et elle sortie en hâte pour rejoindre Panoptès qu'elle informa, inquiète :

- Il y a de drôle d'inscriptions dans une des tentes, elles parlent de quelque chose, et d'ombres... Nous devrions nous rassembler, ça ne me dit rien qui vaille.

L'homme aux traits enfantins avait visiblement fait un constat aussi alarmant, car il revint au même instant que le groupe avec l'amélioré. Tous avaient l'air aussi alarmés. Elle vit les ombres se déformer autour d'eux, les regarda avec horreur ramper vers eux, comme affamées. Ses yeux s'agrandirent d'effroi et quand Maël illumina la pièce, faisant reculer la menace légèrement, Lue comprit. S'ils ne fuyaient pas, toute cette histoire finirait mal, très mal.

Ils rejoignirent le troisième groupe au pas de course et le tableau choqua assez la jeune femme pour qu'elle s'arrête net. La Banshee, couverte de sang au point d'en repeindre le sol, pleurait, et les deux individus, face à elle, étaient en état de choc. Ce ne devait pourtant pas être si facile de surprendre le guerrier homme-loup. Cette remarque la fit frissonner davantage, mais déjà, ils partaient à reculons sous l'alerte donnée par la femme, terrifiée. Elle et Maël projetaient autour d'eux une violente lumière empêchant les ombres de s'approcher.

Guidés par le flair d'Olaf, secoué, mais efficace, ils descendirent dans un couloir éclairé de lampes dont l'éclairage carmin rappelait à la Strigoi son appétit non rassasié. Ils passèrent une porte, dévalèrent une volée de marches en béton et débouchèrent dans une station illuminée de toute part. Au moins, ici, ils ne craindraient pas les ombres. Ils pouvaient respirer... Elle se souvint que c'est ce qu'elle avait pensé en entrant dans le Hall des Dieux et se renfrogna. Un fumet bien connu lui vint alors aux narines : l'odeur du café froid. Son regard se posa sur le campement, clairement plus récent, qui se trouvait là, et plus précisément sur le réchaud qui se trouvait entre les deux tentes. C'est là qu'elle remarqua que ses jambes tremblaient toujours et elle rit nerveusement, sifflant entre ses dents plus pour elle-même qu'à l'intention des autres :

- Quelques minutes de répit, c'est trop demander ?

Elle s'adossa contre le mur, pinça l'arrête de son nez entre son pouce et son index et prit le temps de se calmer, caressant la pierre de Fortune sans même le réaliser. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale. Combien de fois, encore, frôlerait elle la mort dans cette aventure ? Elle se dirigea vers la Banshee, puis, ôtant sa cape, elle la passa sur les épaules de la créature digne des mythes avec douceur et referma la fibule sur sa poitrine en lui chuchotant, mal à l'aise et désolée :

- J'aimerais avoir mieux à te proposer... Est-ce que... Est-ce que ça va ? Vous aviez l'air vraiment secoués tout à l'heure...

Elle se tourna ensuite vers le Chancelier et la colère fit bouillonner son sang quand elle l'invectiva, s'avançant vers lui pour s'arrêter à un bras de distance, les joues écarlate et le regard acéré. Oh, elle n'espérait pas l'impressionner, elle avait simplement les nerfs trop à vif pour se taire plus longtemps.

- Vous étiez au courant pour cette chose ?! Vous avez l'air trop bien informé pour ignorer qu'un tel danger existait. Entre les engins, la facilité avec laquelle vous vous repérez dans la ville, et vos connaissances à son sujet, il serait peut-être temps de dévoiler un peu vos cartes si vous espérez qu'on vous suive aveuglement au bout de ce chemin qui a clairement l'air de nous mener à une mort certaine. Vous avez parlé d'un laboratoire. Qu'est-ce qui nous attend là-bas ? Quels autres dangers risquons-nous de devoir affronter ?

Résumé:

Dim 15 Déc - 22:51

Maître du Jeu

Il n'a pas haleté une seule fois. Vous auriez pu supposer qu'en raison de son grand âge apparent, le Chancelier n'aurait pas réussi à survivre à la course poursuite avec les ombres. Qu'il se serait cassé quelque chose en renversant le bus. Mais il n'en était rien. Pendant tout ce temps, il a conservé un calme léthargique, comme s'il possédait un atout dans sa manche. Fusse-t-il pressé de retrouver le Mandebrume, il n'en montrait rien comme s'il savait qu'il arriverait en temps et en heure. Vous venez de visiter l'un de ces endroits de cauchemar qui dorment dans un recoin de sa mémoire, à présent vous voilà dans un autre. De retour dans le métro zénobien, à attendre sur les quais un train qui ne viendra jamais. Il fait bien volontiers le deuil de sa clé pour un moyen de transport, qu'il aurait une fois de plus probablement trouver sur les voies. Tout ici est endormi et ne demande qu'à reprendre du service, malgré le danger qui rôde à chaque coin de rue.

Il a avisé un tabouret laissé là par les visiteurs précédents. Il sait précisément de qui il s'agit : à présent les voilà à rôder dans les Limbes pendant qu'ils parlent, encore bien loin de leur objectif. Mais ils s'approchent. Voilà plusieurs jours qu'ils ne cessent de réunir les indices permettant de se repérer, de tracer le chemin. Le reste de l'expédition n'en a aucune idée, mais lui voit l'horloge qui tourne ; il regarde l'élémentaire de plantes qui le regarde en retour : il lui faudrait... mais plus tard.

Distribution de rations, mais Panoptès ne mange rien. Il semble inébranlable, là, en penseur de Rodin sur son siège bas, à attendre Demephor sait quoi. Il y a eu des blessés, mais en somme tout le monde va bien. Parfait, car c'est à partir de maintenant que les choses vont se corser et il va falloir au groupe être solide. Les regards, tous azimuts, sont de plus en plus septiques, ils interrogent leur leader aux secrets bien gardés. Finalement, c'est la jeune Tartare qui se lance. Ironie, quand tu nous tiens...

« - Il est effectivement temps de vous dévoiler la vérité, » commence le vieux diplomate en saisissant une tasse vide, le fond noir de marc séché. Bon. Il la jette. « Non, je ne savais pas pour cette chose. Je connais simplement cette ville, mais ces souvenirs ne sont pas les miens. Ils sont ceux de celui qui était avant moi, celui dont je suis né. »

Les dangers qui nous attendent ? Ces aventuriers ne se sont-ils pas engagés dans cette mission sans savoir ? C'est du suicide, personne n'en reviendra. Peut-être même n'arriveront-ils même pas à stopper le Mandebrume, mais Alexander aurait tout de même essayé.

« - Ce que vous devez savoir : je connais cette ville comme si j'y avais vécu, il y a plusieurs millénaires. Notre objectif, le Laboratoire Demephor, m'est aussi familier que les quartiers généraux de l'Alliance à Andoria, car c'est là que je travaillais dans une vie passée, si l'on peut dire ça ainsi. Et durant cette existence, j'étais le frère de notre ennemi juré et celui qui a donné son nom à ce continent où chacun d'entre vous est né. Je ne pense pas qu'il aurait apprécié un tel crédit, mais nous y voilà. »

Des regards ahuris dans l'assemblée, quoi de plus normal. Ce n'est pas quelque chose de simple à expliquer. Peut-être commencer par sa véritable nature ?

« - Je ne suis pas un humain, pas plus qu'un strigoi et encore moins un spectre. On nous appelle hespérides, mais bien peu de choses nous unissent à part une longévité extraordinaire. Nous naissons de la nature elle-même, des plantes et des rivières dont nous sommes les protecteurs. Et quand je suis né, j'étais connecté à cet arbre dont les racines s'étendent sous l'enclave, offrant leur protection contre la Mer de Brume. Je suis né d'Uhr, de l'Arbre-Dieu, du corps métamorphosé à tout jamais d'Alexander Svetlanov, directeur du Laboratoire Demephor de son vivant, où nous nous rendons pour stopper son frère, Nikolaï Svetlanov. Et je possède ses souvenirs. »

Voilà pour le comment du pourquoi. Il n'a pas révélé tous ses secrets. En vérité, ce qu'il se permet de faire ensuite restera une énigme pour le principal intéressé. Duscisio se tient bien plus droit et est bien plus prompt à laisser son instinct parler que n'importe qui dans l'assemblée. Panoptès s'approche donc et pose sa main sur son épaule :

« - Je ne fais que dessiner l'itinéraire, mais si l'on sait comment trouver le Mandebrume, c'est grâce à toi. Higgs. »

Aussitôt, le regard de l'élémentaire devient vitreux, comme éteint. Il ne se rappellerait pas cette discussion, c'était du moins ce que le Chancelier avait pu voir lors de leurs précédentes interactions. La bouche se tord de façon peu naturelle pour laisser sortir une voix sans intonation, quoi que plus grave.

« - Toujours aucune trace du Mandebrume dans les Limbes, il doit amasser ses forces dans notre monde pour lancer l'offensive... »

L'hespéride retire sa main, rendant son libre arbitre au cobaye. Il ne sait  pas vraiment comment le Magistère s'y est pris, mais c'est l'unique moyen de communiquer sur de longues distances dans la Brume. Et sans cet accès aux renseignements d'Opale, ils navigueraient à l'aveugle.

« - Je n'ai pas d'autres secrets à vous dévoiler pour l'instant. Vous savez à peu près tout. Et sachez que je ne vous mène pas au devant du danger sans la certitude de me sacrifier le premier, s'il existe un fin espoir que le Mandebrume soit vaincu. Maintenant, reposez-vous ; nous levons le camp dans trente minutes. Si je ne me trompe pas, cette ligne dessert le laboratoire, » conclut le Chancelier en pointant l'un des deux tunnels qui cerclent la voie ferrée, avant de se mettre à arpenter le quai.
HRP:
Jeu 19 Déc - 17:32



Zénobie / Noble batiment

Uhr 1901



Il est probable que nous ne revenions pas indemnes de ce voyage.

C’est bien une phrase que l’on peut retenir aujourd’hui en venant ici. Inutile de le nier. C’est assez évident. Dès leur entrée dans le tunnel, il n'a eu que trois rencontres. La première leur a explosé deux fois à la figure. La deuxième se cache dans l’ombre et la dernière n’est que cette ombre elle-même.
Malgré ses demandes silencieuses, Duscisio n’a aucune réponse de la Brume alors qu’il lui demande à l’aide. L’écoute-t-elle ? L’entendent-elles ? Sans doute que les secrets de la Brume ne se résolvent pas par de simples échanges de signaux orales, visuels ou symboliques. Mais faire confiance envers Panoptès, cela n’est pas encore possible. Il ne lui a toujours pas donné raison de sa venue ici et il ne l’aura peut-être jamais. Cela ne retire pas l’objectif de l’élémentaire qui, pour le moment, reste encore bien secret. Pour combien de temps ?

Leur séparation dans ce bâtiment noir n’a pas duré très longtemps. L’hostilité non prouvée des ombres pour son groupe reste vague, mais la volonté de se rester ensemble à la première contrariété n’a pas été contredite. Sergei et Duscisio ont eu une vague idée de ce que ses ombres sont, et ne semblent juste pas aimer la lumière. Et si on l’a coupé ? La porte fermée entre eux n’a pu montrer leur intention et c’est mieux ainsi. Quoique… Le dernier groupe parait en avoir une petite idée d’après les cris.

L’un des membres du dernier groupe était recouvert de sang et les autres en état de choc. La lumière que la blessée émet l'est par l’un de ses objets dont l’humain a le secret, ce qui leur permet d’éloigner les ombres très agressives. Elle n’a pas l’air d’avoir la moindre plaie et pourtant… Le luxe de quelques minutes de répit ne se trouvait donc que dans cette locomotive et ce bus qui sont réduits au silence ?
Le calme se transforme en question puis en colère. Soupçonné d’en savoir plus qu’il ne veuille le dire, Panoptès est assommé de questions par la Strigoi sur l’avance même de ses connaissances du terrain. Les bonnes questions sont posées, Duscisio n’a pas besoin de la reprendre. Observant la scène, l’apothicaire pourrait dire qu’ils sont sur la même longueur d’onde.

Il n’a plus vraiment le choix et décide de répondre. Sa nature, la ville, des souvenirs qui ne sont pas les siens. Un Hespéride, l’élémentaire, en a eu vent grâce à la vision que lui a donnée l’arbre-monde lors de leur connexion. Le chancelier viendrait de là en plus d’avoir pris le corps de ce dénommé Alexander Svetlanov. Le voilà qu’il s’approche de lui, pose une main sur son épaule et la retire sans un mot.

— Ce n’est pas en révélant vos origines ou par ce simple geste que je vous ferais confiance.

Duscisio n’a aucune conscience de ce qu’il se passe. Pas un seul instant, il n’y a eu d’absence, juste un geste, sans un mot.

— Votre arbre, votre nid. Je suis peut-être responsable malgré moi de l’avoir aidé à s’éteindre. Ça ne change pas au fait de ce que j’ai vécu ensuite… Vos scienti… Il s’arrête un instant… Les monstres qui ont transformé mon corps ont préféré cela à attendre quelques mois pour reprendre une forme adulte. Pour des informations qui seront tombées un jour ou l’autre. Même sans moi.

Il écarte son col de ses deux mains pour montrer le torse mi-humain, mi-amas de ronce qu’il ne cachera que parce qu’il n’est pas bleu et ne parcourt pas certains interstices. Les quelques fleurs blanches parcourues de bleu dans sa chevelure d’argent qui se font discrètes par manque de luminosité. Sa pâleur bien plus maladive qu’avant, ses yeux bien plus rouges que les rubis sang de pigeon qui les habillaient.

— Regardez-moi ! Crie-t-il soudainement. Cette chose m’empêche de retourner à l’état de graine pour me régénérer. Peu importe pourquoi vous m’avez amené ici, je n’ai que deux objectifs. Et le premier est celui de me débarrasser de cette corruption pour être à nouveau moi-même.

Duscisio exprime clairement son ressenti.
Le haut de son corps fait pousser quelques ronces, comme s’il se hérissait de longues épines pour exprimer sa colère.
Une colère immense qu’il ne cachera pas, dirigée vers ceux qui lui ont fait ça. Qui pourrait également se tourner vers l’humain, mais il est encore trop proche d’eux pour ça. Il a rencontré de belles personnes durant ses soixante dernières années, il aimerait que ça continue pour les neuf siècles suivants qui lui sont estimés.

— Si je suis aussi là, c’est pour en savoir plus sur la Brume… Elle m’obsède…

Il ne continuera pas ses paroles et tâchera de faire naturellement tomber ses ronces excédantes pour reprendre la forme de l’élémentaire calme qu’il a toujours gardé jusqu’à maintenant. Si certaines tiges ont traversé le tissu, elle n’en laissera que quelques trous sur le haut de son dos.
Il n’avouera pas qu’il ne peut y arriver seul, d'autant qu’il a avoué ne pas avoir confiance à ce chancelier, ni même au groupe, malgré le fait qu’il connaisse quelques personnes. La présence bien qu’utile de Sergei continue de l’irriter et il n'a aucun avis sur ceux qu’il rencontre pour la première fois dans cette aventure.

— Laissez-moi retrouver… ma nature de belle rose blanche pure et innocente que je suis toujours au fond de moi…

Cette prière, il l’adresse autant au groupe qu’à la Brume si elle veut bien l’entendre. Une détresse dans sa voix alors qu’il s’abaisse et s’agenouille au sol comme s’il allait véritablement pleurer. Ses yeux fermés, les mains au sol.

De la détresse d’un élémentaire, on passe à une silhouette de plus en plus opaque. Si Duscisio l’ignore qu’en partie, il tournera la tête en pensant qu’il s’agit de la réponse qu’il attend, mais il est vite pris d’une certaine déception. Néanmoins, ils ne sont pas les seuls à être ici, mais ne saisissent pas la moitié de ses paroles. Qui délivre qui ? La voix et l’expression de douleur de l’enfant donnent l’impression que l’élémentaire et lui sont dans la même situation. Il ne prend pas cet objectif de mission comme le sien et donc… ne le prend pas comme une réponse directe. Un nouveau nom apparaît, le Réplicateur, qui serait capable de les absorber.

Résumé:

Jeu 19 Déc - 23:08

Révélations

Alexander Svetlanov



Le Patrouilleur était encore haché par les efforts déployés par son corps pour le remettre d'aplomb. L'élémentaire avait été généreux mais il avait décliné, toujours gêné par ce qu'il avait subi et dont il se sentait un peu coupable - en dépit de ce qu'il avait lui-même subi. Il avait profité de ce bref instant de répit pour surveiller l'arrière pendant que d'autres menaient les explorations. Les ombres, la lumière. Les cris. Il perçut l'appel grâce à son ouïe exacerbée par le cristal d'écholocalisation. Mais ils furent tous secoués par l'image de Jessamy couverte de sang, d'Olaf perturbé. Ils avaient couru dans le dédale incessant, avaient senti les crocs de ces choses priser leur chair. Il y avait là des choses anciennes et terribles ... qu'ils n'avaient pas le temps d'affronter. Pas les forces. Ils visaient un seul homme, un seul être. Celui qui était à l'origine de tout cela. Il profita de leur fuite, de l'endroit où ils trouvèrent refuge. Sans qu'il ne sache pourquoi, une place épargnée. Ils avaient traversé la mort, une torche pour seul rempart contre leur fin. Que cet endroit fut épargné était ... improbable. Il s'assit lourdement. Le poids sur ses épaules semblait se gorger des révélations du Chancelier. Il serra les dents, leva les yeux vers le plafond. Rangea un papier froissé sous son gambison. Plié, déplié. Maintes fois parcouru.

- Alexander Svetlanov ... murmura-t-il à l'attention du Chancelier. Vous saviez. Vous saviez pour l'Arbre-Dieu ? Et vous m'y avez quand même envoyé ?

Il laissa quelques secondes s'écouler, réverbérer l'écho de ses paroles.

- Si ... Hm. Artémis et moi avons vu son état. Nous y sommes allé, sur notre chemin pour venir ici. Et vous saviez ... reprit-il en levant les yeux vers Duscisio.

L'état de l'élémentaire était horrible au regard de ce qu'ils avaient subi là-bas. Il venait d'accuser le coup de la culpabilité de ce qui était arrivé à l'Arbre-Dieu, des conséquences de son acte. Elyesa Muridas semblait avoir eu des difficultés dans son entreprise, de sacrifier des âmes volontaires pour tenter de préserver l'Arbre. Le Patrouilleur frissonna en pensant à ce que le Chancelier venait de leur révéler. Panoptès ... Alexander. Ryker s'apprêtait à continuer son lot d'accusations mais resta bouche bée. Lorsque le Chancelier posa sa main sur l'épaule de l'élémentaire, offrit la parole à Higgs. Il resta interdit, aux mots, à la tonalité. Aux yeux vitreux de Duscisio. Aux conséquences, à la folie démesurée de ces deux hommes. Higgs ? Les Limbes ? Son armée ? Mais quel était ce foutu bordel ? Il inspira, expira. Refoula la vague de violence qui montait en lui. Se calma, musela cette part de Brume qui hurlait au fond de lui. De plus en plus fort, de plus en plus violente. Il savait vers quoi ils se dirigeaient. Demephor le leur avait dit ... et la Lettre. Il posa sa main sur son coeur, proche de là où le papier trônait, et ses lettres magnifiques. Ses mots soyeux, parfumés. Sa plume, son accusation. Ryker posa sa main sur son épée. Caressa sa courbe, se projeta sur ce que ferait son fil de la nuque du Mandebrume. D'Arkanis. Du frère du Chancelier. Ou de son oncle, selon comment on considérait l'arbre de famille.

- Vous saviez pour tout. Dainsbourg, le cristal sous Sancta. Le pouvoir Divin retrouvé du Mandebrume. Ce qui attend Uhr si l'Arbre-Dieu meurt. Tout. Je ... ne voulais y croire, jusqu'à présent mais vos mots ... changent tout, Panoptès. grogna-t-il en se levant.

Ryker s'avança d'un pas vers le Chancelier, sentit les regards de Sergeï et Aigrette se tourner vers lui. Des mains se déporter avec légèreté vers leurs armes.

- Uhr faisait donc partie des dieux qui ont enfermé Nikolaï sous Dainsbourg. Et vous êtes son incarnation ici. Je ne vous ai donc rien appris lorsque je suis revenu d'Yfe, c'est ça ? Le Réplicateur, la Brume. L'origine de la chute de l'Empire. Demephor, son emprisonnement. Tout ça ... pour rien ? Le monde méritait de savoir, mais rien ... la Brume menace l'Enclave comme elle ne l'a jamais fait jusqu'à présent. Ainsi donc, notre objectif ... il cracha à terre, attrapa la lettre qu'il dissimulait et la jeta aux pieds de Panoptès.

- ... c'est de détruire le Réplicateur. Le porteur actuel d'Omniscience ne s'est pas fourvoyé.
conclut-il, conscient que cela avait de grandes chances de signifier sa mort à lui aussi. J'espère que vous avez pris de quoi museler un dieu, Panoptès, car je n'aurai pas assez mithril sur moi pour en enchaîner deux.

Il se tourna vers Duscisio qui semblait dévasté, abusé par le Magistère et ses plus viles pratiques. Bien qu'il n'en sut rien, l'implication de Higgs le signifiait bien ... Quoi qu'Epistopoli aurait pu ... Il chassa ces idées. Planta son regard dans celui de Panoptès et revint vers le pauvre élémentaire torturé. Ses épines, sa souffrance. Que deviendraient les créatures issues de la Brume si celle-ci venait à ... Il serra le poing. C'était un espoir qu'ils poursuivaient. Un mince espoir, de protéger le monde face à la Brume. Face à la fin de l'Arbre-Dieu et d'Uhr.

- Vous êtes pétri de secrets, Chancelier, mais je sais que si vous pensiez à notre survie, vous les auriez conservé encore plus longtemps. Votre nature éclaire un certain nombre de mes questions. J'ai juré fidélité à l'Alliance, et j'honorerai ma parole. Dans l'espoir de protéger Uhr et de la purger de la Brume. L'Errance me guette, vous le savez, mais cela reste bien bas de votre part de frayer avec le Magistère. Je gage que leur service était ... essentiel. Tout comme dans cette course vers Zénobie. Ce n'est pas de gaieté de coeur, mais vous pourrez compter sur ma lame jusqu'à la fin. Votre vie représente plus que la mienne, et c'est pour cela que je suis ici. continua-t-il, un léger regard vers Lue. Que nous sommes tous ici. Vous n'avez aucun compte à me rendre, je le conçois. Mais vu que nous sommes à l'heure des révélations ...

Puis il lui tourna le dos et la tension redescendit un peu. Il avait sa main crochetée à sa ceinture et se sentait un peu fébrile de s'être ainsi emporté face à l'un des hommes les plus puissants d'Adhra. Il grommela quelque chose et s'assit de nouveau pour s'occuper de ses armes. Trente minutes, hein. Et ce serait le laboratoire. La suite, la fin peut-être ? Il soupira de nouveau. Releva la tête.

- Si l'un de vous veut régler ses comptes ou nous révéler quelque chose d'utile pour la suite, c'est peut-être le dernier moment où nous pourrons le faire. Arkanis désire utiliser l'appareil aux origines mêmes de la Brume pour faire je ne sais quoi. Je ne sais pas de quelle offensive parlait le Edmund Higgs, mais ça sent la mort. Dieu sait que j'aurai aimé entendre une autre voix que la sienne avant d'aller mourir au combat.


HRP:
Ven 20 Déc - 17:54

La revenante n’a d’yeux que pour le membre mort agrippé à sa canne. Une ruine. Un vestige d’une vie dévorée. Elle détaille ses couleurs affadies, les cicatrices qui relient les doigts de la Banshee mutilée au bras humain de Myste gorgé. Le cristal l’a refait à l’identique. C’est son bras. Ce n’est pas son bras. Sa bouche est aussi pâteuse que ses yeux sont mouillés. Elle ne sait pas encore quoi faire de ce bijou macabre. Dans le doute, elle le décroche, phalange après phalange. Au toucher de sa peau inerte, un rictus dégoûté lui déchire le visage. Des hauts le cœur se nouent dans sa gorge alors qu’elle jette la chose dans sa sacoche sertie d’un nascent de spatiokinésie. Un morceau d’elle flottant dans le vide.

Tous auront vu ce choix.

Tous l’auront vue descendre dans les abysses, lumière portée haut, excavant les ombres carnassières. L’idée d’avoir accompli un exploit ne l’effleure pas. Ses mots demeurent empêtrés dans son crâne, ses pensées effilochées. Elle a l’impression de flotter, alors qu’une membrane de cruor coagule à sa peau ses vêtements trempés. Le fluide vital goutte derrière elle, se mêlant à la poussière de nouveau soulevée.

Encore un endroit bizarre. Pensive, Jessamy trouve un endroit où s’asseoir, observant Panoptès du coin de l’œil. Encore une fois, il se comporte en habitant de ces lieux. D’une main distraite, elle glisse une part de ration dans sa gueule et la mastique lentement. Relève la tête quand une ombre passe devant son visage et que quelque chose se pose sur son dos. Ses babines frémissent : c’est chaud. Doux. Son regard se lève pour croiser celui de Lue, lui laissant tout le loisir de refermer la cape sur sa gorge dévoilée. La perplexité tire sa tête un peu sur le côté, alors que l’inquiétude sincère de la Strigoï la frappe. Sa bouche s’entrouvre, laissant passer ses mots dans un souffle :

« Merci. C’est déjà beaucoup. »

Son sourire reconnaissant se fane aussi vite.

« Olaf a failli se faire dévorer par les ombres, et je l’ai défendu., fait-elle. Je ne m’entends pas avec le Magistère. Mais je me souviendrai de ton geste. »

Elle n’oubliera pas non plus la salve de questions lancée au Chancelier. Les hochements de tête appuyés de la Banshee appuient l’offensive de son alliée. Quelque chose dans sa cage thoracique se soulage lorsqu’il révèle ne rien savoir de ses meurtrières. Puis la confusion s’empare aussi bien d’elle que de ses camarades. Ainsi, Panoptès serait un autre ? Né de cet autre ? Le… frère du Mandebrume ?

Le nom de Higgs la glace presque en même temps que l’élémentaire. Elle se ratatine dans sa cape lorsque la bouche de celui-ci s’ouvre à marche forcée, vomissant les syllabes du président d’Opale. Elle n’y fait pas attention. Une colère sourde lui tord les viscères. Une colère qui jaillit du plexus de Duscisio en épines aiguisées. La couleur qui illumine sa peau ne laisse aucun doute. Elle sait l’horreur qui l’a encagé dans un corps qui n’est plus le sien, objectifié et souillé. Se demande s’il y a seulement un moyen pour lui de revenir en arrière. De revenir sur ce qu’il a fait.

« Qu’est-il arrivé à l’Arbre-Dieu ? », articule-t-elle, davantage effrayée par la réponse.

La Banshee cherche une réponse dans les yeux de ses camarades, sans vraiment la trouver ; tous ont l’attention rivée sur le Patrouilleur qui s’approche du vieil homme. La rancœur mise à nu se heurte à une perplexité impavide : par un seul mot du Portebrume ne trouve grâce auprès du Chancelier. Jessamy, elle, a bien vu la lettre qui gît à ses pieds ; elle a entendu ses dires, répétés par la voix de Ryker. Inutile de sortir sa propre missive : celle-ci doit être imbibée de sang mystique. Illisible. Ses secrets bien gardés dans la mémoire reconstruite à l’identique. Le Réplicateur. Le mithril. Et cette foi scellée à l’encre.

Jessamy s’avance un peu, ramenant les plis de la cape autour de son corps. Sa voix porte vers le Chancelier.

« Moi aussi, j’ai reçu cette lettre. Je pense que la piste est solide. Si Ryker dit vrai, alors c’est l’héritier du cristal de Demephor qui nous envoie. »

Ses phalanges se resserrent un peu sur la poignée de sa canne.
Jessamy n’imaginait pas le médecin user d’un tel vocabulaire pour la guider. Quelque chose ne colle pas. Elle se doute qu’encore une fois, celui qui a assisté avec elle au trépas de l’Hulule en sait davantage.

« Si on trouve le Réplicateur, alors le Mandebrume sera démuni. On peut l’utiliser pour l’affaiblir avant de le trouver. »

Ses prunelles soutiennent le regard de Panoptès ; elle voudrait y creuser, pour y arracher son approbation. Et déceler peut-être, dans cette tête pleine de souvenirs, le chemin vers le Réplicateur.

Résumé:
Sam 21 Déc - 22:22


Le temps d’un instant, il se pétrifia. Voir la mutante mourir sous ses yeux impuissants était probablement l’une des choses les plus horribles à subir. Il n’eut même pas le temps de lâcher un son. Il resta muet, immobile, comme mort de l’intérieur. Le temps parut long. Immensément long. Elle ne bougeait plus. Son corps demeura ainsi un long moment. Artémis commença à descendre pour la voir, la toucher. Ce fut à cet instant qu’une chose se mit à brille, un cristal. Peu de temps après, Jessamy retrouva la vie et hurla le retrait. Soldat avant toute chose, Loup Blanc obéit en faisant fi des pensées qui tourbillonnaient en lui. Chacun avait ses secrets et son amie avait les siens. Ce cristal d’Immortalité, il avait une idée du moment où elle l’avait récupéré. Il inspira un bon coup, expira très longuement pour passer à autre chose. Cette expédition, comme bien d’autres, ne permettait pas de se perdre dans des choses si futiles. Plus tard, Artémis verrait la Banshee ranger son défunt bras dans une sacoche. Il préféra de ne pas rebondir et faire comme s’il n’avait rien vu.

Grâce à ce sacrifice, le trio put retrouver le reste de la bande. Ils se retrouvèrent sur les quais du métro, une fois encore. Artémis se doutait qu’ils n’auraient pas le droit à un voyage en train de coup-ci. Ils se reposèrent un petit moment après avoir écouté les révélations du Chancelier et mangé leur collation. Les révélations furent assez déroutantes. Le Chancelier Panoptès était en réalité un Hespéride, ce qui expliquait en réalité bien des choses. Par ailleurs, son explication démontra également qu’il avait connaissance de diverses choses par lesquelles certaines personnes ici présentes, dont Artémis, étaient passées ou avaient pu constater. Un coup d’œil vers Ryker s’imposait. Des deux hommes, le Patrouilleur fut certainement le plus troublé. Il avait juré fidélité à l’Alliance et tiendrait parole même si cela le contrariait peut-être à présent. Un homme de parole comme on n’en faisait plus.

Un affrontement fratricide. Sans déconner, songea le vagabond.

Il était difficile d’ignorer toutes ces révélations. Le vagabond savait néanmoins que ses émotions ne devaient l’entraver dans cette quête. Il était ici en temps que soldat expérimenté et devait assurer le bon fonctionnement de l’opération. Reste fort, lui avait dit Réno son départ. On pouvait facilement céder à la panique, à la colère et à la frustration. Seuls ceux dotés d’un sang-froid imperturbable – ou presque – survivaient. « J’ai reçu une lettre semblable. Le destinataire nous semble tous évident. », dit-il en scrutant les regards de ses camarades. « En ce qui me concerne, Chancelier, je n’aurais – pour l’instant – aucune question à vous poser. Si nous survivons tous à cet enfer, il se pourrait que vous ayez à m’éclairer quant à la survie de l’Arbre-Dieu. Pour l’heure, concentrons-nous sur notre objectif. C’est déjà bien assez. »

La demi-heure s’était écoulée rapidement. Panoptès somma à ses soldats de reprendre la route. Le groupe suivait le chemin de fer qui les enfonçait peu à peu dans un sombre tunnel qui, d’après Alexander, devrait directement mener à la station du laboratoire. Jusqu’ici, tout se déroulait pour le mieux. Aucun danger apparent, les sens du canidé le rassuraient sur ce point. Néanmoins, s’il avait déjà remarqué une variation dans de la Brume, jamais le Portebrume n’avait rencontré une telle opacité dans celle-ci. A mesure qu’ils approchaient de leur destination, la petite silhouette réapparut. Ce même garçon qui portait toujours ce ballon sous le bras. Il était difficile de voir devant soi, mais ce jeune personnage était bien discernable. Artémis resta silencieux mais le jeune prit la parole : « Oui, vous y êtes presque. Ils sont allés là-bas eux aussi. Mais ils ne sont pas là pour nous délivrer, non... », dit-il avec une pointe de déception. Non, ce n’était pas cela. Plus qu’une simple déception, on lisait en lui une profonde souffrance, allant jusqu’à afficher une expression de douleurs sur son visage. « L'objectif de votre mission est vain. Comment sauver ce qui est déjà perdu ? Vous serez absorbés vous aussi. A moins d'arrêter le Réplicateur... »

Loup Blanc partagea les informations avec l’ensemble du groupe. Chacun est libre d’en penser ce qu’il voulait, il avait la part de son marché. Cela dit, ce message n’était pas de bon augure. Plus ils avançaient et plus leur passage semblait vain. Artémis était partagé entre le désir de poursuivre et celui d’éviter des pertes inutiles en prenant la fuite. Où est passé le jeune et fougueux explorateur que je fus ? Une excellente question en somme. La vie des autres semblait prendre une certaine importance avec l’âge. Comme l’avait très justement rappelé Ryker, l’Errance approchait et le portebrume désirait certainement laisser une bonne image derrière lui. Ses songes lui firent perdre toute notion du temps. Des minutes, des heures, difficile de le savoir dans cette obscurité et cette qui obstruaient toute visibilité. Mais lorsqu’il fut difficile de respirer, l’homme aux cheveux d’albâtre s’arrêta. Le Chancelier acquiesça et dit : « C’est ici. »

Décrire le décor serait un mensonge. On n’y voyait rien, on peinait à respirer, la dynamique était à l’avancée plus qu’à la contemplation. Ils entrèrent dans le laboratoire. Encore moins d’oxygène. On frôlait l’asphyxie. Poursuivre serait totalement suicidaire. Une fois encore, l’homme aux cheveux d’albâtre se tourna vers le Chancelier, le regard lumineux derrière lequel on pouvait imaginer des yeux rouges injectés de sang. Ce dernier les guida vers des escaliers de service qui les menèrent vers l’étage supérieur. Il connaissait une pièce dans laquelle on pouvait peut-être trouver des combinaisons pour poursuivre la route. Le temps pressait. Respirer devenait un luxe. Chaque inspiration était peut-être la dernière. Mais, enfin, ils débouchèrent dans une salle dépressurisée. Libération. Néanmoins, malgré la dépressurisation et la lumière, la vision était toujours obstruée. Seulement quelques lueurs de chaque côté, permettant ainsi de trouver les fameuses combinaisons tant convoitées.

« Poursuivons. », tonna Panoptès à sa troupe maintenant équipée.

Soldat De Goya obéit. Il fallait avancer coûte que coûte, sans perdre une minute. Hélas, pour une raison qu'il avait identifié, son bras continuait d'avoir quelques mouvements spasmodiques. Il tenta de le cacher au reste du groupe, mais le regard inquisiteur de Ryker semblait se douter de quelque chose. D'un geste de la tête et d'un regard confiant, Artémis voulut faire comprendre à son ami que tout était sous contrôle. Ce n'était évidemment pas le cas. Cependant, l'illusion devait demeurer pour ne pas semer le doute dans l'esprit du groupe. Le groupe avant tout. La meute avant tout.

Résumé:
Dim 22 Déc - 16:45

Hallucinations

Etre ou ne pas être...


Les mots de Jessamy lui réchauffèrent un peu le cœur, avant de la poignarder sans faux-semblant, et l'Opaline lâcha tristement, presque abattue :

- Je crois que c'est le cas de beaucoup de monde... Contente que vous vous en soyez sortis.

S'ensuivit sa tirade à laquelle le Chancelier lui répondit, à son grand étonnement, avec bien plus d'honnêteté qu'elle ne s'y était attendue. À mesure que ses mots se chevauchent les uns, les autres, les yeux de la rousse s'agrandissent, s'arrondissent jusqu'à atteindre le maximum de leur capacité. Incapable de prononcer un seul mot en retour, elle se tait, choquée, intriguée, mais sans perdre la face pour autant, elle recule simplement d'un pas, son cerveau analyse à deux cents à l'heure. Le cœur de la Strigoi loupa un battement quand la personnalité de l'homme à la longue chevelure blanche s'effaça et qu'elle reconnue la voix du Président.

Qu'est-ce que ça voulait dire ? L'homme était il au courant d'avoir été transformé en talkie-walkie vivant ? Probablement pas vu la façon dont il l'interrogea à son tour... Lue n'approuvait pas du tout... L'individu en question dévoila soudain l'horrible chirurgie qu'avait subit son corps et elle eu un rictus de colère envers ceux qui lui avaient fait cela. Ils avaient visiblement tous des objectifs à remplir dans cette aventure, où avaient été manipulés pour être là.

Par contre, Higgs... Venait-il de sous-entendre que l'affrontement final aurait lieu dans les limbes ? Et avait-il parlé de rassembler des forces ? Dans la brume ? Quel genre d'atrocités allaient-ils encore devoir combattre de front... ? Panoptès désigna le tunnel, leur annonçant qu'ils en savaient assez et qu'ils rejoindraient le laboratoire par là. Comme il avait annoncé qu'il connaissait l'endroit, la jeune femme avait au moins la certitude qu'ils ne se perdraient pas, mais de là à lui faire aveuglement confiance. Non, il y avait décidément quelque chose qui clochait avec toute cette histoire.

Et ceux qui en savaient plus qu'elle prirent la parole à leur tour. Si la froideur précédemment éprouvée par ce Ryker l'avait un peu déçue, force était de constater qu'il était bien plus impliqué qu'elle dans toute cette histoire. Tous les événements qu'il cita n'étaient que de brefs éclats qu'elle avait surpris ici et là lors des réunions au Magistère, dans les rumeurs des tavernes, et d'autres dont elle ne savait rien. Qu'était-ce que cette histoire de Dieux ? Et pourquoi lui jetait il ce regard plein de sous entendu ? Elle ne savait rien de plus que lui, plutôt bien moins, au regard de tout ce qui venait d'être avoué durant ce long échange.

Le Réplicateur serait donc la chose responsable de la brume ? La chose ayant tué sa famille, absorbée l'amour de sa vie... Quelque chose se serra dans sa poitrine. Jessamy vint appuyer les révélations de Ryker, parla de Demephor, d'un cristal, et encore du fameux Réplicateur. Cette chose semblait au cœur de leur mission, mais... Quelque chose dans le fait de le confier à Panoptès la mettait étrangement mal à l'aise. L'homme-loup avança posséder la même missive et Lue se demanda ce qu'elle faisait là. Vraisemblablement sa présence n'était qu'un coup du sort, elle ne savait rien, n'avait rien qu'aucun autre soldat lambda aurait pu avoir.

Bientôt, ils repartirent. La Strigoi n'avait rien mangé, son esprit embrumé par trop d'informations qu'elle ne savait comment traiter. La brume se densifia dans le tunnel, le silence les noya, la pression les écrasa. Chaque respiration devint pénible et avant d'oublier son raisonnement sous le joug d'une nouvelle attaque d'elle ne savait quoi, Lue se rapprocha de Jessamy, se calant sur sa démarche pour chuchoter le plus bas possible bien qu'elle sache que d'autres l'entendraient peut-être :

- Je ne suis personne, et vous me détestez tous pour ce que je suis, qui pourrait vous en vouloir... Mais peut-être que toi, ils t'écouteront... Je ne suis pas sûre que remettre le Réplicateur à cet Hesperide, ou peu importe ce qu'il est, soit une bonne chose. j'ai vraiment un mauvais pressentiment...

Et comme elle ne voulait pas attirer davantage l'attention, elle reprit sa place dans la formation juste au moment où ils quittaient le tunnel pour pénétrer dans le laboratoire. Ici, on voyait à peine ceux qui se tenaient devant soi, l'air paraissait trop épais pour être respiré, il s'accrochait aux vêtements pour les alourdir, ralentissait leur progression aveugle. Le chancelier évoqua des combinaisons qui pouvaient faciliter leur avancée et ils le suivirent. Avaient ils le choix de toute façon ? Elle vit soudain une ombre, au détour d'un couloir, et, croyant reconnaître la silhouette, elle s'immobilisa. C'était impossible, qu'est-ce qu'il ferait si loin de... Non, c'était possible... Combien de temps s'était écoulé ? Combien de temps avait-il erré ? Pourquoi ici ? Pourquoi maintenant ? Est-ce qu'il venait la sauver d'une mort certaine ? La mettre en garde ? Elle ne pouvait pas se permettre de le laisser disparaître à nouveau. Elle l'avait trop longtemps cherché... Non, il ne devait pas partir !

- Attends... Chuchota-t-elle soudain en tendant le bras dans sa direction puis en quittant sa position sans une once d'hésitation.

Mais l'ombre s'échappa. Elle se jeta en avant, plongeant dans la Brume qui ne s'écarta même pas sur son passage, se refermant plutôt sur elle en l'étouffant davantage. La seule sensation que la rousse suivait était le battement frénétique de son cœur. Comme si l'organe se réveillait d'un long sommeil, d'une léthargie protectrice.  

- Attends ! S'exclama-t-elle plus fort cette fois quand sa main se referma sur la sienne...

Non, sur la Brume. Elle se jouait d'elle ! La colère lui fit monter des larmes amères aux yeux et, presque à tâtons, elle retrouva le groupe qui s'équipait, guidée par le bruit des fermetures et des boucles, plus abattue encore. Elle entendait sa voix, les larmes roulaient sur ses joues en silence et elle ferma les yeux pour ne plus voir sa silhouette, juste devant elle, qui lui tendait les bras, qui lui demandait ce qu'elle avait fait tout ce temps, pourquoi elle avait arrêté de le chercher. Quand elle eut refermé le masque sous sa chevelure, la voix disparut, mais pas la douleur. Une haine viscérale envers la Brume la remplaça pour continuer de la faire se mouvoir plutôt que de se rouler en boule pour se laisser mourir là.

Quand ils furent tous prêts, ils poursuivirent derrière l'Hespéride dans un labyrinthe de couloirs opaques. Depuis qu'elle avait rouvert les yeux, Lue voyait au travers d'un kaléidoscope multicolore, mais elle n'osa rien en dire à personne. Sa petite scène avait déjà dû réduire à néant le peu de confiance qu'on lui portait, pas la peine d'en faire davantage. Ils se retrouvèrent devant un appareil aux fils dénudés, ce qui contraria Panoptès qui n'abandonna pas pour autant et prit la direction d'une cage d'escalier. Dès qu'il en eu ouvert la porte, l'amélioré dirigea soudain son arme vers eux en hurlant, prêt à tirer. Lue paniqua, se jeta vers lui pour projeter toutes ses forces dans un coup qui dirigea la tête de la mitrailleuse vers le plafond. L'une des balles lui traversa le crâne tandis que les autres se perdaient dans la Brume, au-dessus de leurs têtes. Son corps chuta au sol, inerte, et la rousse tomba à genoux, si proche d'avoir rejoint l'être aimé.


Résumé:

Dim 22 Déc - 23:34

Voyage au centre de la Brume

Acte I - Event III

Maël resta silencieux. Les révélations du Chancelier étaient troublantes, bien au-delà de ce qu’il aurait imaginé. Pourtant, rien ne le surprenait réellement. Le lien avec le Mandebrume, sa nature hespéride, la mort de l’Arbre-Dieu, ses intrigues avec le Magistère… Tout semblait étrangement cohérent. Peut-être le grigori ne réfléchissait-il pas comme ses compagnons. Peut-être le destin d’Uhr pesait-il moins lourd pour lui que pour les autres. Mais son esprit bouillonnait face à cet enchevêtrement de vérités, incapable de tout assimiler. Tout en grignotant quelques rations pour reprendre des forces, il griffonna dans le carnet qui ne le quittait jamais les éléments essentiels de la conversation. Malgré toute la sagesse qu’il aimait revendiquer, Maël se sentait aussi dépassé que le reste de l’expédition. Depuis leur arrivée à Zénobie, ils n’avaient cessé de courir, et l’épuisement rendait chaque réflexion plus laborieuse, chaque décision plus incertaine.

Il s’était habitué aux miaulements. Désormais, ils rythmaient chacun de ses pas. Gauche, droite, gauche, droite. Miaou, miaou, miaou, miaou. Une étrange langueur l’envahissait, comme s’il assistait à la scène depuis l’extérieur de son propre corps. Un frisson le parcourut. Il était pleinement conscient de ce qui se déroulait autour de lui, mais incapable d’y réagir. Son esprit, embrumé, flottait dans une incertitude étrange, peinant à croire à la réalité des révélations récemment entendues. D’un geste presque automatique, il enfila la combinaison que le Chancelier leur tendait. Avant de refermer le vêtement de protection, il dégourdit brièvement son aile endolorie, puis la replia soigneusement contre l’autre. Silencieux, il emboîta le pas du groupe, suivi par les chats qui s’étaient improvisés compagnons des membres de l’expédition. Les félins glissaient entre leurs jambes, omniprésents, comme une ombre mouvante et insistante dans cette marche irréelle.

Le coup de l’arme de Sergei résonna près de lui comme un coup de tonnerre, brisant le silence lugubre des sombres couloirs du laboratoire. Maël détestait cette sensation, cette incapacité à discerner le réel lorsque la Brume se jouait de lui. Même ses sens aiguisés ne suffisaient plus à l’ancrer. Le chat, paisiblement endormi sur la poitrine du suicidé, en était la preuve la plus troublante. Pour ne pas sombrer davantage dans cette confusion oppressante, il se mit à murmurer une vieille comptine, celle que sa mère lui chantait autrefois. Ces mots familiers l’aidaient à s’accrocher au réel, à reconnecter avec ce qui était encore tangible.

Soyez prudents, la Brume est retorse, parvint-il à glisser à l’attention de ses compagnons.

Avec précaution, Maël se pencha sur l’homme, retirant lentement le masque qui lui dissimulait le visage. Le regard insistant du félin, tel un juge silencieux, ne le quittait pas. Maël demeura impassible devant la scène qui s’offrait à lui : le visage translucide de l’amélioré semblait se désagréger, ses traits s’effaçant peu à peu, comme si la Brume les effaçait d’un coup de gomme. N'était-ce pas le reflet des indications que leur avait transmis Artémis ? Malgré cette vision troublante, il emboîta rapidement le pas au reste du groupe, pas plus touché que ça par la mort de leur compagnon. L’air, même à travers leurs combinaisons, était lourd, vicié, et chaque inspiration semblait s’accrocher à sa gorge. Maël espérait que cet enfer toucherait bientôt à sa fin, bien qu’il ne se fît aucune illusion. Depuis le début de cette aventure, chaque épreuve surmontée avait donné naissance à un obstacle encore plus ardu, et il n’avait aucune raison de croire que cela changerait.  

Au terme d'une longue ascension, Maël et le reste du groupe arrivèrent sur un étage couvert d'une végétation abondante. Autrefois rigides et métalliques, les murs étaient couverts de vignes épaisses et de mousses verdoyantes. Après avoir parcouru avec précaution un ou deux couloirs étroits où des racines noueuses freinaient parfois leurs pas, ils arrivèrent enfin à une grande salle circulaire. Un dôme éclairait le plafond, dont une grande partie était couverte de plantes grimpantes, formant une canopée étrange et organique. Les interstices étaient éclairés d'une lumière presque irréelle qui illuminait la salle d'un éclat verdâtre. Contre l’un des murs, des lettres en vieil Uhrois, certaines manquantes ou inclinées, formaient un mot : La Biosphère.

Te voilà dans un environnement à ta mesure, glissa-t-il à Duscisio.

Maël s'arrêta, observant attentivement les environs. Il ne s'agissait pas seulement de la prolifération des plantes dans cet environnement habituellement stérile. C'était la disparition de Brume. Le silence était profond, quasiment étouffant, seulement troublé par le bruit des feuilles et le bruit de la végétation. La Brume semblait être absente, comme si elle était écartée par une force mystérieuse. Pouvaient-ils se départir de leurs combinaisons ?

Résumé:
Mar 24 Déc - 2:09

Maître du Jeu

Étrange. Plus que jamais, le Chancelier est sur ses gardes. Non seulement car votre groupe a perdu un membre, sur lequel vous avez pu difficilement vous attarder. Olaf n'en semble pas moins perturbé, il tremble comme une feuille depuis que vous avez constaté l'état dans lequel la Brume a laissé Sergei. Qui sera le prochain ? Pas Panoptès, visiblement, qui vous a pressés de continuer en laissant la carcasse en décomposition en bas des escaliers, pour grimper les étages.

Rien. Encore rien. Ont-ils vraiment détruit les moyens d'accès au huitième sous-sol à chaque étage ? Il se souvient évidemment du passage par l'escalier, mais devine qu'il a été verrouillé à triple tour au moment où la Brume a frappé. C'étaient ses ordres, après tout... arrivés trop tard. En passant devant une bouche d'aération, crachant des volutes de Malice concentrée, il peine à réprimer un soupir.

Vous ne marquez pas l'arrêt au rez-de-chaussée et continuez à grimper la tour. Le Chancelier se montre de plus en plus exaspéré et grimpe les marches quatre par quatre, force inarrêtable. En se projetant contre la porte de l'escalier, il vous guide presque furieusement vers la grande salle à proximité, où est censé se trouver l'ascenseur à cet étage. Derrière son masque, l'hespéride marque soudain l'étonnement. Ce n'est pas la végétation de la Biosphère qui l'interloque, mais l'absence de Brume. Ce n'est pas naturel.

« - Soyez vigilants. Nous n'avons encore rencontré aucun homme du Mandebrume. »

Auquel cas, ils doivent être ici. Un bref regard vers l'ascenseur, à quelques pas, l'informe qu'il est fonctionnel, corroborant sa théorie. Au moins une bonne nouvelle, qu'il accompagne d'une pression sur le chien de son pistolet épistote. Clic. Le message est suffisamment clair.

« - Nous qui escomptions l'effet de surprise ! » tonne une voix pétrie de mesquinerie, sa provenance inconnue. « Alors voilà que nous allons devoir redoubler d'efforts... »

Quelque chose apparaît au milieu du groupe. Vous ne le remarquez qu'au moment où l'attraction manque de vous emporter ; un miroitement sphérique dans l'air, presque imperceptible, comme s'il était aspiré dans un vortex. Le Chancelier écarquille de grands yeux avant de pousser son camarade le plus proche au loin, tout en hurlant un inconditionnel :

« - ATTENTION ! »

Surgie de nulle part, l'explosion vous projette dans tous les sens. Soufflé, le Chancelier finit sa course encastré dans le mur. Lui, comme Olaf qui a pris la déflagration de plein fouet, ne bougent plus. Persuadé d'avoir éliminé deux adversaires, votre ennemi se dévoile assez pour permettre à votre commandant de contre-attaquer : son bras décuplé et moulé dans le béton s'étend comme un élastique pour venir balayer une branche en hauteur et contraindre l'ennemi à un bref repli stratégique. Complètement enveloppé d'une cape, ne laissant apparaître qu'un visage figé dans l'ombre, son statut de haut dignitaire du Cercle n'est pas un secret. Cette fois-ci, il apparaît devant vous, au milieu du tapis central de végétation, comme certain de son invincibilité.

« - Ce pouvoir... Voilà qui nous rappelle de distants souvenirs. Enfin un combat à la hauteur d'un Dieu ! »

Saisissant sa cape, le psychopompe s'en débarrasse d'un geste quasiment théâtrale, dévoilant une apparence singulière. Seul un érudit des civilisations anciennes ou un koboliste bien renseigné pourrait peut-être avoir une vague idée de ce que vous avez devant vous.

[Event] Voyage au centre de la Brume - Page 2 Samshi10

« - Notre nom est Ofskir, le Royaume Stellaire. Et aujourd'hui vous allez périr de la main du Divin. »
HRP:
Mer 25 Déc - 9:38



Laboratoire Demephor / Biosphère

Uhr 1901



Duscisio, toujours renfermer sur lui-même en révélant ses objectifs et ses vœux, n’a pas beaucoup de réactions aux révélations qui suivent. Il écoute, pourrait répondre, mais il n’en fera rien. L’important est de reprendre son calme afin de continuer ses objectifs.

Respirer calmement. Prendre conscience de leur situation. Relever la tête. Suivre les événements.
S’il y a beaucoup d’informations d’un seul coup dans ce bref moment de répit, c’est bien pour être utile dans le groupe un moment ou un autre. C’est à nouveau Panoptès qui reprend les rennes pour la demi-heure écoulée.
Suivre le chemin de fer étant leur seule option, il n’y a pas beaucoup d’hésitation. Maintenant calmé, l’élémentaire se contentera de suivre en silence tout en tenant compte du rôle protecteur que Ryker lui a confié.

La brume se fait de plus en plus épaisse au fur et à mesure qu’ils avancent. On pourrait y voir cela comme un mauvais présage de la part de tous, ou d’un danger toujours plus grand à cause de la densité. Étrangement, Duscisio ne semble pas plus perturbé que cela, puisqu’il a lui-même dit que la Brume l’attire et l’obsède bien plus qu’avant. Pourrait-elle lui répondre plus facilement à présent qu’il se rapproche ? Pourrait-elle lui exaucer son vœu ? L’apothicaire prit la Brume comme le ferait un prêtre envers son dieu et son créateur. Tout se fait dans le silence et sans un geste. Il marche vers son salut.

Une fois arrivé dans le sous-sol du laboratoire, certaines consignes s’ajoutent. Les combinaisons qui faciliteront leur avancée, par exemple. C’est peu convainquant pour l’élémentaire qui se considère comme immunisé contre toute agression de la Brume. L’air est lourd, ne circule pas bien dans la sève de l’élémentaire. Un sauna froid qui le convainc assez rapidement de s’habiller. Simple mesure de précaution sur les leçons reçues tout au long du chemin du fait que personne n’est à l’abri d’un petit détail gênant, perturbant ou simplement mortel.
Autour de lui, Lue s’exclama d’attendre sans expliquer pourquoi elle attrapait le vide devant elle comme si elle avait vu un fantôme. Si la colère habille ensuite son regard, elle constate que le groupe est quasiment près.
L’apothicaire, lui, n’est pas très à l’aise dans la combinaison protectrice et a l’impression d’étouffer ou de manquer d’un lien naturel avec son environnement. Son expression entre la frustration et cette colère qui continue de le ronger donne à son visage des traits ridés aléatoirement, comme si l’écorce dont il est normalement constitué prenait une couleur peau humaine caractéristique. Un mal nécessaire.

Dans le premier élan, le groupe sent comme un changement d’ambiance. Dans la cage d’escalier, Panoptès cherche quelque chose de précis avant de pester devant un boîtier rempli de câbles de toutes les couleurs qui ont terni avec le temps et la poussière. L’appareil appelé ascenseur est bloqué. Il ne leur manque plus que les escaliers. Un mal pour un bien, au moins il ne devrait pas être bloqué dedans s’il venait à manquer d’énergie. Au même moment, un hurlement presque métallique derrière eux leur présente une menace. Sergei, l’amélioré est pris de folie et a déjà armé l’une de ses armes contre eux. Plutôt que de se retrouver transformée en passoire, la plus proche de lui eut le meilleur réflexe de sa vie en levant son arme vers le haut. Sa tête s’en retrouve transpercée, mettant fin à son fonctionnement. Il venait de perdre un membre du groupe, mais pas le plus indispensable pour l’humeur de Duscisio qui est déjà meilleure. Moins agacé, de façon naturelle, son visage se relâche légèrement, comme s’il attendait ça depuis le début de leur aventure.
Navré, Sergei… Cela fait partie des défauts d’un élémentaire technophobe. N’en lui tiens pas rigueur. De cette conduite, il sera plus supportable pour le groupe entier et un peu plus coopératif. La Brume commençait à avoir raison de lui par sa nature mécanique. Corps translucide comme s’il était en train de disparaître. Il faut continuer d’avancer malgré tout.
Rez-de-chaussée, puis deuxième étage, ensuite plus rien. Cet étage fait merveille aux yeux d’un élémentaire dont les plantes représentent littéralement toute sa vie. C’est une gigantesque serre sous un dôme de verre. Jusqu’ici, tout était artificiel. Bâtiment, moyen de transport, alors pourquoi cela serait le cas pour ses plantes ? Elles sont artificielles aussi ? Duscisio regarde les nombreuses espèces ici présentes. Nombreuses d’entre elles sont reconnaissables entre mille et, dans un élan de quiétude, l’apothicaire use de ses capacités naturelles pour en confirmer certaines d’entre elles. Elles réagissent et poussent comme n’importe quelle plante. Certaines ne font que s’agrandir tandis que d’autres fleurissent sous ses caresses. Un environnement à sa mesure, d’après certains.

— Je préfère ma demeure. Répond Duscisio à Maël pour comparer sa propriété à la Biosphère dont aucune personne n’en connaît les lieux dans le groupe. Nous sommes dans une cage… Pas un jardin…

S’il n’a qu’une très faible impression de se sentir chez lui, la végétation luxuriante n’explique pas l’absence de Brume. Pourquoi si soudainement ? Même le chancelier est plus prudent et précis, bien qu’aucun homme du Mande brume n’a dénié et montré un signe de vie. D’une pression sur un bouton, l’ascenseur montre même son bon fonctionnement. Le pistolet épistote confirme une présence hostile et mesquine. Un miroitement à peine visible alerte le chef d’expédition et alarme tout le monde avant qu’une explosion les projette dans tous les sens.


Après l’explosion, un être apparaît. Comme dans n’importe quel récit d’aventure, on peut le considérer comme le boss de la pièce. Une créature plus difficile encore que celle rencontrée sur le chemin, dont la puissance se détermine par sa présence seule et son environnement particulier. Le manque de Brume est son environnement. N’est-ce pas étrange ? Jusqu’à maintenant, cette dernière n’a fait que leur barrer la route de multiples façons. À présent qu’elle est absente, ce serait un ennemi plus grand qui se montre en face d’eux ? Ce n’est pas très courant. Illogique peut-être.
Dans la Biosphère, Duscisio n’est point perturbé par cette apparition. Il se relève doucement. Bien qu’elle se soit même présentée sous une forme et un nom majestueux, il ne peut s’empêcher de lui demander.

— Qui êtes-vous ?

Il n’y a aucune expression sur le visage de l’élémentaire. On dirait un enfant face à une curiosité de la nature. L’innocence même de sa question, malgré la menace qu’elle donne sur l’ensemble du groupe. Le Rosier Blanc trouve qu’il n’a pas sa place ici. Pourtant, tout autour de lui, le nombre de plantes ne cesse de grandir, comme s’il compensait son manque de jugements par un environnement plus sain. En parallèle, son corps réagit aussi en laissant quelques ronces pousser au niveau de sa ceinture pendant que le cristal violet s’illumine. Un Khermès prend place pour lui signaler le moindre cristal existant, puis un œil de Blieg, car il n’est jamais trop prudent. C’est très discret. Les secondes passent et ses cristaux bleus prennent à leur tour une place. Même s’il parait toujours un peu idiot, Duscisio se sent en danger et se prépare en conséquence, mais cela ne retire pas le fait d’être étrangement calme et curieux.

— Est-ce vous qui contrôlez la Brume ?

Pour l’élémentaire, la réponse est non. Pourquoi se passer de la Brume quand elle protège cet endroit ? Ça n’a aucun sens. Peut-être la craint-il. Probablement qu’elle lui fait horreur.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, même en paraissant lent, Duscisio n’a jamais été autant sur ses gardes. La végétation qui continue de pousser autour de lui le montre bien. Comme s’il s’attendait à recevoir, lui ou l’un des membres du groupe, tel est le rôle qui lui a été confié par Ryker. L’environnement s’y prête parfaitement, autant utiliser cet avantage.

Résumé:

Ven 27 Déc - 22:47

Combattre un dieu ?

Là haut, dans les étoiles ...


Son annonce n’eut pas tout à fait l’effet escompté, mais permis au moins de mettre les cartes à plats. Il croisa le regard de Jessamy qui révéla avoir aussi eu sa lettre, tout comme Artémis. Il ne suffit pas de beaucoup de mots pour qu’ils se comprennent. Tous deux doutaient que ce fut du fait de Lewen, et s’ils avaient été ciblés … c’était que cette personne avait une longueur d’avance sur eux. L’heure de s’en préoccupait viendrait, s’ils survivaient à cette descente aux enfers. Le Chancelier ne se livra pas concernant l’état de l’Arbre, ce qui en disait suffisamment long pour Ryker. Lorsqu’ils se remirent en route, il passa à côté de la Banshee.

- Nous avons mené une expédition pour déterminer l’état de l’Arbre-Dieu il y a quelques mois. Nous avons tenté de le renforcer, mais cela n’a rien … donné. Son état a même empiré, il véhiculait des relents de charogne la dernière fois que nous y sommes passé, avec Artémis. Sur la route vers ici. Nous étions avec… une femme du Magistère qui nous a affirmé tout mettre en œuvre pour renforcer l’Arbre, mais le Chancelier est évasif dès que je tente d’aborder ce sujet avec lui. lui avoua-t-il, tout en vérifiant ses sangles et gardant un œil sur Panoptès qui donnait les ordres pour se remettre en route. J’ai peur que cette expédition ne soit qu’une fuite vers l’avant. Le dernier chant de l’hespéride … ou je ne sais quoi. Bref, avançons.

Toujours à l’arrière, Ryker comptait sur son audition exacerbée pour guetter les menaces qui viendraient de l’arrière. Au moins un consensus semblait émerger pour le Réplicateur, mais comme face au cristal de Demephor, ils verraient qu’en faire au moment où les masques tomberaient. Encore une fois, il avançait à l’aveugle, avec pour seule sécurité sa lame aiguisée. Il ne réagit pas lorsque ses oreilles captèrent les mots de Lue. Il ne savait que penser d’elle, mais son affiliation aux Tartares suffisait à la classer dans le camp de Higgs et des fourberies d’Opale. Il ne les aimait pas. Ils avaient toujours trois coups d’avance, comme venait de le prouver Panoptès. Le poids de la Brume se faisait de plus en plus puissant. Au point où il sentait sa part de Malice s’agiter en lui, ne désirant que s’exprimer et rejoindre la Mer. Il serra les dents, respira pour se calmer. Comme il l’avait fait des milliers de fois. Sauf que la Brume ne lui avait jamais été ouvertement hostile. Pas comme ici, du moins. Artémis lui aussi agissait avec étrangeté. Il était nerveux, Ryker le percevait. Ils se connaissaient assez. Quelque chose le tracassait mais il n’aurait su dire quoi.

Puis ils parvinrent à un endroit où ils ne pouvaient plus avancer. Ryker se demanda pourquoi ils avaient été menés ici, mais Panoptès se révéla une fois de plus précieux par ses connaissances … antiques. Ils trouvèrent des combinaisons qu’ils s’empressèrent d’enfiler pour se protéger et continuer à avancer. Pourquoi des combinaisons ici ? Vu leur état, la poussière … ils n’étaient pas les premiers à avoir tenté l’expérience. Mais cela faisait longtemps. D’autant plus que les adeptes du Mandebrume devaient préparer leur coup depuis longtemps, ce qui pouvait peut-être expliquer que le Chancelier en sache autant ? Ce n’était pas le rôle de Ryker de savoir, seulement d’avancer. Et de prêter son épée.

Le Patrouilleur prévint une fois encore aux autres de faire attention, de se murer les oreilles et les yeux. De ne croire que le contact et de ne suivre personne. Il leur livra son expérience de vétéran des explorations, puis ils s’en furent au devant d’une mort certaine. Il avait juste gardé pour lui la dernière leçon des Patrouilleurs concernant la Brume : inutile de chercher à prévoir l’imprévisible. Mieux valait s’en remettre à sa chance, car à peine furent-ils en marche que Lue s’écarta du groupe. Il pesta et resta concentré face aux milliers de sons qui s’amusaient à le perdre. La Brume n’était pas son ennemie, mais qu’en était-il des autres ? Le Patrouilleur attrapa l’épaule d’Artémis et lui fit signe de surveiller ceux devant lui tandis qu’il s’affairait à assurer le passage de l’autre moitié du groupe. Mais le son d’une arme à feu les avertit que cela s’était avéré futile. Le Patrouilleur pesta lorsque Maël découvrir le corps de Sergeï. Un augmenté dans la Brume … son destin était déjà écrit. Pas le temps de faire le moindre sentiment, c’était un soldat. Il était mort comme tel. Le Mort Gris se pencha sur lui, tira de sa nuque quelques plaques de métal. La Brume s’était emparé de lui, avait effacé jusqu’à sa substance en un fatras translucide qui perdait peu à peu en profondeur. Il grimaça et emboîta les pas des autres. Il décrivit un cercle pour éviter l’arme de Sergeï. Les armes à feu n’étaient pas son fort. Puis enfin ils sortirent de ce cauchemar. Pour déboucher dans une sorte de biome tropical. Un endroit où la Brume … n’était pas. Ryker ouvrit sa combinaison. Récupéra le contact avec le pommeau de son épée et soupira de soulagement.

- La Brume n’ose s’aventurer ici … j’ai un très mauvais présentiment …
murmura-t-il, tandis qu’il repérait les environs arme au clair.

Il semblait hermétique à la crainte ou au danger, mais lui aussi maîtrisait à la perfection la technique de la fuite en avant. La meilleure façon de ne pas se laisser pétrifier par la peur était de rester toujours en mouvement. Il opina du chef à la remarque de Panoptès et s’arrêta pour écouter autour d’eux à l’aide de ses sens accrus. Ce ne fut qu’aux abords de leur voie de sortie que le piège se referma sur eux. Chose que le Chancelier semblait avoir anticipé lorsqu’il arma le chien de son arme à feu. Ryker glissa sa main sur son cristal d’hypervélocité et senti le léger drain s’accentuer à mesure qu’il puisait. Un miroitement dans l’espace l’avertit du danger, et d’un bond, il s’écarta. Par pur instinct, il venait d’éviter une explosion qui manqua de le sectionner en deux. Glissant sur le sol à cause de la vitesse, Ryker planta son arme dans la terre pour s’arrêter. Il regarda autour de lui pour observer les membres du groupes disséminés un peu partout.

Un être sans commune mesure avec ce qu’il avait déjà pu voir fit son apparition. Une créature humanoïde aux traits évaporés qui semblait composé de mille nuances de chair. Quelque chose qui ne pouvait être issue de la Brume, vu à quel point elle avait déserté l’endroit. Et pourtant, et pourtant … Ryker serra les dents tandis que Panoptès émergeait du mur, comme ayant fusionné avec lui. Le Patrouilleur jura à voix haute et comprit à cette simple réaction du Chancelier la mesure de leur adversaire. Tout comme ce dernier suggérait que le Chancelier manipulait quelque chose … d’inhabituel. Après tout, s’il était la réincarnation d’Alexander Svetlanov … c’était à prévoir. Le Patrouilleur se redressa, contempla les dégâts de son attaque. Ce truc maniait des explosions ? Il semblait aussi bien rapide. Merde, c’était violent. Il fallait réagir vite. Trouver une solution, immédiate ! Duscisio faillit disparaître dans une nouvelle explosion générée par une boule de magma étrange. Pas plus étrange que ce qu’Artémis venait de faire. Les deux éloignés, Maël en berne dans un coin, Olaf hors service. Lue était encore fumante. Qui pour agir ? Coordonner ?

Et merde … encore, hein ? Un pouvoir divin, c’était bien sa veine. User de sa nebula serait … dangereux ici. Il ne savait ce qu’était cette chose et s’il pouvait l’empêcher d’agir. Duscisio avait pris l’initiative en faisant grandir les plantes et entraver la créature qui s’échinait à faire exploser ces dernières. Il échangea un regard avec Jessamy qui semblait concentrée en direction de la créature. Elle tentait quelque chose ? Ses yeux étaient rivés vers la chose, comme si elle cherchait à déterminer son point faible.

- Bon … c’est encore moi qui m’y colle, c’est ça ? Tâchez de trouver vite son point faible. Chancelier, Lue et Artémis : je vous offre une ouverture dès que possible. Merci par avance de le faire avant qu'il ne me sectionne un morceau.

Puis il disparut de leur champ de vision en quelques pas, poussé par son hypervélocité. Le Patrouilleur apparut devant la Ofskir et le toisa de son imposante épée. Il marqua le temps de croiser le regard de la créature, d’essayer de comprendre ce à quoi il avait à faire. Quelque chose du 13ème Cercle. D’assurément puissant.

- Tu ne seras que le deuxième Dieu à périr de cette lame, Ofskir. Je t’envoie le bon souvenir de Demephor ! l
ui hurla-t-il dessus, ne sachant pas si cela aurait un quelconque effet.

Il n’avait aucune idée de ce qu’était Ofskir, tout comme il en savait très peu sur Demephor ou le fond de l’histoire de ces combats qui le dépassaient. Mais il savait une chose : il pouvait gagner du temps et détourner l’attention de leur adversaire. D’autant plus que, pour une fois, c’était dans une situation de combat où il pouvait tenter de donner le change. Une épée, un adversaire qui le surpassait en tout point. Que demander de plus pour mourir avec les honneurs ? Survivre. Oui, en effet. Mais vu la réaction de Panoptès, il y avait fort à parier que ce n’était pas de la fanfaronnade de la part de leur adversaire. Ofskir le Royaume stellaire. Il se demandait bien ce que pouvait vouloir dire stellaire.

Puis il enchaîna ses attaques pour tenter de ne lui laisser aucun répit, tout comme par les plantes de Duscisio. Une ouverture, il n’attendait qu’une ouverture. Si possible, en conservant l’intégrité de son corps et de son esprit. Stellaire, ça avait un rapport avec les étoiles, non ? Oh, la jolie petite boule de magma, ça ressemblait bien à un petit sol… Oh non … Stellaire, ça ne voulait pas dire …

Boum.

HRP:
Sam 28 Déc - 23:05

La fin

Le Royaume Stellaire


Maël passa à côté d'eux en les mettant en garde puis se mit à chantonner et Lue focalisa son attention sur la comptine. Au travers des larmes qui brillaient encore dans ses yeux, les images se bousculaient, morcelées, irisées, la migraine pointerait bientôt. Voir ainsi l'épuisait plus qu'elle ne l'aurait cru. Elle jeta un dernier regard au cadavre qui disparaissait progressivement. Depuis quand était-elle devenue insensible à la mort d'un homme ? Même si elle ne le connaissait pas, ils avaient partagé une partie de ce chemin, s'étaient sauvés à tour de rôle... Combien d'autres laisseraient ils ainsi, sans corps à rapporter à leurs proches ?

Suivant le Chancelier qui fit peu état de la perte de son garde du corps, ils arrivèrent aux prix de nombreux efforts que la Brume rendait encore davantage pénible, dans un immense dôme empli d'une végétation luxuriante. Les yeux de la rousse brillèrent, c'était presque... Beau. Et curieusement exempt de Malice. Pourquoi n'avait-elle pas envahit cet espace ? La dernière fois qu'une telle exception s'était présentée, ils avaient eu affaire à quelque chose de pire encore. La Strigoi serra sa main droite sur la poigne de Lun', aux aguets malgré son admiration pour la flore qui s'étalait dans la pièce.

D'un regard, elle vit que Panoptès gardait son masque malgré l'absence de Brume et en fit donc autant. L'air était déjà plus facilement respirable, elle avait l'impression que ses poumons pouvaient enfin s'emplir à nouveau pleinement. L'Hésperide les mit en garde, chargeant son arme, et au même moment, une voix empli l'espace, vibrante de confiance et d'orgueil. La jeune femme ne put s'empêcher de frissonner face à ces mots. Elle se pensait prête, pourtant, elle n'eut pas même le temps de bouger le petit orteil qu'elle fut propulsée par une force brutale et brûlante. Le choc la pétrifia puis la douleur l'empêcha de hurler, l'asphyxiant. Elle ouvrit des yeux ahuris, injectés de sang, pour découvrir sa jambe et son bras gauche sévèrement brûlés. Mais c'est en cherchant sa jambe droite qu'elle réalisa... Des larmes dévalèrent ses joues écarlates et couvertes de griffures dues à la végétation qu'elle avait traversée et qui avait légèrement amorti son vol.

Elle n'avait plus de jambe droite. N'en restait qu'un moignon de chair sanguinolente. Elle avait disparu. C'était fini.

Ah, voilà, elle allait mourir ici, c'était sûr à présent. Elle devait profiter de ses derniers instants de lucidités pour aider le groupe, effectuer une dernière action, quelque chose qui ferait qu'on ne se souviendrait pas d'elle comme d'une Tartare du Magistère que l'on détestait, mais comme quelqu'un qui avait tout tenté, jusqu'au bout, pour permettre aux autres de s'en sortir. Les visages qui l'avaient accompagné dans cette sordide histoire défilèrent dans son esprit en une fraction de seconde.

Elle crut sentir une main sur son épaule, entendre une voix dont elle ne pensait plus se souvenir qui l'enjoignait de l'utiliser, que c'était maintenant ou jamais. Serrant les dents, dévastée par la douleur que causait le plus petit mouvement, sa main gauche s'accrocha au cadran de Fortune et le fit tourner d'un cran. L'Opaline se hissa en s'accrochant aux branches d'un arbre, se cala contre l'écorce rêche qui griffa sa peau sans qu'elle ne le sente et extirpa Lun' de son étui. Elle serra sa mâchoire à en avoir mal, concentrant son attention sur son tir alors que son esprit vacillait déjà dans le kaléidoscope qui rendait l'action encore plus compliquée. Elle visa la tête du soi-disant Dieu et mit toutes ses forces dans son lancé.

Lue vit l'être au physique si singulier esquiver quelque chose qu'elle ne parvint pas à voir, et sa lame se planta dans un arbre. La colère et la frustration de s'être manquée firent revenir la douleur deux fois plus violemment et elle dut mordre sa lèvre cette fois pour ne pas distraire ceux qui pouvaient encore se battre. Le goût métallique du sang envahit sa bouche, mais en voyant ce Ofskir se placer pile devant, un infime espoir la poussa à ne pas abandonner tout de suite. Elle parvint à se concentrer juste suffisamment pour utiliser le bracelet de télépathie et se focalisa sur l'homme-loup en se souvenant qu'il avait évoqué un cristal de magnétisme dans le bus, ne parvenant à formuler pitoyablement qu'une phrase simple :

'La dague, derrière lui, dans le tronc, dans son angle mort, utilisez-la avec votre magnétisme, tuez-le !'

Elle se laissa retomber au sol, vidée, les yeux tellement emplis de larmes qu'elle n'y voyait plus. Avant de renoncer, de se laisser glisser dans l'obscurité, la rousse se traîna derrière l'arbre pour se mettre le plus possible à l'abri. Elle pouvait espérer un miracle, n'est-ce pas ? Qui l'en blâmerait ? Elle sortit de sa sacoche une flasque qu'elle reconnut au toucher, et en but le contenu cul-sec. Le contenant tinta en heurtant le sol, après ça, elle n'entendit soudainement plus rien. Elle n'avait rien de mieux de toute façon... Et ça ne sauverait pas sa jambe. Mais si quelqu'un la trouvait... Si quelqu'un arrêtait le saignement... Si... Si...


Résumé:

Dim 29 Déc - 0:15

Pourquoi tout devait toujours aller si vite ? Panoptès mis le groupe en garde d’un danger, mais quelle importance cela pouvait-il avoir quand l’ennemi était un dieu ? Une forme sphérique apparut au milieu du groupe et provoqua une explosion. Deuxième miracle, Loup Blanc semblait s’en être sorti indemne. Un peu étourdi, le temps de quelques secondes, mais il reprit rapidement ses esprits. Ils se trouvaient dans une biosphère, riche en végétation, pour le plus grand bonheur de Duscisio, pensa-t-il. Mais ses yeux s’arrêtèrent soudainement vers un être assez étonnant, peu commun, divin. Un être dont l’élégance était à la hauteur de sa puissance, elle aussi divine. Pour la troisième fois, le vagabond se demanda ce qu’il faisait encore face à de telles puissances. D’office, ils étaient tous dépassés par leur adversaire.

L’élémentaire de plantes, manifestement en forme, se décida à parlementer avec celui qui se présentait comme étant Ofskir, leur bourreau. Les instincts du canidé semblèrent craintifs, reniflant un grand danger. Duscisio se trouvait légèrement en avant, proche du Dieu, qui ne semblait pas réellement enclin la discussion. D’autant plus que le botaniste profitait de cet environnement pour jouer avec ses plantes. Le résultat fut sans appel : avant même d’avoir eu le temps de bouger le petit doigt, une sphère apparut à proximité de la plante-humanoïde. Elle semblait l’aspirer. Désemparé par la vitesse à laquelle la situation s’était dégradée, Artémis tendit désespérément son bras pour attraper son camarade, sachant pertinemment qu’il ne pourrait pas le saisir. Il se trouvait bien trop loin.

« Ofskir ! Non ! », hurla-t-il sachant malheureusement que son adversaire n’annulerait pas son attaque.

Néanmoins, sans pouvoir se l’expliquer, un évènement surprenant se produit. Son bras l’entraîna en direction de celui qu’il désirait, l’agrippa à temps et l’éloigna de l’explosion. Se protégeant des bourrasques générées par l’explosion avec son bras, le vagabond observa rapidement son membre qui ne ressemblait plus réellement à un bras ordinaire. Il verrait cela à un autre moment. Le contrôle de son bras était très aléatoire et ne reposait sur rien. Cependant, il constatait avec une légère satisfaction que cela pouvait engendrer quelques miracles. Les plantes de Duscisio continuèrent d’embêter l’ennemi. « Il n’y aura pas de seconde chance, Duscisio. Je compte sur toi. », lâcha Artémis en repartant vers l’avant. Il entendit brièvement une déclaration du Patrouilleur, qui s’élança à grande vitesse en direction de l’ennemi. Probablement son cristal d’hypervélocité, songea l’homme aux cheveux d’albâtre.

Seule la coopération permettrait une quelconque réussite. L’élémentaire qui continuait son harcèlement, Ryker qui fondit directement sur un affrontement à mi-distance.

Soudain, alors qu’il s’apprêtait à soutenir Ryker, il reçut un message télépathique. La voix lui était farouchement familière : Lue. Elle désigna une dague plantée derrière leur adversaire. Il tourna la tête en direction de la messagère et s’aperçut qu’il lui manquait une jambe. Bon sang, pesta intérieurement le vagabond. Cela avait dû se faire lors du sauvetage de Duscisio. Il avait raté des fragments infimes. Plus de temps à perdre, il ne put voir l’état de tous ses camarades, mais il était à peu près certain que tous luttaient pour leur survie. Pour la survie du groupe. Ses sens confirmèrent des mouvements. Il se concentra immédiatement sur la tâche à venir. Alors qu’il touchait son cristal de magnétisme accroché à sa ceinture, il analysa le placement de l’objet en question. Pile dans l’axe d’Ofskir. Où loger l’arme ? Dans sa tête ? Risqué. Une autre cible de choix pourrait certainement les tirer d’affaire.

D’un geste délicat, il commença par des décrocher discrètement la dague de l’arbre. Un mouvement de poigné pour placer la pointe du bon côté et… brusquement, d’un mouvement vif, il inclina l’arme et la projeta dans sa cible : en plein cœur. Dans la zone rougeâtre, luminescente qui semblait représenter le noyau de son pouvoir. Le pouvoir toujours actif, Loup Blanc s’assura que la dague perforât profondément l’ennemi et atteignît son objectif. Intérieurement, même s’il n’était pas croyant, force était de constater que les dieux existaient. Alors, il effectua une prière au plus profond de lui-même. S’ils survivaient, malgré les pertes subis, cela relèverait du miracle.


Résumé: