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[Event] Le procès du siècle

[Event] Le procès du siècle - Page 2 Brandw10
Ven 6 Déc - 8:21
procès du siècle





  • Tu imites la salle lorsque celle-ci se tait. Tu fais de même lorsqu'elle est surprise. Tu te prends au jeu des mimiques mais tu ne sais toujours pas ce que tu fais là. Les visages se suivent, les annonces aussi. On appelle Jin Qin Long. Encore un nom que tu oublieras en rentrant ce soir. De là-haut, tu ne trouves pas qu'on voit très bien. Alors plutôt qu'écouter ses propos ....

    « Avec Opale menacée comme jamais, la crainte est réelle. Nos forts liens avec nos voisins nous poussent forcément à nous en inquiéter en Opale. Nos mines fonctionnent de leur mieux, mais n’oubliez pas qu’une telle industrie pour la poursuite du Mandebrume ou la conception des balises a aussi des impacts sur d’autres nations. Yodicaëlle, vous êtes bien jeune et naïve pour penser que votre supposé danger ne nous isolera pas plus. Que les moins bien intentionnés n’en profiteront pas face au reste des plus fragiles. Déjà, les immigrés arrivent en masse en Xandrie, viennent pour certains chercher refuge en la nation qu’ils conspuaient autrefois. La migration brumeuse est un fait qui affecte grandement notre économie, nos forces de l’ordre. Qui vient ajouter un voile de criminalité sur notre chère Xandrie. Je crois que vos actes cruels sont trop naïfs quant à la nature humaine. Vous n’avez pas seulement accéléré la chute d’Uhr, mais vous l’avez livrée en pâture à ses plus vils appétits. Mais je suppose que cela n’était pas sans un grand dessein derrière, non ? Que vous ne nous avez pas vraiment tout dit … auquel cas ce serait bien inconscient de votre part. De la part de votre organisation. De la part de ce cher Ivan … ou Arkanis … ou Mandebrume, peu importe son nom. »

    tu cherches du regard une solution. Un garde, la sécurité. Tu te rapproches le plus discrètement possible, non pas pour surprendre mais pour ne pas déranger. Pendant ce temps, l'accusée se défend. Un disque rayé, toujours les mêmes réponses qu'elle brandit. Mais qu'est-ce que tu fais ici, Alexander ?

    « Que suggérez-vous ? Que mon acte était profondément humaniste ? Laissez-moi rire, je connais votre langue de miel … et je n’ai pas cette prétention. Ce que j’ai fait, je l’ai fait. Pour le bien de tous, oui. Mais vos vautours ne sont pas de ma responsabilité. Tout le monde sait ce qui plane en Xandrie, et votre parade n’y changera rien. Vous verrez en temps voulu l’œuvre du Mandebrume. J’ai joué ma part, j’ai joué mon rôle. A vous maintenant de prendre en main les rênes du destin d’Adrah. »

    Tu arrives à portée et essaies de murmurer assez bas.

    Excusez-moi, vous savez s'il y a un entracte ?

    Comme si tu étais au théâtre. Comme si tu ne pouvais tout simplement pas partir, là, maintenant. Alors qu'en fait, tu cherches des paroles qui t'ancrent, parce que tout te semble si grandiloquent ici que tu te sens petit. A ne rien comprendre. Misérable.

    Spoiler:
    Jawn pour EPICODE


    Ven 6 Déc - 10:03
    La foule crie à l'infâme, à l'absurde et à la haine à la moindre phrase de l'accusée. Dehors, le silence est difficile. Loin de la prestance des lieux et du procès en cours, chacun y va de son avis, de sa petite blague ou remarque à demi-voix. Les demandes au calme se superposent au brouhaha ambiant. Le tout forme un tohu-bohu général et dans tout ce charivari c'est rare si t'arrives à rire. Pourtant.

    Pourtant, tous ces connards idiots, dans leurs obsessions du mal, te font esquisser quelques sourires moqueurs. Ils se le représentent à travers les traits du Mandebrume et de Yodicaëlle. Des esprits fermés, obnubilés par leurs intérêts, à la vision étroite. Qui peut se targuer et se draper de ce qui est bien ou non ? Personne. Pas même toi. La seule vérité réside en dehors de ces croyances anthropocentrée. Elle se niche dans l'autour et le cycle naturel de toutes choses. La brume, tu la vois comme elle est vraiment, un catalyseur de vie et de mort, résiliente. Comme chacun, elle accepte ses amis et se défend face aux attaques de vos nascents et autres technologies qui puisent en elle. Vous la défiez et souhaitez qu'elle courbe l'échine ? Comme vous le faites avec tout le reste. Il est facile d'arracher une rose et de l'aimer mais, dès que le boomerang retombe vous appelez ça monstres ou dangers…

    -Attention ! Gulvar Markhul-Sharak va parler !

    « Merci à la nation aramilane pour son aide et son ouverture. Il est toujours appréciable de coopérer avec vos représentants et je dois avouer que j’avais toujours rêvé d’admirer votre chère Tribune de l’intérieur. Je n’en suis pas déçu. Mais oui, trêve de bavardages, car je viens vous apporter un autre point de question. Je suis le représentant d’une vieille famille, qui a depuis toujours su nouer des accords au travers de la Brume. Par des expéditions, par des commerces ou autres. Je me devais d’intervenir à ce sujet, concernant vos craintes sur la Brume. Nous savons aujourd’hui que la Brume n’est pas inéluctable, certes. Nous savons qu’il est possible, moyennant protections et finances, de voyager au sein de la Brume, certes. Ce sont des entreprises risquées, dangereuses et qui seraient vouées à l’échec sans la Guilde des Aventuriers, sans les employés de ma famille ou sans vôtre aide à chacun. Mais c’est possible. Du moins, ça l’était. Jusqu'alors, Uhr était l’Enclave. Seule terre désolée d’Adrah épargnée par la Malice. Phare dans la nuit, qui se dressait tel un rempart. Un lieu d’utopie où chacun pouvait venir reconstruire sa vie, se réfugier. Souffler, espérer. Vivre, tout simplement. C’est ce que vous nous avez ôté, Yodicaëlle Sarnegrave. Pas seulement à nous, peuples de l’Enclave. Mais aussi au monde, à ceux qui désespéraient dans la nuit. Ceux qui n’avaient pour seul refuge que l’idée d’une sauvegarde. Je n’ai pas de réelle question à vous poser. Vos motifs sont clairs et aveuglés par une foi en une figure abstraite qui, semble-t-il, vous a abandonnée à la mort et à la dépravation. »

    « Cet espoir factice … ne vous moquez pas de moi, maître gnome : je vous connais. Votre fortune est basée sur le malheur des gens et l’espoir de pouvoir braver la Brume. Vous êtes un menteur et un scélérat : ne jouez pas aux offusqués avec moi. Je suis heureuse de savoir que votre commerce d’espoirs et de biens prendra fin avec vous. Que votre profit cessera et que tous seront égaux face à la Brume. Ce monde n’a pas besoin de gens de votre acabit. Vous pensez avoir les mains propres, mais moi, au moins, je regarde ceux qui sont morts à cause de moi dans les yeux et j’affronte le fardeau de ma culpabilité. Non, ce n’est pas ce que je voulais dire, je … heu … »

    « Coupable, donc, c’est tout ce que je voulais entendre … J’en resterai donc là. A vous la défense ? »

    « Sale … »


    Rires et éclats chez le tout venant face à la débâcle de l'accusée.
    Dans ton fort intérieur, tu te dis qu'elle mérite sa place. Elle passe vraiment pour une conne à tes yeux, aux yeux du reste et, par ricochet, c'est toi qui passe pour.
    À croire qu'elle ne comprend même pas ce qu'elle fait là. Depuis le début, elle clame Arkanis et le Mandebrume. Elle en oublie qu'ils ne sont rien vis-à-vis de la brume en plus de se prendre la langue dans le tapis.  
    C'est la goutte d'eau qui te fait bouillonner.

    Impassible aux yeux des autres, tu remets ta capuche et t'éloigne de la foule en espérant que le leader ait choisi cette femme pour ce qu'elle est vraiment : un épouvantail.


    Spoiler:
    Ven 6 Déc - 10:32

    Le procès du siècle

    Event


    Savez-vous respirer dans la fournaise?
    Air brûlant des braises de la haine
    Je peine à reprendre un souffle apaisant

    Comme enfermée entre deux roches, la voilà coincée. Non pas entre deux montagnes, mais entre deux corps, celui d’une femme hagarde et dont le coeur battait d’appréhension, et d’un homme qui criait déjà à la fin programmée de l’accusée. Mais comme la main divine, une autre gantée d’or vient desserrer cet étau. Force brute - elle dégage une aura de justice aveugle et de calme alcyonien. Force supérieure - son cœur, lui, ne dégage ni haine, ni crainte, l’oeil de la tempête. Lö la sonde avant d’oser la regarder, et ne parvient à articuler à son égard qu’un furtif “grand merci”, timide mais sincère. Elle ne doit pas parler.

    Fournaise brûlante s’agite: un mouvement de fond, un cri désespéré du coeur. L’accusée vient de faire son entrée. Et immédiatement, Lö se précipite contre le balcon, le corp à moitié suspendu dans le vide, pressée contre le bois comme une orange mais sans pour autant franchir le vide dangereux qui la condamnerait. Elle voulait la voir. Elle devait la voir. Sornegrave, la déchireuse de monde - elle n’avait plus rien de la superbe qu’elle avait déployé à Opale. Elle n’avait plus rien des larmes qui innondaient ses joues dans les limbes. Petit corp déformé - elle remarquait ses traits changés, rabougris… Son teint pâle. Si seulement elles étaient seules, elle aurait pu comprendre ce qu’elle sentait - à défaut, elle ressentait tout les cœurs en même temps.

    Ne pas pleurer - ne pas rire. Ne pas se laisser envahir par des émotions superflus. En sa présence, chaque affect devenait plus fort. Chavirant sur son navire, l’hespéride tanguait, emportée à chaque nouvelle vague et chaque nouveau souffle de la foule: commençaient à se présenter, un à un, les accusés, les défendants, la voix brisée de la terroriste raisonnant entre chaque intervention, péniblement.

    Elle ne comprenait rien.

    Presque aucun mot.

    Mais elle les ressentait tous.

    Quand l’enregistrement diffuse les cris.


    Elle les ressentait tous.

    Elle n’aurait jamais du venir.


    Coeur chavirant, elle creusait sa propre tombe - pourquoi es-tu là, fille d’Ahdra? Un élan de suffisance? Un excès d’orgueil? Tu sais très bien que tu ne tiendras pas comme ça très longtemps. Déjà, ton crâne menace de fondre. Tu t’acharnes encore?

    Lö glisse désormais contre le balcon de bois, s’accrochant des deux mains comme prise d’un malaise discret. Elle persiste, signe: ses yeux sont braqués sur Yodicaël tandis que continuent les assauts répétés d’un parterre d’invités. Hari l’a prévenu: le monde n’est pas égal, les noms non plus. Certains brillent plus que d’autres. Pas le sien: elle n’est rien de plus qu’une poussière. Mais eux, ils brillent de mille feux, assez pour accuser.
    Quand une femme se lève discrètement - souvenir, souvenir: ce blason est celui d’Apole. Opale? Qu’importe. Elle a de petites lunettes rondes, dégage une aura étrange… Impossible de la lire, cependant, elle ne peut que la suivre avec les yeux.

    Et doucement, lentement, elle s’installe à la barre. Un murmure à sa droite change la couleur de l’intervention, un nom soupiré: Elyesa Muridas.

    Vous n’êtes pas sans savoir que l’Arbre-Dieu est mort.

    Et le monde s’écroule.

    La fournaise change de couleur…

    La foule étouffe un cri d'effroi.

    Silence absolue.

    J’ai été témoin aux premières loges de ce fait, et l’intervention d’un groupe d’individus de composition épistote, aramilane et opaline n’a rien arrangé. Ce que je peux vous dire, d’autant plus, c’est que l’Arbre était déjà en train de dépérir avant cela. Avant que les racines d’Opale ne soient sectionnées, avant que celles de Dainsbourg ne soient arrachées. Alors je corrobore la première affirmation de Yodicaëlle Sarnegrave : elle n’a fait qu’accélérer le processus et a, par ce biais, donné un ennemi commun à abattre. Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi avoir procédé ainsi ? Pourquoi autant de morts, cet attentat, ce gant jeté au visage d’Opale et d’Uhr ?

    Le processus? Lö ne comprend pas tous ces mots, tout leur sens, les phrases juxtaposées, le dessein final. Mais elle comprend la mort. Elle comprend l’attentat, la violence. L’arbre-dieu est… Mort? Il était mourant? Elle se sait relié à ce vast réseau, un énième ruisseau, une petite flaque, quelque part sur le grand tableau d’Adhra où l’arbre siégeait comme une couronne. Elle l’a tué? Impossible. Elle l’a encouragé à mourir.

    Ses yeux sont braqués sur l’accusée. Elle ne sait plus quoi croire.

    Vous l’avez dit, Docteure. Une nouvelle fois, la voix rauque de Yodicaëlle coupe le silence. Le processus allait être long, douloureux et le risque que les royaumes se soient entre-déchirés avec un affaiblissement trop lent était là. Mieux vaux amputer avant la nécrose. Ce sont des vies, oui, mais pour combien sauvées ? Je vous le redis : seul le Mandebrume peut unir Uhr contre les dangers de notre monde. Je … Je l'ai fait de la seule façon nécessaire pour que tous nous écoutent. Nous savions que l’Arbre n’était pas en forme, mais mourant … je n’avais pas idée si cela allait prendre des siècles ou des années. Je … je … oui. Selon ce que vous amenez … j’aurai dû juste attendre un peu ? Ou alors ce n’est qu’une réaction en chaîne … Quoi qu’il en soit, vous avez votre réponse.

    Elle ne sait plus quoi croire.

    La foule se remet à hurler. Mais la colère n’est plus. Ne survit que le désespoir.  L’arbre est mort: vive la Brume.
    résumons…:
    Sam 7 Déc - 15:07

    Le procès du siècle

    La Cité tourmentée


    Est-ce qu’il est quelque chose de plus ennuyant qu’une pièce vue et revue ? Une mascarade de procès, voilà ce que beaucoup disaient en coulisse. C’était une formalité, l’assurance de se sortir plus blanc que blanc de tout ça. Un criminel serait jugé, elle-même se savait coupable de tout n’est-ce pas ? Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de voir qu’elle avait sacrément morflé, va savoir les traitements qu’elle avait subis. Je sentais bien mes dents se serrer face à cette femme.

    Elle s’était perdue, l’était-elle toujours ?

    Alors que la fureur s’empara de la Tribune et que la Garde doit certainement, à quelques égards, jouer des muscles. Il n’y avait pas de repentir dans la voix réassurée de Yodicaelle Sarnegrave. Pendant une fraction de seconde, je revis la sorcière qui se tenait au milieu du carnage d’Opale dans toute sa folie, dans toute sa ferveur. J’en avais le souffle coupé, un goût de cendre et de sang dans la bouche. Mon cœur palpitait, de l’air, par pitié, quelque chose à quoi me raccrocher. Comment en sortir ? J’en oubliais qui était présent autour de moi, tel enfant malade perdu dans la houle. La lente litanie des mots de la création épistote me mettait des coups de boutoir, j’entendais les balles dans ses mots.

    Puis une hésitation, quelque chose d’humain, l’évocation d’un père. Alors devant moi, il n’y avait plus que cette créature perdue. Ce qu’elle était devenue. Un martyr ? Une idole ? Une cause perdue. Une variable d’ajustement pour le Mandebrume. Ou alors… Une dernière partition chaotique à jouer. Elle avait du répondant, elle disait du vrai dans ce qui était caché au monde. Même pour moi, même si je n’avais pu encorner une page pour voir quelques mots de ce qui se cachait dans ce livre, il y avait d’autres choses. Il y avait les Limbes. Pourquoi faisait-il froid tout à coup ? Je grelottais une seconde. Non, nous n’y sommes pas, ressaisis-toi. Est-ce qu’elle avait eu accès à ce livre du monde ? Ou lui avait-on proposé une version réécrite à elle aussi ?

    Les yeux dans le vague face à ses vérités que justifiait l’accusée, elle nous en ouvrait grand les pages. De ma place, impossible de savoir si elle jubilait intérieurement, d’entretenir la situation, d’en profiter. Utiliser cette tribune et ce procès comme caisse de résonance pour les idées néfastes. Après tout, quelle meilleure occasion pour planter de nouvelles graines de lierre dans le mur déjà fragile du panthéisme ? De craquer ce vernis qui s’était rajouté sur l’existant et sur ce que j’avais pu découvrir dans les Pyramides ? Sortant la tête de l’eau, mes yeux croisent deux soleils alors qu’une voix sinistrement connue d’un pion du Renon s’égosille. À deux doigts de croire qu’il en avait vraiment quelque chose à faire de la mort de l’Archevêque d’Etyr, mais ça ne prouvait qu’une chose : comme toujours, Epistopoli hiérarchisait les individus. Comme si ça servait de hiérarchiser les morts. Au moins, il avait justifié son déplacement. Peut-être que ce serait l’occasion pour les gars de lui faire un joli cadeau à son retour.

    Les piques s’enchainent, les attaques plus ou moins franches, certaines semblent caresser l’accuser, d’autres la faire chanceler ou faire éructer le volcan. Mais aucune n’est un couperet aussi violent que celui porté par ce petit brin de femme épistote. Muridas… L’Arbre Dieu… “Non, non, non…Là, il fait vraiment froid. Mes yeux s’ouvrent à nouveau sur le paysage de désolation incompréhensible, sur ce qui se cache en dessous de notre réalité, ou au-dessus, ou à côté ou nulle part. Seul, dans cet abîme. Finie la foule, finie la désolation, fini le temps et fini l’espace. On a connu palais mental plus ordonné, plus doux, moins sauvage, moins violent. On est de retour n’est-ce pas ? Sur ces plaines verticales, dans ces montagnes plates, dans ces océans pleins de vide et ce ciel vide de trop. Dans cette destruction créatrice. Deux astres brillent et s’approchent, une pièce se forme, les yeux brulants au milieu du visage du vieux scélérat… Une bulle de réalité qui se recréait pour éloigner l’abysse.

    Glissant des mots à l’oreille d’un autre, c’est l’Archevêque du Renon qui portera la voix de Pyros Borges, c’est l’Archevêque du Renon qui tournera les projecteurs vers un simple marchand d’épices qui était là au mauvais endroit, au mauvais moment. “Nous aimerions appeler à la barre l’un de ceux que vous avez entraînés avec vous à Opale et qui est réapparu à Doulek avec votre cohorte.

    Il était temps de se préparer à jouer son rôle. Comme aux répétitions, Arno. Visage fermé au possible. Ne laisse pas le vide gagner. Tu te lèves et avances vers cette barre. Les regards se tournent sur toi, des questions émergent. Qu'est-ce que tu es vendu te perdre dans pareille machinerie ? Sombre destin ou hasard qui t'entrainent vers le fond. Tes bras se raccrochant à cette barre comme à un radeau. Tout tangue. Les mots échangés, tout ce qui s’est dit jusque-là, ils te heurtent. Un grain de sable dans un monde que tu ne comprends pas. Enfin, tu vois clairement son visage face à toi, sans savoir si c’était celui d’une psychopompe au sommet de son art, au firmament de sa vie à Opale, celui d’une folie triste au milieu de la neige ou celui au teint verdâtre. Est-ce qu’elle te reconnait seulement ?. Tu avais besoin de réponses, alors au diable tout le plan élaboré. Alors, tu te lances. “Quand nous étions… Là-bas, vous avez parlé de votre père. Vous l’avez déjà fait ici. C’était un homme bon, de ce que j’en sais. Vous avez dit alors qu’il vous a demandé de… de servir le Dieu. Quand vous a-t-il dit ça ? Lui qui a dédié sa vie aux Douze, qui leur a construit un temple de ces mains à Doulek ? Ce temple où vous nous avez ramenés ? C’est ça que votre père aurait voulu détruire ?

    Je retrouvais cette étincelle amère dans ses yeux, je n’aurais su dire si elle me regardait ou si elle regardait au travers de moi. Je n’avais que faire du reste de la foule, ces réponses étaient pour moi et elles étaient violentes. “Ne parlez pas en son nom ! Vous… vous ne le méritez pas, vous ne le connaissiez pas… Il était… Il est revenu pour moi, il est revenu pour me guider vers lui, vers ce nouveau phare… C’est lui qui m’a fait voir la vérité, comme si enfin, il était devenu l’un des Douze que j’avais toujours vu.” La foule aramilane s’égosilla de ce parjure, pour nous, c’était un bruit de fond inaudible. “Vous voulez dire, après sa mort ?” hésitais-je. “Oui... Il a tout sacrifié pour traverser à nouveau ce voile et me mener jusqu'à lui. Jusqu'à celui qui sauvera Uhr.

    L’étincelle de violence devint fanatique dans ses yeux. Aux miens et depuis longtemps, l’âme damnée du Mandebrume était une pauvre âme perdue. Elle avait peu de chance, de voir une autre lumière.

    Et moi, quand est-ce que j'atteindrai le phare ?

    Résumé:
    Sam 14 Déc - 17:17
    Quoiqu’elle se reproche une seconde son indiscrétion, le court échange avec les deux rapporteurs devant elle constitue à ses yeux un sursis bienvenu, un dernier instant de légèreté avant que la gravité du procès ne les écrase, quand bien même cela leur vaut une semonce de la part de Sœur Lucetta qui les rappelle à l’ordre sans souffrir la moindre discussion.

    À contrecœur, Meije contemple l’aspect miséreux de la criminelle enfin parue, l’opprobre d’Aramila tout entière. Autour d’elle, certains murmurent que l’horreur de son âme a déjà commencé de lui véroler le visage, que le poids de ses actes infâmes est tout ce qui la courbe vers la terre, comme pour l’y rappeler. La Sentinelle ne sait pas bien ce qui lui serre le cœur, à cet instant. Elle n’a pas le loisir de le déterminer, en aurait eu peur de toute façon : l’image diminuée de Yodicaëlle Sarnegrave est aussitôt engloutie par son escorte de métal.

    De plus en plus mal à l’aise, elle écoute l’Archevêque de Dainsbourg présenter les accusateurs, s’émeut de leur nombre en regard d’une défense qu’un seul devra mener à son corps défendant. Elle entend Jabril se fendre d’un commentaire ironique sur le sempiternel sourire de Pyros Borges, dont la vue gêne sa protégée comme un spectacle indécent l’aurait fait ; elle perçoit la crispation grandissante de Portia lorsque vient le tour des représentants d’Epistopoli, si bien qu’il lui semble être prise dans l’étau de deux courants contraires. Elle en oublie d’applaudir – aurait-elle seulement compris le sens et le bien-fondé d’un tel geste ? En vérité, il lui est impossible de détacher son regard de la criminelle. La perspective du vote à l’issue du procès la terrifie, sans qu’elle ne sache bien pourquoi – peut-être parce que la légitimité à juger autrui est toujours un droit que l’on s’arroge, pour ne pas dire que l’on usurpe. Un peu malgré elle, sa main vient se refermer sur celle de Sœur Lucetta qui égrène les billes d’un chapelet, comme pour chercher un semblant de réconfort dans leurs prières communes à l’attention des Douze, et elle lui sait gré, dans le secret de son cœur, de ne pas lui battre froid.

    Les chefs d’accusation sont martelés avec force et Portia se tend un peu plus, si c’est possible, à l’évocation du Régent. Cependant rien n’aurait pu préparer Meije à entendre cette voix ferme reconnaissant tous les crimes énoncés pour en fin de compte plaider non coupable. Le sol aurait tout aussi bien pu se dérober sous leurs pieds, à tous, et elle a l’impression que la vocifération enragée de la foule la détache presque de son assise. Elle comprend de moins en moins ce qui se joue au sein de la Tribune et ne doit s’enfoncer que plus avant, de minute en minute, dans la poix de l’ignorance. À chacun son supplice.

    Elle ne fait en partie la lumière que sur une chose : la peur inavouable qu’elle avait d’écouter une parole laissée libre, susceptible d’introduire dans les esprits les plus tendres – parmi lesquels compte le sien – les destructeurs ferments du doute. Le ballet des accusateurs ne la dément pas et ne lui apporte aucune espèce de certitude. Avec la crainte de mal agir, elle écoute un peu trop attentivement les réponses de l’accusée, se surprend à être un peu trop sensible à l’émotion – factice ou sincère ? – qui étrangle certaines de ses paroles, à trembler devant l’impertinence qui la pousse à se faire accusatrice en retour. Une part d’elle ne débusque pas la traitreuse voix du fanatisme, la casuistique perverse d’une meurtrière essayant en dernier recours de s’ériger en martyre. Tout ce qui la sauve de l’erreur, c’est ce refrain du mal nécessaire, si souvent entendu chez Jabril, et qui aujourd’hui encore lui fait horreur – une faiblesse morale, de ces résignations trop faciles qui salissent comme le sang. Elle se sent tout de même dépassée. Les mystères de l’Arbre-Dieu, lui-même gorgé du sang des sacrifiés selon les dires de Yodicaëlle Sarnegrave, lui ont toujours échappé. Le savoir mourant est une chose ; comprendre l’intérêt de mettre un terme à son agonie en est une autre. Rien, chez elle, ne peut souscrire à ce tableau abject d’un peuple cimenté par la glaise de la souffrance, dont l’Intendant des armées du Renon se charge de rappeler la voix en ajoutant à une liste déjà longue un ultime chef d’accusation. Meije n’ose tourner le visage vers Portia. Elle ne parvient pas non plus à esquisser le moindre geste pour se boucher les oreilles, comme si un sentiment de honte l’empêchait de se soustraire à l’atrocité. L’espace de quelques secondes, il lui semble que son corps se dissocie de sa conscience, dans une insurmontable tétanie de cauchemar. Son sang se fige et lui donne froid, au mépris de la chaleur implacable qui pèse sur leurs têtes, ses yeux se brouillent et sa gorge se noue amèrement. Les rires qui flagellent sans pitié une défense chancelante achèvent de lui donner la nausée.

    Du reste, comme s’ils avaient fixé le soleil trop longtemps, subsiste ce point aveugle que la meurtrière ne daigne toujours pas éclairer. Meije a déjà entendu ce genre de discours, sans oser y accorder le moindre crédit – la croyance tenace qu’on leur cache quelque chose. Ces paroles résonnent un peu trop étrangement en elle, qui n’a jamais fait partie des confidences parmi les siens, que l’on a toujours prétendu protéger, préserver d’un savoir bien plus inconfortable que l’ignorance. Une fois encore, elle n’a pas le temps de se torturer l’esprit plus avant, puisqu’une représentante d’Opale les décapite d’un même couperet en annonçant la mort de l’Arbre-Dieu comme on partagerait les banales nouvelles du jour. Autour d’elle, la foule est partagée entre agitation et sidération, entre tentative de comprendre l’incompréhensible et refus catégorique d’y croire. Et l’intervention suivante, qui amène la figure sentimentale d'un père dans l'équation, n'arrange rien.

    Meije sent la main de Sœur Lucetta entourer la sienne devenue tremblante. Elle regarde sans vraiment la voir la droiture proverbiale d’Amalia Zirkys se dresser non pas comme un glaive, mais comme un tuteur d’airain pour tous ces cœurs malades de douleur et de haine. « Beaucoup de choses ont été dites, commence-t-elle d’une voix égale, mais quelques éléments restent en suspens. Nous avons le motif, nous avons le crime. Mon intervention ne vise donc pas à revenir sur ces points, mais à mettre en lumière quelques remarques, utiles pour un futur proche. » Elle prend le temps d’inspirer profondément avant de poursuivre : « Cette personne a été au cœur du camp adverse et a connu ses plus intimes secrets – dans la mesure de ce qui lui a été laissé. Elle présente, de plus, certains sévices qui nous étaient alors inconnus sur l’usage trop intensif de certaines technologies cristallines. La tuer permettrait au XIIIème Cercle d’enterrer de trop nombreux secrets et il serait inopportun de céder à cet élan. De ce fait, je ne conseille pas la clémence mais la retenue. Yodicaëlle Sarnegrave a de toute évidence été manipulée par son culte, et la voir mourir les arrangerait. Ceci clôt mon intervention, merci. » Les huées qu'aurait pu inspirer l'exhortation à la retenue sont étouffées par le froid pragmatisme de la Commissaire du Guet. Sans doute Yodicaëlle Sarnegrave comprend-elle cela, car c'est exactement par le même esprit qu'elle rétorque aussitôt : « Vous êtes bien candide si vous pensez que je n’ai pas été… interrogée en bonne et due forme. Mon état devrait vous en dire… » L’accusée semble se museler sous l’injonction d’un regard – qu’elle seule perçoit peut-être. « Merci de me laisser parler, Archevêque, c’est bien pour cela que je suis ici non ? Vous parlez de choses que vous ne comprenez pas… Mais je ne m’opposerai pas à une quelconque coopération : le salut d’Adrah est ce qui m’a toujours guidée. Ce qui continuera de me guider, comme je l’ai déjà maintes fois répété à mes geôliers. Et ce, même lorsque… lorsque j’ai été soumise à la… quand… Quand j’ai été interrogée. » La censure qu’on lui impose est risible et superflue, évidemment, et même un cœur aussi naïf que celui de Meije comprend ce dont il est question. Elle mesure toute son impuissance devant le serpent de la violence qui trouve toujours de quoi se nourrir et se mordre le bout de la queue. Que faire, alors ? À quel point est-il possible de se raccrocher aux principes fondamentaux, au vœu pieux d’une bonté également présente dans la nature, à la croyance morale qu’aucun projet, aussi noble se prétende-t-il, ne peut s’accommoder d’un quelconque sacrifice humain sans se condamner à la souillure ?

    Spoiler:
    Sam 14 Déc - 19:34



    Elle forgea l'amour qui permit aux peuples d'avancer ensemble,

     de construire des cités et d'y vivre en paix.


    Sortie de l’ombre de son sombre cercueil, la flamme qui attisait tant la haine de ces papillons colériques était bien pâle. Grise et malingre. Courbée et enchaînée. Par le poids de ses péchés ? Par celui des autres ? Les sévices marquent sa chair, l’Alliance n’est pas toujours aussi tendre que l’image qu’elle voudrait renvoyer. Pourtant, ces marques ne sont pas du seul fait de son enfermement. Le teint de sa peau, la déformation de son corps, étaient la conséquence de ses propres sévices, auto-infligés. Le pouvoir des cristaux venait à ce coût. Abuser de leur puissance, se gorger de leur pouvoir, dépasser les limites de son corps.. entraînait sa propre perte. En était-elle pleinement consciente lorsqu’elle décidait de s’infliger ce châtiment pour le bien de sa mission ? Son Faux Dieu lui avait-il révélé le sort qui lui était réservé, dans ces plans qu’il gardait bien soigneusement hors de portée de ses oreilles ?

    Que lui avait-il dit, de ce qu’il avait fait, avant que ne débute leur calendrier ? Mille neuf-cents trente-et-un ans plus tôt.

    Que lui avait-il dit sur ce qu’il comptait faire ? Unir les peuples d’Uhr. Lui qui les avait déjà sauvés.

    Le poing de la garde dorée se serre. Sous le métal luisant, elle contient l’émotion qui cherche à étreindre sa poitrine. Sarnegrave n’est qu’une pièce du puzzle. Pas même centrale. Elle ignore tant de la vérité qu’elle scande.

    La tension s’efface. L’émotion n’est pas nécessaire.

    Son regard parcourt la foule amassée sur les balcons. Finit sa course sur une silhouette encapuchonnée, un oiseau bien énergique sur l’épaule, mains jointes dans une prière désespérée. Priait-on pour la Sarnegrave ? Pour les morts qu’elle avait semée ? Pour la mort que réclamait désormais les survivants ?

    Les Douze ? Ou le Mandebrume ?

    Faux dieux.

    Non.

    La garde s’approche calmement de la forme prostrée, se poste à son côté et d’un geste simple, vient poser une main sur son épaule. La pression bienveillante de ses doigts rencontre la résistance du métal. Une lueur de surprise glisse dans le vermeil de ses prunelles alors qu’elle tente de percer l’obscurité de cette trop large capuche. Un amélioré ? Un automate ? Ils n’étaient pas courant en Aramila. Combien étaient-ils, à être croyants ?

    Incarnation du calme, la garde acquiesce silencieusement et détourne le regard vers la foule. Sa voix est douce, presque maternelle, comme l’était l’étreinte de ses doigts. Sous le métal doré, brille invisible, le nascent de polygraphie.


    - N’ayez crainte. Qui priez-vous ainsi ?

    Discrete, presque humble, s’avance vers elle une autre silhouette masquée. La moitié haute de son visage laisse pourtant deviner la jeunesse de ses traits. Et un air un brin perdu. Sa question prend pourtant la garde de court.

    Un entracte ?

    Provocation volontaire ou inconscience manifeste ? La garde toise l’inconnu mais son visage reste de marbre. Combien pouvaient-ils être ici, à ne pas connaître leur place dans ce qui pourrait ressembler à une vaste mascarade ? Combien se demandaient, ce qu’ils faisaient ici, ce qu’ils étaient venu chercher, entendre, voir ?

    - Si vous avez besoin de prendre l’air, vous pouvez quitter la Tribune quand il vous sied. Si vous avez besoin d’eau, il y a des fontaines dans cette direction.

    Informative, sans jugement ni invective.

    Ils étaient sans doute parmi les plus saints d’esprit ici, ceux qui se sentaient perdus.

    Était-elle ici pour les guider ?

    - Vous pouvez aussi prendre le temps de vous asseoir un moment, être témoin de ce que les Hommes veulent écrire dans la grande Histoire. De ce que vous voulez écrire dans la vôtre.

    Ils écrivent, tous. À chaque instant. Elle les entend, ces millions de plumes qui grattent en permanence sur ces millions de livres. La mélodie berce ses rêves et ses cauchemars. Cette nouvelle page, écrite en commun, que dirait-elle de leur monde ? De leurs vies.

    Qu’écriraient-ils tous, lorsque Elyesa Muridas se leva.

    Et que la sentence devint irrévocable.

    L’Arbre-Dieu est mort.

    Résumé:
    Dim 15 Déc - 0:42
    Le procès du siècle

    RP libre - Event



















    Le natif de la brume écoutait les intervenants à tour de rôle, pourtant, seules les réponses de sa consœur l'intéressait. À dire vrai, il était réticent à assister à ce simulacre de procès, il connaissait déjà la finalité de tout ça alors quel but y prendre part ou du moins l’observer quand les règles du jeu son pipé ? Mais pourtant, certains de ses collègues eux n'étaient pas du même avis, finalement peut-être avaient-ils raison. Peut-être que les réponses apportées par Yodicaëlle étaient dignes d’intérêt. Oui, ce sont les mots d’une criminelle qui lui parviennent le plus clairement et qui finalement attise sa curiosité. Mais voilà maintenant le tour de Sulja Ul Ilsm de prendre part à ce jeu.

    « Merci à tous, merci. D’être réunis là, de prouver qu’Uhr peut s’unir envers et contre tout. Vous n’êtes pas sans savoir le passé houleux de ma terre natale, ni les difficultés que nous avons traversées. Mais je suis heureuse de me tenir face à vous et de contempler ce panel rassemblé de gens de toute l’Enclave. Et c’est de cette unité que je voudrais parler. Pourquoi a-t-il fallu attendre l’intervention d’une terroriste pour l’atteindre ? Pourquoi ces morts ? Parce que la nécessité l’a exigé, certes, mais ce procès témoigne de ce fait indéniable qu’il n’y a là qu’un pas à faire. Et il est triste de penser qu’il a fallu tant de victimes … et qu’à présent la Brume s’étend et frappe à nos portes. Nous avons tant perdu … tant perdu … Et regardez à cause de qui. A cause de quoi. Une femme si engoncée dans sa quête de pouvoir personnelle qu’elle se réfugie derrière son fanatisme et ses élucubrations ? Que les Douze nous gardent, mais je ne vois qu’un châtiment à sa place. Elle a voulu s’arroger le pouvoir des dieux, et voici à quoi elle a été réduite à présent. L’ombre d’elle-même, un pion. Un affreux petit pion. La mort serait trop miséricordieuse pour une chose comme elle. Montrez donc votre unité, peuples de l’Enclave. Elle a voulu vous livrer à la Brume ? Qu’elle subisse le même sort. »

    Un soupir comme réaction de la part de Su’en, comme convenu, ils ne veulent que du sang sans essayer de comprendre les véritables enjeux. Il écoute alors attentivement la réponse de Yodicäelle.

    «Vous êtes bien arrogante pour une servante de Lapis. Je ne crains pas la Brume. Je ne suis qu’une avec la Brume, la Brume est avec moi. J’ai foi dans le Mandebrume et je mourrais en sachant avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour l’Enclave. Peu importe mon nom dans l’histoire, peu importe comment je finis. Je mourrais en sachant que je vous ai tous sauvés ! Malgré vous, envers et contre tous : j’ai fait ce que je devais faire. Et vous devrez, demain, faire bien d’autres choix … »

    Après avoir écouté toute les réponses de l'accusée, un large sourire difforme se fend sur le visage du membre du Cercle, ses yeux s’aiguisent. Enfin il entrevoit un chemin qu’il avait cherché parmi eux. Des réponses.
    Une idée lui vint alors, traversant son esprit brièvement. Pour le bien de celle-ci, Yodicaëlle doit vivre.

    Spoiler:




    Dim 15 Déc - 1:08

    Le procès du siècle

    La Cité Tourmentée tour 3 - RP libre



    Chaque diatribe renforçait la grogne populaire et les murmures qui gagnaient en intensité. Plusieurs fois l’Archevêque Bulzimil Raelm Ul Mahteis Ezsicdamal dû recourir à une cloche disposée pour l’occasion pour obtenir le calme. L’écho des carillons résonna loin dans la Tribune, pensée pour que toute voix puisse porter jusqu’à chaque oreille de l’assemblée hétéroclite. Sifflements, invectives. Insultes. Rien n’était épargné à l’accusée. Elle se recroquevillait, faisait sonner ses chaînes. Chaque voix qui s’était élevée avait apporté son fardeau de culpabilité et si elle était persuadée d’œuvrer par nécessité, il ne fallait pas être fin psychologue pour comprendre que ce procès était une véritable épreuve pour elle. Déstabilisée, perturbée … torturée.

    Puis … puis …

    Silence. Un frisson qui gagna l’assemblée, tandis que les paroles de l’envoyée du Magistère se réverbéraient dans toute la Tribune. Incompréhension mutique qui se mua en une peur viscérale. Quelque chose qui vint prendre au cœur ceux qui étaient assis là. Ceux qui écoutaient, ceux qui fronçaient les sourcils. C’était inimaginable. L’Arbre-Dieu ? Quel rapport avec la Brume ? C’était quoi cette histoire de racines ? Ceux qui siégeaient semblaient en percevoir la gravité. Mais le reste ? Les murmures gagnèrent en puissance, la compréhension se fit. Puis les éclats de voix prirent. Se répandirent. Du silence émergea un brouhaha qui se mua en cacophonie. Il fallut toute la voix de l’Archevêque de Dainsbourg pour réclamer le calme de nouveau.

    - Je vous remercie pour votre intervention, Docteure Muridas. cracha-t-il entre ses dents, des éclairs dans les yeux.

    Le mot se répandit dans la cité par les crieurs et bien vite les informations relâchées par la servante du Magistère se firent l’effet d’une traînée de poudre. Les moins éduqués ne comprirent pas les implications mais la peur avait ceci pour elle qu’elle ne nécessitait pas compréhension. Viscérale, elle embarquait les foules et embrasait les cités. Ce procès avait déjà un goût de cendres. Malgré lui, Bulzimil regarda vers ses confrères, regarda en direction d’Opale où trônait le supposément mort Arbre-Dieu. Un instant de flottement où ce ne procès ne ressemblait plus à l’un d’entre eux. Ils avaient tous eu ouïe dire de cette expédition, de son échec. De ses conséquences. Mais de telles conséquences ? Ce fut dans une situation de tension renouvelée que se continua le procès. Que les questions revinrent. Les premiers à la barre furent un peu fébriles, et le ton n’y était plus …

    - Nous vous avons entendus, habitants de l’Enclave. Nous avons entendu vos mots, vos accusations. Vos ires à l’encontre de celle qui se tient devant vous. Les faits sont avérés, les actes délictueux confirmés. Yodicaëlle, en dépit de votre refus d’admettre votre culpabilité, vous ne réfutez pas vos actes ni ne semblez en éprouver la moindre culpabilité. entama Bulzimil, haut et clair.

    De nouveau, il fit sonner sa cloche pour obtenir le calme et l’attention. Il inspira, laissa quelques secondes pour retenir son auditoire. Sa main gauche se leva. La terrible senestre, mauvais augure pour l’accusée.

    - Cependant … tonna-t-il, nous n’avons pas encore laissé la défense s’exprimer au sujet de Yodicaëlle Sarnegrave. Azoriax veille en toute chose et l’équité est un sens premier en Aramila. Peu importent les crimes, peu importent les accusations : tous ont droit à un procès équitable. Ainsi en sera-t-il ! Archevêque Ilu, mon ami. Mon frère. Vous avez accepté le lourd fardeau de représenter une femme qui a sali vos ouailles de son nom, qui a craché sur les mains que vous lui avez tendues. C’est sous l’œil de Raphalos que nous vous écoutons.

    Il indiqua l’homme au masque d’argent d’un geste théâtral et Ilu se leva dans un silence à nouveau glacial. Le ton de Bulzimil trahissait le destin de Yodicaëlle a ses yeux mais un procès avait été promis. Alors procès il y aurait. L’Archevêque de Doulek s’avança dans sa grande robe immaculée. Ses longs cheveux blonds dépassaient de sa capuche. Il leva une main paisible vers son masque et glissa ses doigts par-dessus.

    - Ilu vous … commença l’Archevêque de Dainsbourg.

    - Nul ne peut représenter la Justice des dieux à visage couvert. le coupa l’Archevêque, avant d’ôter son masque.

    Il révéla un visage traversé par une cicatrice blafarde qui lui dévorait la partie gauche et enterrait son œil sous un canevas de chair luisante. Son oreille et la moitié de son nez avaient sous les reliquats d’un feu intense. Des traces blanches trahissaient une cicatrisation récente, une douleur toujours présente.

    - Tous n’ont pas eu l’honneur de rejoindre les Douze ce jour-là. continua-t-il d’une voix douce et ferme.

    L’Archevêque d’Etyr avait bien périt lors de l’attentat d’Opale, en effet. Mais il n’avait pas été le seul à représenter Aramila au Conseil. Là était la raison pour laquelle Ilu portait un masque. La raison pour laquelle il l’avait ôté devant tous et que son œil rescapé était à présent rivé sur Yodicaëlle qui contemplait avec gravité les cicatrices laissées par les explosions sur le visage de celui qui mènerait sa défense. Elle leva les yeux, exprima une mimique de dégoût.

    - Peuple d’Uhr, reprit Ilu après que les murmures se soient tassés, vous avez entendu les accusations et les réponses de Yodicaëlle Sarnegrave. De nombreuses accusations ont été avancées, face à sa responsabilité dans les attentats, de son appartenance au XIIIème Cercle. Certains ont même avancé les supposées faiblesses de la prévenue. Je vous en prie, peuple de l’Enclave : écoutez-moi avant de vous prononcer. Veillons à rendre Justice. Sans éclats, sans heurts : montrons-nous dignes de la voie tracée par Azoriax. Sous l’œil des Douze, nous ne nous égarerons pas.

    HRP:
    Lun 16 Déc - 18:26
    Et tandis que tu t'éloignes de la foule, sa danse te ramène sur tes pas. Difficile d'aller à l'encontre de cette masse de cloportes qui s'accumulent autour des miettes. Et, tandis que tu te fatigues contre le courant, tu as une impulsion emplie de remords. Toi qui a fait le déplacement jusque là, toi qui est peut-être la seule amie qui lui reste. Partir sans même lui offrir un regard… Est-ce une prise de conscience, un regain humaniste ou bien de la simple curiosité pour cette femme désarticulée ?

    Quoiqu'il en soit, tes pieds, contre tout bon sens, font demi-tour. Ils s'infiltrent dans la foule. Ta silhouette menue te permet de passer entre les blocs compacts de visages issus de tous les horizons. À mesure que tu avances, tu joues de plus en plus des coudes. Les invectives fusent entre tes dents et pour tes oreilles mais tu n'en as cure. Les crieurs rapidement remplissent l'espace auditif.

    Tu continues ta route tandis que la clémence envers l'accusée est demandée pour extraire ses secrets. Aux pieds d'une porte latérale, un garde te regarde de travers. Ignores le, comme tous les autres. Tu montes les premières marches. Maintenant, il faudrait la laisser au sort qu'elle a fait subir au monde en l'envoyant dans la brume. La populace acquiesce, se contredit et se renvoie les balles de bonne conscience pour oublier leurs atrocités. Ça te débecte tandis que tu poses enfin le pied sur la terrasse surplombant l'arène. Tu te faufiles contre le mur jusqu'à trouver une interstice pour atteindre la rambarde. À côté de toi, un garde te scrute du regard. Tu enlèves ta capuche et lui adresse un large sourire de remerciement pour la place que tu t'es octroyée tandis que l’homme de la défense prend la parole.

    "Cela valait-il la peine de sacrifier les îles au dragon ? Peut-être. Nous n'en savons rien : nous n'en avons entendu que les terribles cris issus de la conque ici présentée. Quant au reste du monde, nous ne savons que trop les affres de la Brume en dehors de nos frontières. Elle nous menace à présent partout. Les timides frontières sont ... incertaines. Docteur Muridas, vous nous avez révélé que l'Arbre-Dieu était mort ... Est-ce vrai ? En êtes-vous certaine ? Vous avez aussi dit que cela n'était pas du fait de Yodicaëlle Sarnegrave : pourriez-vous nous en dire plus ?"

    La scène est grandiose. Elle… est si petite. Ses cheveux, ses habits et même ses muscles semblent desséchés. Autour de Yodicaëlle, les fanatiques d'un autre genre s'acharnent sur ce qui reste de la terroriste comme des blumeux sur un cadavre frais. Tes yeux se figent sur l'accusée. Tu espères qu'elle te remarque mais tu ne discernes rien de sa part hormis son visage baissé. Tu as envie de lui crier ton soutien. Tes lèvres s'entrouvrent mais ce n'est pas ta voix qui trône à travers les gradins. C'est celle d'Elyesa Muridas :

    "C'est ... c'est récent en effet. L'arbre subissait une corruption d'origine inconnue, et nous n'avons pas pu la limiter. Suite à un accord avec ... diverses parties prenantes d'une expédition au cœur de la forêt de l'Arbre-Dieu, il a été décidé de tenter le tout pour le tout et de reproduire ce que les écrits anciens indiquaient. Des ... âmes valeureuses pour nourrir la protection qu'offrait l'Arbre.Mais cela ne s'est pas passé comme

    Silence de plomb dans l'assemblée.

    Quelque chose s'est passé dans le cœur de la forêt et l'Arbre a connu une fin précipitée. Son tronc a commencé à pourrir, et ses racines à faiblir. Madame Sarnegrave n'est donc ... pas entièrement responsable. C'était une équipe du dernier espoir. Je ... je suis là pour assumer mes fautes face à vous aussi. Le Magistère aura essayé jusqu'au bout de protéger l'Arbre. Le XIIIème Cercle aura tout fait pour en précipiter sa fin."

    Tout le monde s'agite autour d'elle, dans la Tribune. Ce ne sont clairement pas des informations que tous aimeraient voir révélées au grand jour, surtout dans une telle foule. Au dehors comme au dedans, certaines âmes sensibles se mettent à pleurer et des crises d'angoisses se font sentir.

    "Je ne peux vous en dire plus, malheureusement, mais il y a beaucoup de choses que nous ferions mieux de discuter ici plutôt que de nous acharner sur ce procès. J'ai peur, peur pour notre avenir.”

    Silence.

    - TRAÎTRESSE !...
    L'insulte s'est envolée sans que tu ne puisses y résister. Tu connais tes accès de colère, tu te dois de les maîtriser ! Maintenant il faut que tu ailles jusqu'au bout de ta pensée pour ne pas te retrouver avec l'épouvantail abandonné. Au moins, maintenant, elle te voit.

    - Si vous saviez pour l'Arbre-Dieu, pourquoi ne pas en avoir averti le Conservatoire ?! NOUS aurions pu vous aider ! Aider Urh et la nature… C'est notre travail… Tu laisses couler une fausse larme sur ta joue.

    - Vous êtes tout aussi complice que cette… Anarchiste. Peut-être êtes-vous vous-même complice du Régent ?! Les sacrifices dont vous parlez ne sont-ils pas du même essor que ses crimes ?!..
    Maintenant que vous avez peur, que vous regrettez, vous retournez votre veste ?!


    Des cris d'un peu partout répondent : c'est vrai ! Traîtresse ! Encore le Magistère ! C'est une honte !

    L'Archevêque Bulzimil se met à secouer sa cloche pour obtenir le silence. Il adresse un signe à Circé Benvenuto et celle-ci se lève, ce qui suffit pour que la Garde Sacrée se redresse et reprenne le contrôle des quelques individus qui ont commencé à crier, hurler. Certains se font sortir, d'autres juste invectiver. La tension monte, monte ... Le silence met plusieurs minutes à revenir.

    -Silence !... Silence !...
    Si vous désirez prendre la parole, faites-le donc ici bas !
    Nous ne tolèrerons pas d'interruption du procès, qu'Azoriax m'en soit témoin. Nous ne sommes ici pour juger Yodicaëlle Sarnegrave. Toute atteinte à l'ordre public sera sévèrement réprimé !


    Tu as jeté de la poudre sur le feu et tu as obtenu ce que tu voulais. Le regard de Yodicaëlle est plongé dans le tien le temps que la suite reprenne son cours. L’incident se tasse et le procès se poursuit avec un sentiment malsain dans l'air.
    Mar 17 Déc - 17:56
    procès du siècle





  • Et alors que tu tentes tant mal que bien de t'extraire de cette situation, tu te rends compte que rien ne te garde ici. Tu peux en effet partir à n'importe quel moment, Alexandre; guère besoin d'attendre une pause qui ne viendra pas. Tu te voiles la face, mais tout autour de toi montre que rien ne va. Plus rien.

    Tu n'as même pas envie de continuer les fausses questions, les demandes absurdes, car tu as ce sentiment que quelque chose va mal. C'est peut-être cet android prêt de toi qui te fait réagir. Et si ce n'est pas le cas, c'est probablement les cris qui fusent.

    Traitresse.
    Traitrise.

    Ah, celle-là, tu ne t'y attendais pas. Elle te laisse pantois. Comme si le peuple se réveillait un beau matin, peu heureux de la merde qu'on leur donne à manger depuis des années. Et on veut taire ces voix, on réclame le silence alors qu'Ilu tente bien que mal à retrouver l'attention de la salle. Pour la grande vérité; la terrible vérité. Celle qu'on veut probablement étouffer.

    « Vous parliez d'un mal plus grand, Yodicaëlle. Que ce vous aviez fait était terrible, certes, mais nécessaire. Pourriez-vous nous en dire plus ? Que se passera-t-il ? De quoi aviez-vous si peur pour que la mort de tant de personnes soit envisageable ? Voyez donc tous les peuples d'Uhr assemblés ici pour vous écouter. Vous désiriez avoir de quoi avertir le monde, lui donner une direction commune pour affronter ce qui nous attend. Vous avez votre Tribune ... »

    Tu ne sais pas si continuer de regarder cette scène est nécessaire. Tu te doutes que rien n'avancera. Ces juges sont déjà certains de leurs choix. Mais il y a quelque chose qui te donne envie de rire. Qui fait gronder un peu ton ventre, qui le noue discrètement. Cette même chose qui te fait rester là, sur place, alors qu'on t'a invité à partir ou te réinstaller.

    Les gens sont monstrueux. Un premier projectiles s'envole et s'écrase dans le dos de la jeune femme, déjà rudement menée.  C'est le début d'une pluie douloureuse que la Garde Sacrée fait de son mieux pour arrêter. Des cris, des larmes; terribles lamentations d'un monde injuste.

    Et toi, tout ce qui te dérange, dans tout cela, c'est cette foi aveugle.

    Ce n'est pas que tu es en accord avec les actions de Yodicaëlle, loin de là, mais tu es répugné par cette façon de montrer les choses. Il suffit de crier une fois pour que quelqu'un répète. Dire un amen pour que la foule prie. Prononcer un coupable pour que le monde accepte. Comme si personne n'observait, préférant se laisser porter par les vagues qui s'échouent.

    A trop parler, Ilu l'étouffe. Il la noie dans les sombres regards de cette foule.
    Bientôt, pas de doute, elle brûlera sous ses mots.

    Spoiler:
    Jawn pour EPICODE


    Mar 17 Déc - 20:49

    Le procès du siècle

    Event



    Ça commençait à être long… Kailan se demandait pourquoi on se cassait la tête à donner un procès pour une illuminée qui était persuadée de bien faire. Tout le monde semblait être dressé contre elle. Il n'y avait plus qu'à attendre la sentence. Kailan écoutait désormais d'une oreille distraite les discours répétés par le crieur.

    C'était Ilu qui prenait la parole :

    « Messieurs, mesdames. Ne soyez pas trop prompts à vous montrer cruels envers Yodicaëlle Sarnegrave. Je sais que vous êtes nombreux à vous questionner sur l'intégrité de cette femme, sur son état d'instabilité manifeste. Les fantômes de son père décédé, la conviction folle que le Mandebrume nourrit un objectif salvateur. J'y vois les prémices d'une fièvre que vous n'êtes que trop nombreux à désirer aussi : la quête du sens, du pourquoi. Face à la Brume, face aux épreuves des Douze. La foi est une question complexe, et tous ne sont pas sensibles aux mêmes préceptes. Tous n'ont pas la même fragilité que Yodicaëlle face aux vicissitudes de la vie. »

    Kailan lâcha un bâillement à s'en décrocher la mâchoire. Elle aurait pu choisir un autre boulot, plutôt que terroriste. Elle n'en serait pas là… À condamner une partie d'Uhr de par ses actes, si ce n'était ce qu'il restait de l'humanité. Kailan se saisit de sa gourde pour se désaltérer, alors que le crieur répétait la réponse de Siegel :

    « Si vous le permettez, Archevêque, je me permettrais de nourrir cet auditoire de quelques mots quant à la position de cette femme que vous ... semblez défendre. Ce n'est pas la première fois que le XIIIème Cercle se mêle d'affaires qui ne sont pas les siennes. Tout comme Opale, Epistopoli, Aramila ou la Xandrie. L'histoire est faite de nombreux moments qui ressemblent à des emprunts de fanatisme, n'est-il pas ? Bien que les nations aient tenté de se racheter, n'oubliez pas que le désespoir rôde dans nos rues. Je vous suggèrerais d'essayer d'éviter de pousser cet angle, d'autant plus que des éléments assez graves viennent d'être apportés par le Magistère. Que l'Arbre ait été anéanti dépasse l'entendement, comment cela se peut-il ? Depuis deux mille ans qu'il nous couvre de son ombre salvatrice et ... maintenant ? C'est un temps de troubles qui nous attends et je pense que cette femme savait très bien ce que cela induisait ... Alors pourquoi avoir attaqué les racines si le XIIIème Cercle n'est pas impliqué dans la mort de l'Arbre ? Quel était l'intérêt ? Il y a là un dessein que vos … questionneurs semblent avoir oublié de traîter. A moins que cette femme ait été maintenue dans l'ignorance de tout. »

    Tout cela était vraiment ennuyeux.

    Résumé:
    Ven 20 Déc - 23:45
    Alors que l'accusée se perdait au milieu de ses bafouillements, que la colère de la foule s'amplifiait à la manière d'un brasier prêt à la dévorer toute entière et que l'issue du procès – vulgaire farce – semblait une évidence aux yeux de tous... Une annonce ramena brusquement le silence au sein de l'assemblée. Nul besoin de cloche ou de la voix de l'Archevêque Bulzimil Raelm Ul Mahteis Ezsicdamal pour obtenir le résultat escompté cette fois. Mais dans la quiétude soudaine revenue, persistait un malaise. D'abord indécis, il prit lentement place, s'ancrant dans les cœurs à mesure que les mots prononcés ouvraient la porte de l'horreur et que les premiers gémissements montaient parmi la foule.

    L'Arbre-Dieu était mort.

    La vérité s'abattit sur eux comme la lame sur la nuque d'un condamné.

    L'Arbre-Dieu était mort.

    Les explications ne tardèrent pas à suivre, bientôt remplacées par des excuses maladroites. A ce stade, peu importait le responsable. Sans la protection de l'Arbre-Dieu, la Brume se répandrait sur ces terres comme un fléau divin, changeant et transformant tout ce qu'ils avaient connu jusqu'alors. Chacun verrait les êtres chers arrachés sous ses yeux par les horreurs sévissant dans le sillage de la Malice. Les pensées vagabondes du Grand Camérier s'arrêtèrent alors sur un visage. Un de ceux comptant parmi les absents de cette terrible mascarade, malgré son importance. Ironie du sort ou funeste prédiction ? Les craintes de Sylas Edralden se matérialisaient pour de bon. Etait-ce la fin de l'Humanité ? Ou le début de-

    « Comme nous l'avons souligné, il reste encore beaucoup d'incertitudes sur les velléités finales de votre secte, Yodicaëlle. Vous avez déjà livré quelques éléments aux autorités compétentes, mais beaucoup restent à révéler, identifier. Il est difficile de croire que vous ayez si peu ... de liens, surtout vis à vis de votre posture et des actions d'envergure menées. De ce que vous avez infligé comme dommages à nos nations, à nos âmes... »

    Dans le tumulte du désespoir, une voix s'éleva. Solitaire. Celle d'Ilu, dont le destin, à jamais non rassasié de l'ironie avec laquelle il les berçait, avait désigné comme le défenseur de Yodicaëlle. Au timbre doux, teinté d'empathie de l'Archevêque meurtri dans sa chair et son âme, se superposa alors les intonations artificielles d'A.T.L.A.S :

    « ... si vous le permettez, Archevêque Ilu de Doulek, je peux en ce biais proposer mes services. N'ayant eu que peu accès à l'entité Sarnegrave du fait de ma récente mise en service, et des occupations qui étaient les miennes en Epistopoli, je peux m'approcher et vous livrer les quelques conjectures issues des données collectées. Cela vous ouvrira, je l'espère, quelques portes de réflexion quant à l'intérêt de faire appel à nos services et à nos intérêts convergents. L'entité Sarnegrave ici présente a oeuvré avec une branche identifiée du XIIIème Cercle mobilisée avec précision pour faire obstruction au Conseil, tout en servant de diversion - état de fait préalable. Ce que j'ai observé par ses interactions rassemble les points suivants, et le constat qui en suit. Manipulée par le XIIIème Cercle, Yodicaëlle Sarnegrave a été poussée dans leurs rangs par la mort de son père et son utilisation à cette fin. Elle a été trompée - méthodes conventionnelles de la secte - pour la diriger dans un attentat servant de diversion. En cela, elle n'a été qu'un outil entre leurs mains et ne pourra, malheureusement, que peu délivrer de complices hormis ceux connus. Cette voie est donc close. Cependant, certaines interventions trahissent un motif s'ajustant avec les finalités du XIIIème Cercle. Je conviens donc à tous de prendre mesure de cet état de fait : n'oubliez pas que la secte a infiltré de nombreuses organisations en Uhr pendant des siècles. Epistopoli n'était pas la seule concernée. »

    Un rictus étira le coin des lèvres du Spectre. Confier la collecte d'informations à cette abomination ? A une nation qui fut sous le contrôle du Mandebrume en personne ? Il fallait être fou ou désespéré pour se risquer à accepter pareille proposition. Comme si cette chose pouvait concurrencer leur réseau d'espions.
    Mar 24 Déc - 11:47
    Meije remonte péniblement des profondeurs de ses incertitudes, mais se heurte de nouveau à l’aspect misérable de Yodicaëlle Sarnegrave, à sa complète prostration. Quelle image donne-t-elle, à présent, si ce n’est celle d’une bête à l’agonie que la décence commanderait d’abattre sur-le-champ ? Pour ne rien arranger, s’ajoute à la tyrannie de l’accusation celle plus implacable encore de la peur. Elle se concentre sur la main de Sœur Lucetta et le carillon sonné par l’Archevêque de Dainsbourg afin de ne pas se laisser submerger complètement par la commotion générale. La parole est désormais à la défense, et comme la majorité de l’assistance probablement, Meije retient son souffle lorsque le représentant de Doulek esquisse un geste pour retirer son masque et avancer à visage découvert dans la lumière d’Azoriax. Seule la distance la défend contre l’horreur accablante de sa face balafrée, mais la compassion la déborde tout de même, balayant le cynisme qui aurait pu la dessiller et lui faire voir dans cette défiguration une ironique métaphore de la justice dispensée par la Tribune.

    Le récit glaçant d’Elyesa Muridas la rappelle cependant à des émotions bien plus primitives, et la confronte durement à ses propres impasses. Meije n’est pas certaine de vouloir comprendre. Elle n’est pas certaine de pouvoir s’accommoder d’un monde où une poignée d’individus ait pu envoyer des bonnes volontés à une mort certaine, dans un but prétendument sacrificiel qui supplanterait à lui seul l’ensemble des archaïsmes d’Aramila. C’est tordu. Très Opalien dans l’esprit, aurait sans doute ajouté Jabril. Peut-être est-ce pour cela qu’une fois encore, elle n’ose regarder les visages de ses proches, craignant confusément de ne pas y lire la stupéfaction attendue.

    Un trait de colère siffle dans les gradins et la détourne momentanément de ses contradictions personnelles. Une représentante du Conservatoire rejette la faute sur Opale et soulève une lame de fond dans l’assemblée. Les lignes du procès s’obscurcissent un peu plus. Elle sursaute légèrement lorsque la Garde Sacrée intervient durement pour rétablir l’ordre et permettre à la défense de reprendre, mais la Tribune ne rate pas une occasion de conspuer et de lapider l’accusée, comme un refrain qui se répète et s’enraye tout à la fois. On tourne en rond, soupire Jabril, toutefois il semble à Meije que ce qui tourne véritablement en rond, à cet instant, c’est l’ombre de l’Arbre-Dieu putréfié décrivant des cercles de mauvais augure au-dessus de leurs têtes.

    Elle ne devrait pas trouver un inavouable réconfort dans l’idée que Yodicaëlle Sarnegrave ait pu être trompée et manipulée par le Treizième Cercle – n’a-t-elle d’ailleurs pas prétendu le contraire jusqu’à maintenant ? Meije est victime – coupable ? – de cette faiblesse qui consiste à toujours vouloir s’expliquer les monstres. La parole de l’accusée est étouffée néanmoins, et ç’aurait dû être pour elle une mise en garde suffisante contre la rhétorique captieuse d’Epistopoli – dont le représentant est bien trop prompt, murmure Portia, à dénier l’utilité de Yodicaëlle Sarnegrave dans le débusquement d’autres complices. Et Opale, sans surprise, n’est pas en reste. L’Archevêque de Doulek perçoit-il un possible piège en balayant les suggestions de l’automate pour essayer à nouveau d’isoler l’accusée, de mettre l’accent sur l’instrumentalisation dont elle aurait été l’objet ? « Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire, Yodicaëlle : vous êtes seule et abandonnée. Ils vous ont laissée pourrir sans un regard arrière, vous n'étiez qu'un outil pour eux. Mais ce n'est pas une fin en soi : vous pourriez vous libérer de ce fardeau et aider Uhr à surmonter cela, comme vous l'avez suggéré plus tôt. Face aux défis communs, face à l'incertitude que nous traversons. Vous avez bien connaissance d'agents hauts placés, n'est-ce pas ? De personnes qui pourraient encore nous faire du tort ? Prouvez-nous votre engagement, et aiguillez-nous... »

    Meije aurait tant voulu que Yodicaëlle Sarnegrave reprenne la parole, mais c’est un visage sec auréolé de blanc qui s’en empare : « Et quel bien croyez-vous que cela fera ? rétorque Falkan Del Astra. Une chasse aux sorcières déjà rondement menée par Epistopoli ? Il n'y a qu'une chose que ces meurtriers comprennent : l'exemple. Cette femme a été laissée en arrière une fois utilisée, c'est là leurs méthodes. Qu'ils comprennent tous ce qui les attend une fois que le Mandebrume... que le Régent les aura utilisés à ses fins. Si vous permettez, Archevêque Bulzimil, il serait temps d'accélérer la cadence non ? Ce procès est déjà assez long et... les révélations de ma chère consœur du Magistère sont assez préoccupantes comme elle l'a dit. » Un long murmure parcourt la foule qui se hérisse comme une même peau. Peut-on être surpris de voir Opale ainsi abonder dans le sens d’Epistopoli ? Non, certainement pas, mais en s’agite dans les gradins, on cherche à préciser les contours d’une collusion d’intérêts qui se matérialise de plus en plus nettement, et dont les motifs restent incertains.

    Résumé:
    Jeu 26 Déc - 19:49

    Le procès du siècle

    La Cité tourmentée


    Des bouffées de chaleur et des sueurs froides, voilà. C’est ce que vous vouliez entendre ? Honnêtement, si certains hurlent de dégoût en voyant l’Archevêque de Doulek enlever son masque, moi, cela me faisait trembler. Un insidieux serpent nommé Muridas s’était enroulé autour de mon cou. Je me sentais fondre sur mon siège. Par les Douze, que j’aurais aimé avoir la stature pour l’occuper pleinement.

    Et eux justement, Demephor ? Mort. Ils n’étaient plus que Onze. Et l’Arbre Dieu, maintenant ? Mort. Il n’était plus. Mes yeux fiévreux cherchaient à en accrocher d’autres dans la foule. Un seul mot, une seule question. Qui ? Qui était le premier responsable, celui qui avait porté le coup de hache sur notre Enclave ? Je n’étais pas là il y a trente ans, j’étais là il y a un an. Je n’avais rien changé, bloqué ou freiné aucune sombre machination.

    Je suis un échec et mon rempart s’écroule.

    La foule s’égosille quand, des hauteurs, le mot "traîtresse" est lancé, et la grogne monte contre celle qui représente pour eux tout le mal que nos espèces peuvent faire. Pourquoi ? Pourquoi n’arrivais-je pas à la haïr autant qu’eux ? Pourquoi ce simulacre de justice me faisait-il douter et vaciller ? Tu n’es qu’un grain de sable. Qu’aurais-tu pu faire ? Tout ça te dépasse et, parce que le hasard t’a fait tomber avec cette sorcière ailleurs, tu t’es cru habité d’une mission. RESTE À TA PLACE.

    Fenêtres sur une âme vide. Mes yeux flottent sur chaque visage dans la lumière. Au milieu des jurons, des cris et des pleurs, j’entends au loin les mots de celui qui devrait être colère, mais qui n’était que pardon. Du moins dans le rôle qu’on lui avait donné. Combien ? Combien de vies aurait-il fallu vivre pour être forgé dans le même métal que le Tempéré de Doulek ?

    "Voyez l'état de la prévenue, voyez l'état dans lequel elle nous a été remise" décrivait-il sans une once de dégoût ou de fiel dans la voix. "Ne considérez-vous pas qu'elle a assez souffert ? Affligée par le fléau de cristal, elle a été marquée jusque dans sa chair par ses péchés. Interrogée, violentée. Elle a versé larmes et douleur pour ses crimes, et si Raphalos nous enseigne bien quelque chose, c'est le pardon. Regardez sa chair, son visage, membres de ce procès. Ce n'est plus une terroriste que nous avons devant nous, mais une femme brisée. Sa capture a déjà été bien assez utile, nous indiquant la direction à suivre vers le nord, nous apportant un peu de savoir sur cette science occulte que sont les cristaux ... alors, laissons-la en paix."

    Une longue main s’appuie sur mon épaule, tremblante. Dans cette tempête où je n’avais pas entendu la conclusion de l’Archevêque sur l’usage des cristaux, un contact humain est une bouée à laquelle je me raccroche. "Vous allez bien ?" Je ne me retournais qu’à moitié, sans reconnaître un quelconque visage connu. Un simple anonyme inquiet. "Oui, mieux. Merci." Je déglutissais pour éviter pire et me redressais. Faire ce que je savais faire. Rester à ma place et tenir mon rôle, intriguer, influencer, changer les choses, petit à petit, enrayer la machine. Soyez témoins.

    L’entité impie d’Epistopoli lançait les contre-mesures. Pendant qu’il avançait dans son réquisitoire, je sentais les messes basses autour de moi, celles auxquelles je n’avais pas fait attention jusque-là. "Nous ne sommes pas d'accord : son acte a causé des ravages sans précédents, Archevêque." déclamait-il de sa monocorde voix artificielle. "Par ses actes, elle a encouragé la sédition et ses mots ont enflammé la hardiesse du XIIIème Cercle. Sans ses actes, ce groupe aurait fini par disparaître." Je sentais des désaccords autour de moi, j'en faisais partie aussi. Je continuais d’écouter, ne jetant que quelques pièces à l’occasion. Je pouvais encore faire quelque chose pour pardonner. "L'entité Sarnegrave est responsable par le symbole qu'elle incarne de nombreux torts. Alors nous préconisons l'exemple : l'exécution enverra un message clair, net. Sans possible interprétation détournée de notre position vis à vis de ce groupe terroriste."

    Je faisais la moue. Oui, elle était un symbole, mais n’était-ce pas trop facile de tout mettre sur le dos de cette femme seule ? J’intervenais pour la première fois dans ce conciliabule parallèle. La Tribune avait cela de bien qu’on pouvait facilement faire abstraction des bruits alentours si on se concentrait. "Cette chose... comme si exécuter cette femme allait résoudre tous les torts et faire peur au reste." Je sentais qu’on m’écoutait, peut-être parce que j’avais déjà pris la parole dans ce procès. Ma voix, chevrotante, se faisait plus assurée. "Arracher une mauvaise herbe n’a jamais empêché qu’elle repousse… Le monde n’est pas binaire comme cette machine voudrait nous le faire croire… La mort de cette femme pourrait même mettre le feu aux poudres, elle pourrait devenir une martyre."

    Il y eut quelques acquiescements avant que les discussions ne reprennent. Je m’installais au fond de mon siège, une main serrant l’accoudoir simple du banc. Une planche de salut.

    Je suis à ma place.

    Résumé:
    Ven 27 Déc - 15:28
    Vous allez prendre cela pour une habitude mais : qu’est-ce que je fiche ici ? Mon grand-père, le roi de Xandrie, m’a fait appeler pour une missive. Je devais accompagner sa cousine au procès de la tristement célèbre Yodicaëlle Sarnegrave. Mon avis ? Je n’ai absolument que faire de cette personne. Elle a commis un attentat, elle a été arrêtée et le reste appartient aux juges. Le pire, c’est que je ne suis pas mécontent qu’elle ait commis cet attentat. Opale est maintenant bien trop occupé pour s’intéresser à Xandrie.

    Ici, il fait bien trop chaud pour un individu aussi blanc que moi. Tout ce brouhaha, toutes ces personnes qui s’époumonaient à défendre un parti et donner son avis sur l’avenir de cette terroriste. C’est précisément ce qu’elle est malgré son état, ne nous trompons pas. Ce qui est aujourd’hui en jeu est uniquement de savoir ce qu’il va advenir de sa personne, quelle sentence lui sera réservé. Au bout du compte, finalement, elle est déjà condamnée. De mon point de vue, nous faisons bien trop de bruit pour un procès quelconque. Il a de l’importance du fait de la cible touchée et de son commanditaire.

    J’écoute les diverses interventions des uns et des autres. Chacun y va de son argumentation. Certains se trouvent être plus pertinents que d’autres. L’Archevêque dut calmer la foule à plusieurs reprises. Mais le frisson, le moment le plus intéressant, celui pour lequel nous sommes venus, arrive enfin. Une docteure. Muridas, envoyée du Magistère, explique à la foule l’état réel de l’Arbre-Dieu. Je n’ai jamais fait de la Brume une priorité, laissant cela aux personnes compétentes, aux aventuriers aguerris, pour tous nous sauver. Et, pour la première fois, je me retrouve confronté à cette réalité que j’ai tant de fois évitée. Faisant fi de mes craintes, si je comprends bien ce qui a été dit, l’Arbre-Dieu se mourait avant l’intervention de Sarnegrave. En d’autres termes, si elle a accéléré le processus, elle n’est en aucun cas fautive de sa mort.

    Qu’il semble difficile de contrôler ses émotions en de pareilles circonstances. Le brouhaha ne cesse que le temps des interventions revient aussitôt après. Moi, qui aime travailler dans le calme, suis forcé de supporter cette cacophonie. Difficile de démêler le vrai du faux. Le plus hilarant est que la probabilité d’avoir des infiltrés du XIIIème cercle dans au sein de cette conque reste élevée. Entre ceux qui jouent la comédie, ceux qui appellent à la traitrise et ceux qui paniquent réellement… quelle plaie ! L’Arbre-Dieu est donc mort, hein. Il y a de quoi pleurer dans les chaumières et crier d’inquiétude. La Brume envahira le continent et s’emparera de chacun d’entre nous. J’ai toujours imaginé mourir au cœur d’un affrontement contre plus fort que moi, à moins que ce ne soit d’un empoisonnement. J’ai tellement écarté la brume de l’équation que je m’en trouve à présent surpris. Presque.

    J’entends quelques discours au sujet de la manipulation du XIIIème Cercle à l’encontre de Yodicaëlle. Très touchant. J’en verse presque ma petite larme. Amalia Zirkhys me fustige du regard. Elle doit lire de l’amusement dans mes yeux, à juste titre, et ne le tolère que difficilement. Heureusement, je la trouve compétente et utile à la nation, sans quoi je l’aurais écorché vive de retour au bercail. Excessif de ma part ? Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais foutrement rien, mais cette garce ne m’a jamais inspiré confiance. Je ne dis pas qu’elle trahira Xandrie, mais impossible de mettre le doigt sur ses origines. Elle nous cache soigneusement son passé et ce n’est jamais bon signe. J’en suis la preuve vivante. Bref, revenons-en à nos moutons. Oui, la pauvre Yodicaëlle a été manipulée par l’horrible organisation terroriste et maintenant abandonnée à son sort. Pauvre choupette. Elle ne savait pas ce qu’elle risquait avant de se lancer dans cette quête, n’est-ce pas ?

    « Que pensez-vous de tout cela, d’Omanie ? », demanda subitement la cousine du roi, discrètement, au milieu de ce capharnaüm.
    « Ce que j’en pense importe peu, Madame. Elle a commis un crime impardonnable et doit être jugée pour cela. Qu’on l’exécute ou pas n’y changera rien. Au mieux, elle sera enfermée à perpétuité. D’autres la remplaceront et les mêmes continueront de commanditer des attentats. L’Histoire ne nous a-t-elle rien appris ? », ai-je dit calmement, les bras croisés, le regard posé sur la détenue. « Si cela ne tenait qu’à moi, Madame, nous ne serions même pas ici. Même la triste nouvelle quant à l’état de l’Arbre-Dieu nous serait parvenue. »

    Qu’est-ce que je fiche ici ? Une perte de temps.

    Résumé:
    Sam 28 Déc - 0:04
    - Je prie Raphalos, répond simplement Vamis au garde, sans même chercher à camoufler sa voix robotique :
    J'en appelle à sa compassion pour soulager notre colère et nos peines
    Ces derniers siècles les humains n'ont cessé de s'éloigner des Douze ou de les renier
    Voilà le résultat


    Il n'a aucune raison de mentir, il est un outil de Raphalos, il est sa clé à molette descendue sur Uhr pour resserrer quelques boulons. Mais il manque de peps, il est cuit et passif, atrocement affaibli au point de ne plus avoir suffisamment d'énergie pour adopter une réaction convenable lors de l'annonce de la mort de l'Arbre-Dieu. La prière l'a ressourcée, mais le brouhaha et les vagues d'émotions violentes continuent de ratatiner son âme déjà toute sèche.

    Son module d'empathie s'est accroché aux émotions émises par la soldate qui l'a abordée, un mélange doux de compréhension et de recul, un îlot sur lequel le robot se réfugie volontiers plutôt que de continuer à se noyer dans cet océan visqueux de terreur.

    Parce que l'océan humain grandit et il grandit et il devient difficile d'en percevoir les contours. L'Archevêque Bulzimil s'entête à ordonner le calme en faisant tinter ses cloches, mais il peine à s'imposer parmi les pleurs, les cris et les invectives du bon peuple d'Aramila, qui veut la tête de Yodicaelle et qui s'inquiète à juste titre de l'apocalypse que va nous apporter la mort de l'Arbre-Dieu. On va sombrer dans un âge de ténèbres et la foule le sait et la foule s'en névrose et on sent qu'elle va basculer à tout moment dans une absolue démence. Peut-être qu'aujourd'hui la tragédie ne viendra pas d'un attentat mais d'une hystérie collective ? Peut-être que l'attentat était dans notre coeur depuis le début ?

    Et puis après les cloches, c'est un sifflet qui retentit et pique les esgourdes de tout le monde.

    Virgil ne sait pas trop ce qui se trame, mais il voit plus de soldats de la Garde sacrée affluer dans la salle, se déployer aux entrées, dans les hauteurs, dans les ombres. Ils sont tendus et fermés, planqués sous de lourdes armures, discutent à peine avec leurs compatriotes angoissés. Ils brandissent de larges boucliers devant leurs tronches, démontrant simplement qu'un deuxième Opale ne se produirait pas ici aujourd'hui.
    La colombe adore ce genre de démonstration, contenir le désespoir de tes citoyens en lui montrant tes muscles, c'est vraiment drôle et spectaculaire et il a envie d'applaudir Aramila pour ce petit happening qui se faisait quand même un peu attendre.

    Vamis aussi aperçoit les renforts de la Garde Sacrée. Toujours enivré du paquet de sérénité apportée par la soldate, il ne les voit que comme davantage de compagnons rassurants. Il a oublié le procès, il a oublié Yodicaëlle, il a oublié la perspective de l'exécution. Il est rentré temporairement dans son propre entracte, ou rien d'autre ne compte que regarder tous ces gentils soldats se déverser dans l'assemblée, à des points délicieusement stratégiques. Il détaille les contours élégants de leur armure dorée, les pointes luisantes des lances et des épées, les motifs intrigants peints sur les boucliers. Il les voit contrôler la foule avec brio, évacuer des agitateurs et confisquer les armes de fortune que certains petits malins s'étaient confectionnées. Il voit des gens s'aplatir devant eux et d'autres au contraire redoubler de volume dans leur colère et dans leur tristesse, par défiance. En fin de compte, tout aussi gentils et beaux que ces soldats soient, ils peinent. Trop de vindicte populaire, trop intense, trop massive. Même une bonne averse ne peut pas éteindre un volcan en éruption.

    - Wow vous et vos collègues sont tous très beaux
    Malgré la situation, la garde émet toujours une confiance qui donne une pause bien méritée au robot en surchauffe. Certains de ses collègues commencent à débouler dans la tribune des aramiliens en faisait plein de bruit avec leurs grosses armures et leurs grosses bottes, elle doit être ravie.
    - J'adorerais vous rencontrer, tous
    Je viendrai vous voir dans votre caserne après le procès


    Spoiler:
    Sam 28 Déc - 22:42
    Ilu, fidèle à son rôle de représentant de la défense, continua son oeuvre. En se raccrochant visiblement à ce qu’il pouvait, quitte à aller piocher dans n’importe quel registre :

    -Néanmoins, il me semble que ce qu'a subi Yodicaëlle dans les geôles n'est pas à occulter. Cette femme blessée, torturée, est l'exemple même de ce qui attend les membres du XIIIème Cercle. Certains appelaient à l'exemplarité, parmi vous, à la sanction et à la mise en avant de ce qui attend chaque membre de cette secte. N'est-ce pas assez, ainsi illustrée ? Cette créature rachitique qu'elle est devenue n'est pas en soit un avertissement assez fort ? Assez sonore ? Regardez donc ce que deviennent ceux qui rejoignent le Mandebrume : abandonnés, estropiés. Regardez-donc ce que votre funeste dirigeant vous réserve comme destinée. Un squelette atrophié qui n'a plus que ses yeux pour pleurer ce qu'il est devenu : un avorton d'humain."

    Ce qui, sans surprise, arracha aussi vite une réaction de Falkan, toujours aussi teigneux depuis qu’il avait rapporté les audios du village d’Elebore :

    -Dites ça à ceux qui ont été avalés par la Brume, à ceux qui ont perdu un être cher lors de l'attentat. Dites ça à ceux qui ouvrent un front vers le nord, à la poursuite du Mandebrume et qui chaque jour y perdent la vie. Dites ça à ceux qui affrontent les sbires du XIIIème Cercle au milieu de la Brume, qui doivent faire face aux mutations de la Brume, aux aléas meurtriers déguisés en son sein. Ils ne se contenteront pas d'un étendard, au milieu des charniers déformés à l'image de leurs frères et soeurs tombés au combat. Ceux-là même qui se relèvent parfois d'entre les morts pour se tourner contre leurs anciens amis, amants. Ceux qui voient les parents étrangler les enfants, ceux qui assistent impuissants aux corps recomposés, assemblés en des horreurs grotesques. Ceux-là n'ont pas besoin d'un étendard pour haïr et pourchasser le XIIIème Cercle. Ceux-là ont besoin de leurs dirigeants, de leurs nations qui prennent les choses en main tel que nous le faisons au nord, telle qu'Epistopoli le fait dans ses propres rangs. Tel que nous le menons ici, durant ce procès. Ces monstres ne comprennent que le sang : donnez-en leur pour leur grade."
    Dim 29 Déc - 22:40

    Le procès du siècle

    La Cité Tourmentée tour 4 - RP libre



    Le verbe aiguisé tel des lames effilées, certaines paroles font mouche. Suscitent émois et vives réactions. Des cris, des comptes sont demandés, réclamés. Que ce soit l'acerbe accusation de Willow qui a obligé la Garde Sacrée à intervenir, ou encore les projectiles qui pleuvent lorsque les accusations retentissent. Une poudrière géante, pour un procès qui n'en est pas un. Aramila joue à un jeu bien dangereux, mais le beau jeu s'exerce en douceur, déguisé dans le fatras des accusations en des alliances qui se murmurent. Des mains échangées dans les tribunes, des mots glissés aux oreilles de ceux qui veulent les entendre. Ainsi va la politique en Uhr. Ainsi serait-elle allée, si ce n'étaient certaines voix plus haut perchées. Comme celles qui tentent vainement d'arracher un jugement que tous pensent ici déjà prononcé. L'occasion d'aller questionner ainsi Yodicaëlle, dont la parole n'était à présent plus contrôlée ni muselée. Mais ... trop timorés étaient ceux qui en avaient le pouvoir. Le pouvoir d'exposer devant tous ? De révéler de réelles alliances ?

    La Docteur du Magistère observait une montre à gousset. Elle semblait agitée, à observer les gradins et le visage de ceux qui hoquetaient depuis son annonce. Depuis que le silence avait suivi ses mots. Elle avait attiré malgré elle les regards, les œillades courroucées. Avait livré ce que la plèbe ne devait savoir ? Elle fut conspuée, insultée. Repris en cœur par l'assemblée. Par un étrange renfort, la Garde Sacrée vint se rassembler devant les gradins d'Opale qui semblait à présent être la cible d'accusations et de cris de colère venus d'un peu partout. Le ton monta. Les représentants d'Epistopoli tentèrent d'imposer le calme par leur approche pragmatique, mais la question venait, revenait sans cesse. L'Arbre-Dieu ? Mort ? Elyesa Muridas observait, ses doigts s'agitaient avec nervosité. Hérault d'une vérité que le monde devait entendre, et voici qu'une spirale de colère et de mesquineries se succédait à l'impensable. C'était tout ce que le monde en pensait, de la fin d'Uhr ? De la fin de toute chose, absorbée par la Brume ?

    - Docteur Muridas, c'était peu opportun de révéler cela. la réprimanda Falkan Del Astra, qui s'était glissé à côté d'elle. Mais je reconnais bien là la stratégie du Magistère pour placer ses prochaines inventions ...
    - Je vous coupe toute de suite, Falkan. Ce n'était pas mon intention. L'Arbre-Dieu n'est pas mort de cause naturelle, et tandis que tout le monde est en train de décider quoi faire de cette pauvre femme, nul ne s'empare de la question qui devrait tous nous obséder ...


    - A.T.L.A.S., j'aimerai que tu vérifies les informations de Muridas. Elias s'était entretenu avec des membres de l'expédition, il m'a dit qu'il y avait quelque chose d'étrange ... mais ça ce point ...
    - Ella, je ... non, mes capteurs ne fonctionnent pas ici. Il y a quelque chose chose qui brouille mes signaux. J'ai de la friture partout, Ella. Cela n'était jamais arrivé. Ella ?


    - Siegel ? Vous êtes avec moi ? Et oh ? Il nous faut absolument réagir : il faut que Yodicaëlle revienne entre nos mains ou nous ne pourrons pas en extraire les informations que le Chancelier nous a chargé de ...
    - Calmez-vous, cher gnome. Je ressens ... quelque chose. Il y a une colère immense ici, quelque chose gronde dans le cœur de cette foule. Je n'aimerai pas être une fleur d'hespéride en cet instant ... ne sentez-vous pas ce qui monte ?


    - Capitaine Benvenuto, des renforts de la Garde ont été déployés autour de la Tribune, nous avons déjà calmé de nombreux agitateurs dehors. Nous restons à vos ordres.
    - Bien, soldat. Sabres au clair, faite bonne mesure dehors. Calmez les effusions avant qu'elles ne démarrent ou nous aurons un bain de sang sur les bras. La tension monte, la foule grogne. J'ai un mauvais pressentiment.


    - Vous serez charmant d'aller me quérir Amalia, mon ami. J'ai un besoin urgent de lui parler. Il risque d'être nécessaire d'arranger une sortie le plus vite possible de cette Tribune, et je veux qu'elle me serve de garde rapprochée. C'est ... une question vitale.
    - Comment ça, dame Qin Long ? Pourquoi chuchotez-vous ? Je ... oui, tout de suite madame, nous la faisons quérir.


    - Peuples libres d'Uhr, merci de rester sur vos sièges. Nous avons entendu ceux qui le désiraient, défense comme attaque. Hélas, hélas. Face aux peuples de l'Enclave, rendre justice n'est pas tâche aisée. Ainsi, je vais demander à ceux qui sont assis en bas, dignes représentants des peuples libres de se lever. Sous l’œil juste d'Azoriax, je vais vous demander de vous prononcer. reprit Bulzimil, après avoir encore une fois réclamé le calme.

    Il leva la main et fit venir quelques serviteurs. Il avait coupé court aux discussions, la situation semblait prendre une mauvaise direction à ses yeux et le procès avait déjà plus que joué son rôle. Il fut revêtu d'une livrée dorée, aux couleurs chatoyantes du dieu Azoriax. De son batôn pastoral, frappa le sol et le brouhaha se dota d'une teinte maussade, mauvaise. L'Archevêque de Dainsbourg adressa un oeil mauvais à l'accusée, qui semblait avoir été machée par les projectiles, les accusations et les charognards qui gravitaient autour d'elle. Elle n'était plus rien qu'un os à ronger, dont ils pourraient entirer ils l'espéraient un peu de moelle.

    - Bien. Au nom des Douze, nous voici à l'heure du jugement. J'en appelle aux réprésentants du monde, contre lequel l'odieux crime a été commis. Attentat, homicides, vols, extorsion, et pire encore : voici les chefs d'accusation tels que vous avez pu les rappeler durant vos riches ... échanges.

    Meurtrière ! A bas le XIIIème Cercle ! Traîtresse du Magistère ! On veut la vérité ! La vérité sur l'Arbre-Dieu ! Combien de temps allez-vous encore nous cacher la vérité !

    Après quelques cri étouffés, le calme revint. Bulzimil offrit un sourire carnassier, étincelant.

    - La sentence proposée est la mort par décapitation. Ceux qui sont contre peuvent s'asseoir. Que ceux qui sont pour se dressent dans la lumière d'Uhr.

    Dong ... Dong ... Dong ...

    De lointains carillons interrompirent le bras levé de l'Archevêque qui fronça les sourcils et resta une second interdit. Puis les tintements s'intensifièrent, se propagèrent. D'abord vint l'incompréhension. Ensuite, les cris. Des cris des murailles de la ville, qui se muèrent en un torrent qui fracassa les murs ancestraux de la Tribune et ... disparu. Des milliers de voix portées contre les vitres de la Tribune qui volèrent en éclat. Elles s'étaient tues. L'air devint poisseux, chaque bouffée devint plus lourde. Le silence s'écrasa sur la cité, perturbé par les cris d'oiseaux retardataires qui tentaient de quitter les murs. Les cloches d'alarmes avaient cessé de tinter. Chacun regardait son voisin avec une peur primale au ventre. Le son des chaînes de Yodicaëlle vint perturber l'instant de contemplation. Elle se tenait les épaules et tremblait, les yeux perdus vers le dôme ouvert de l'antique Bâtiment.

    - Oh ... non ... murmura-t-elle à l'oreille de tous, grâce à l'acoustique du bâtiment, ils arrivent ...

    - Vite ... vite ! Ils arrivent ! Ils arrivent ! Libérez-moi et je vous aiderai, libérez-moi, ne me laissez pas les rejoindre ! fit à nouveau écho la voix de Yodicaëlle, d'abord hésitante puis s'affirmant dans les aigus. Il sera bientôt trop tard : si vous ne faites rien, Aramila ... vous tous !

    Et la Brume recouvrit la Tribune. S'engouffra par chaque interstice, vorace, et nimba les lieux de son manteau opaque Malicieux. Elle se rua entre les bancs, entre les chairs et les âmes. De ses doigts glacés inquisiteurs sonda les corps de ses futures victimes. Les cris de milliers de citoyens s'arracha à vos oreilles, dans un tintamarre horrifique qui faillit vous mettre à terre. Au plus profond de l'Enclave, nul n'était plus à l'abri de la Malice. L'Arbre-Dieu était, mort. Vive la Brume.

    HRP:
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    Lun 30 Déc - 15:04
    procès du siècle





  • Tu aurais pu apprécier ce faux-semblant de tempête un peu plus longtemps, Alexander, car la véritable est terrifiante. Tu n'as pas le temps de réagir; tu en es incapable. Alors que les cris résonnent, alors que l'accusée supplie qu'on la sauve. Alors que le monde sombre,
    sombre,
    sombre.

    Et que ton ventre se noue, que ton esprit déraille, que tes mains tremblent.
    Encore toujours.
    La même histoire.

    La même fin.

    Toi qui a toujours voulu rester loin, t'éloigner de tout cela, ne prendre aucun risque. Toi qui te terre en Opale, espérant qu'aucun mal n'arrivera. Toi qui pour une fois, une seule et unique fois, te déplace. Qui espérait retrouver quelques origines; comprendre.

    Comprendre que la Brume est toujours là.
    Qu'elle te rattrape.
    Qu'elle te dévorera.
    Comme tes parents avant toi.
    Comme les enfants que tu n'auras pas.

    Un cercle vicieux, cruel, qui ne te laisse pas de marbre. Ta respiration s'accélère, s'heurte à l'argile encore et encore. T'asphyxies presque. Tu as presque envie de t'arracher ce masque, de t'arracher cette scène. Mais qu'est-ce qui te protégerait, Alexander ? Qu'est-ce qui t'empêcherait de te perdre ? C'est la seule chose à laquelle tu t'accroches, le dernier souvenir.

    Pas besoin de souvenir dans un cauchemar.

    On te bouscule, on t'ignore. Les cris, la peur. La violence, la violence et encore la violence. Combien de personnes impuissantes ? Combien tentent de s'enfuir ? Combien tombent ?
    Et toi, Alexander, tétanisé. Pétrifié.
    Tu as le sentiment d'être spectateur. Tu te rassures, te dis que rien de mal ne peut t'arriver. Que rien ne peut te toucher.

    Il n'y a que toi qui te blesse; tes ongles s'enfoncent dans tes paumes sans que tu ne le ressentes. Ton torse te fait mal à force de respirer ainsi; de ne pas respirer. Le regard aveugle, flou. Probablement tes larmes. Le manque d'air.
    La brume. Cette monstruosité. Cette destructrice.
    Que tu hais, que tu crains, que tu pleurs.

    Tu ne peux pas rester là, Alexander; tu ne peux pas. Personne ne te sauvera; personne ne se sauvera. Et si tu tombes, qui restera après toi ?

    On te bouscule fortement, ce qui te fait un peu réagir. Tu ne sais pas quoi faire, quel moment suivre. Quelle panique écouter et laquelle taire. Cela ne sert à rien de courir, Alexander. Tu devrais te diriger vers le centre de la ville, mais tu n'y crois pas. Aucun lien ne peut protéger qui que ce soit de l'enfer. Tu te colles à un mur, à l'étage, tu longes jusqu'à trouver un alcôve. Un endroit où tu peux toujours voir, terrifié de cette vision.

    Car tu es persuadé de ne pas pouvoir en échapper.

    Spoiler:
    Jawn pour EPICODE


    Lun 30 Déc - 20:09

    Le procès du siècle

    Event


    Kailan avait arrêté d'écouter le crieur public près de son pâté de foule. Le sort de cette Sarnegrave était scellé depuis bien longtemps, bien avant le début de ce procès. Tous ne souhaitaient que sa mort, et la vengeance face à ceux qui avaient tué l'Arbre Dieu et ouvert grande la porte d'entrée pour la Brume.

    Justement. En parlant de cette chère Brume.

    Alors que l'Archevêque prononçait la sentence, elle s'éleva et envahit soudainement les rues de la ville, mais surtout la Tribune. Tous paniquaient, et Kailan eut du mal à se contenir elle-même. Ce qui la fit reprendre son sang froid fut de voir des ombres difformes et diverses fondre dans la foule et se repaître de la chair de leurs victimes. Ni une, ni deux, Kailan courut loin des ombres, cherchant un refuge quelque part.

    Elle le trouva auprès de membre de la garde, qui étaient indemnes et parvenaient à repousser les ombres. L'un d'eux lui fit signe de les rejoindre et la protégea d'une ombre qui fondait sur elle, derrière son dos.

    — Qu'est-ce qui se passe ? Il n'y a aucun endroit où aller ?
    — La caserne, il faut tous vous réfugier là bas ! Nous allons vous y conduire, mais si vous le pouvez, aidez-nous à réunir le plus de personnes dans la foule.
    — Dites moi ce que vous savez et comment vaincre ces choses !


    Résumé: