Sam 16 Nov 2024, 13:07
Le procès du siècle
La Cité Tourmentée - RP libre
La queue jusqu’à la Tribune s’étendait sur des centaines de mètres. De toutes les nations, de toutes les races. De toutes les créatures. La peur de la Brume était tout ce qui unissait les habitants de l’enclave et depuis qu’elle dévalait sur Opale, la peur s’était muée en colère. Puis en haine. Ainsi, les sifflets et hurlements étaient légion. Gonflaient, rebondissaient sur les pavés. Un cordon rouge avait été aménagé le long de l’allée d'Azoriax qui amenait au lieu mythique, où une calèche noire ne tarderait pas à livrer la criminelle à son jugement public. La Garde Sacrée avait été mobilisée. Dans ses armures rutilantes, elle reflétait le soleil dans ses cimeterres rangés, tournés vers le peuple qu’elle contenait. Stoïque, inflexible.
Au bout de la voie, passaient un à un quelques individus. Triés sur le volet. Peu importait s’ils avaient payé, s’ils avaient été conviés ou s’ils se l’étaient procuré par d’autres moyens : ils arboraient tous une invitation pour ce procès mémorable. Ainsi, la Tribune se garnissait lentement de personnages de tous bords, chacun avec une raison propre d’être venue là. Il ne fallut pas longtemps pour que les crieurs prennent le relais, annoncent les visages connus et ce qui se tramait au sein de cette allée prestigieuse. Des têtes connues, bien entendu, mais aussi de parfaits inconnus qui ne cessaient de soulever les questions de la foule. Des privilégiés qui auraient une place de choix pour voir ce qui se livrait au cœur de la Tribune, siège d’Aramila. Mais le petit peuple n’avait pas été laissé de côté, car les crieurs relateraient, propageraient … dilapideraient tout ce qu’il s’y passerait.
Le brouhaha emplissait l’antique bâtiment, se réverbérait sur ses murs qui avait assisté à tant de duels rhétoriques où l’avenir de la nation s’était joué. Mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, les bannières d’Opale, d’Epistopoli, de Xandrie et même de l’Alliance encadraient celles d’Aramila. C’était un procès mondial, c’était un règlement de compte d’Uhr-même. Une paire de chaînes avait été dressée au centre, reliée au sol. Des sièges avaient été disposés pour les plus prestigieux invités, tandis que les autres se contenteraient des sièges des tribuns. Bien entendu, du fait des expéditions vers le nord, tous n’étaient pas là, mais chaque nation avait veillé à envoyer ses représentants. Faisant face aux chaînes, un tribunal avait été établi. Immense, en bois noir et taillé au symbole des Douze. Il surplombait de sa masse l’assemblée et offrait un point de vue en hauteur sur la future conviée.
Puis, sous le clairon des cors d’Aramila, le brouhaha s’effaça pour céder au soleil ses murmures. Encadrée par des soldats en armure, la Capitaine Benvenuto fit son entrée. La Lame de la Foi. L’intrépide. Alors c’était elle qui officierait ? Non. Elle se dirigea vers une des chaises. En charge de la sécurité. Puis, un à un, les Archevêques du Concile se présentèrent. Chacun y alla de sa question, de savoir qui prendrait la place du Juge. Serait-ce celui de Doulek, terre d’origine de l’accusée ? Serait-il enclin à la clémence ? Peut-être. Ou bien … ah mais bien sûr : Bulzimil Raelm Ul Mahteis Ezsicdamal. Archevêque de Dainsbourg. Le plus dur. Le plus inflexible. Encore marqué terriblement par les sévices de la cité. De quoi s’assurer que la sentence serait irrévocable. Ferme. Indélébile. Un spectacle dont se délecteraient les générations à venir. Le silence se fit à son arrivée. Sur sa peau d'ébène se reflétait l'or et l'améthyste de sa tenue d’apparat. A chacun de ses pas, les cliquetis de ses atours métalliques résonnaient dans le silence obséquieux de la Tribune. Ses bottes claquaient, se réverbéraient sous le souffle retenu de la cité. Son bâton pastoral ponctuait son avancée, jusqu'à ce qu'il atteigne le centre de la Tribune. D'un geste lent, il retraça les symboles des douze sur son front. Puis ils se tourna vers le tribunal. Il confia son bâton à l'une de ses ouailles puis s'avança d'un pas décidé avant d'en gravir les marches. Il s'y assit tandis que le brouhaha reprenait. L'Archevêque leva une main. Le silence se fit.
- Peuple d'Aramila. Paix. Paix. commença-t-il, avant de baisser sa main. Je vous sais blessé, tout comme je l'ai été lorsque les impies ont profané le plus sacré de nos dons. Je vous sais en colère, comme lorsque Nagidir recevait en son sein les innombrables victimes de ma chère patrie. Mais ne soyez pas trop prompts à vous prononcer au nom des Justes Azoriax. J'ai pu admirer leur humilité lorsque mes pas me guidaient le long de la voie qui leur est adressée. Chaque pavé, chaque visage que j'ai pu contempler m'a affirmé cette vérité : ce procès n'est pas celui d'une ville, mais bien celui de toute l'Enclave. Celui de tous ceux qu'Uhr a protégé lorsqu'il a érigé les murs qui nous protégeaient jusqu'alors. Alors, nous tous, enfants d'Uhr, nous devons nous plier aux saints commandements. Car la vipère qui a pris racine en Doulek ne doit pas rendre des comptes seulement à son peuple, mais aussi à tous les autres ! Aramilans, Opalins, Espitopoliens, Xandriens ... et fidèles d'ailleurs : veillez à ne pas trébucher. Veillez à ne pas être trop prompts dans vos jugements. Si l'accusée est autrice de crimes innommables, la seule réelle justice est celle des Douze. Raison pour laquelle aujourd'hui, sur ce parvis sacré, nous l'appelons à comparaître. A rencontrer la Justice. Pas celle des Hommes, non. Celle de tout les peuples, celle des Dieux.
Il marqua une pause. Se tourna vers la garde sacrée. Il leur fit un signe. Ils s'esquivèrent dans une des alcôves de la Tribune.
- Peuples libres de l'Enclave, voici devant vous venir l'accusée. La félonne Yodicaëlle Sarnegrave. Qu'Ioggmar et Demephor nous éclairent de leur sentience. Que les Douze veille sur vous : voici venir l'impie servante du Mandebrume ! hurla-t-il, poing en l'air.
Des vivats éclatèrent, repris dans la Tribune et bien au-dessus où des centaines de spectateurs firent vibrer les pierres de leur ferveur. Nul ne put échapper au choeur des vivants, qui chauffa le sang et l'âme de tous ceux présents. Un frisson échaudé qui courait dans le coeur et soulevait la hargne du peuple. Puis, petit à petit, les vivats se muèrent en sifflets. Une calèche noire s'avança dans l'allée. De bois noir et de clous argentés, tirée par des chevaux du même ton. Rutilants. Des cris de rage, des légumes pourris. Des pierres. L'ennemie du monde connu était là.
- HRP:
- Tour d'introduction pour tous, c'est parti !
Sam 16 Nov 2024, 19:24
Le procès du siècle
Event
Le soleil d'Aramila était tout aussi écrasant que dans ses souvenirs. Kailan avait enfilé une tenue aux couleurs claires – dans les tons beiges – et avait protégé sa tête d'un foulard blanc cassé, pour tenter de s'accommoder au mieux à ce climat, loin d'être la douceur tempérée, agrémentée de pollution, d'Epistopoli. Cette fois-ci, elle ne s'était pas rendue dans la nation désertique pour quelques recherches d'affaires pouvant lui apporter quelques astras, ni pour du pur tourisme. Enfin, partiellement. C'était bien la curiosité qui l'avait poussée à venir à la capitale, pour assister au procès d'une criminelle.
La nouvelle avait atteint ses oreilles, dans la Basse Ville d'Epistopoli. Une terroriste avait été capturée, complice de la Brume. Kailan n'avait pu rester dans son coin, mue par la curiosité. Tout cela était plus ou moins lié au Mandebrume, après tout, celui qui avait durant un moment gouverné son pays. Elle désirait en savoir plus, tout en assistant à un divertissement.
Le bain de foule était une étape obligatoire, visiblement. Elle était parvenue à se glisser dans la masse pour trouver une place qui lui permettait d'avoir une belle vue sur l'estrade. La foule était en colère, en sueur. Toutes les nationalités s'étaient pressées dans la capitale aramilane, sur cette place publique, pour assister à un événement que l'on ne reverrait pas avant bien longtemps.
Les insultes envers la criminelle fusèrent, les cris se multiplièrent quand l'Archevêque arriva et prononça son discours, après avoir ordonné le silence d'un simple geste. Mais les cris et la colère tout juste contenus par le public explosa de nouveau quand l'arrivée de l'accusée fut annoncée. Curieuse d'en voir plus, Kailan se hissa sur la pointe des pieds, pour essayer de distinguer une présence, une silhouette dans la calèche noire comme la mort, comme si le moyen de transport était lui-même endeuillé.
- Résumé:
Kailan est entrée dans la foule qui se presse pour assister au procès, a écouté le discours de l'Archevêque et observe la calèche noire approcher.
Sam 16 Nov 2024, 23:19
Le procès du siècle
RP libre
La disparition du Régent dans des circonstances plus qu’énigmatiques et les attentats d’Opale perpétués par les zélotes du treizième siècle, avaient largement rebattu les cartes de la diplomatie épistote sur la scène internationale. Si les hautes instances de la Cité des sciences avaient expressément diligenté des enquêtes pour faire toute la lumière sur cette affaire, le vénérable Comité d’Instruction avait officieusement lancé une purge à grande échelle pour identifier les collusions et complicités dont avait pu bénéficier le leader suprême dans sa forfaiture présumée. La situation exceptionnelle imposait au régime l’application de mesures draconiennes. Arrestations arbitraires, réquisitions manu militari, incarcérations discrétionnaires, comparutions immédiates, actes de tortures au plus haut degré, la raison d’État prévalait et disposait pour l’intérêt supérieur de la nation. Même lorsque les plus grands dignitaires de la technocratie en profitaient pour en appeler à son principe afin d’éliminer leurs plus farouches détracteurs et opposants de longue date. Le Comité d’Instruction n’était pas non plus épargné par la chasse aux sorcières dont le Grand Sapiarque Elias Von Beck avait fait son cheval de bataille. L’assemblée de savants, industriels, militaires, hommes d’affaires et autres éminences grises avaient ainsi dû se plier aux exigences du nouvel homme fort d’Epistopoli qui s’était empressé disait t’on d’assurer la régence intérimaire pour rétablir la situation. Une occasion en or pour s’arroger les pleins pouvoirs, faire le ménage et préparer le terrain pour prendre la relève de l’ancienne figure tutélaire et guide de la nation.
Les turbulences passées, l’heure était dorénavant aux contre-mesures et il fallait donner des gages de bonne foi aux représentants des Hautes Cités et de l’Alliance pour se démarquer des actes attribués au Régent et aux suspicions de complicité insinuées par les plus enclin à dénigrer la capitale du savoir. Le Rempart de la Foi avait ainsi fait parvenir une invitation protocolaire au Comité d’Instruction pour la tenue imminente du procès de Yodicaelle, la principale commanditaire des attentats d’Opale. Dans la plus pure tradition aramilanne, il s’agissait ni plus ni moins que d’un traquenard en bonne et due forme pour le Sapiarque qui devra en assumer le fardeau et au cas échéant répondre des éventuelles révélations de Yodicaelle que ne manquera pas de questionner une tribune hostile et exaltée par la vindicte populaire. Le rôle incomba au nouvel intendant général des armées du Renon en raison de sa proximité géographique avec le Royaume des sables et de sa longue expérience avec l’engeance primitive obscurantiste. A moins que le Comité n’eut voulu se risquer à compromettre l’un de ses plus brillants cerveaux s’il advenait que l’évènement tourne au vinaigre ou que les instances dirigeantes d’Aramila ne décident de le constituer prisonnier pour un motif trivial.
Si l’éventualité d’un séjour dans les terres arriérées d’Aramila n’enchantait pas le moins du monde le militaire, mieux valait qu’il accepte d’en porter la responsabilité que de risquer de se placer dans le collimateur d’Elias Van Beck et de sa croisade contre les alliés supposés du régent. Une délégation d’une dizaine de dignitaires épistotes emmené par le nouvel intendant général du Renon posa le pied sur le sable chaud de l’archevêché d’Aramila quelques jours plus tard pour assister au procès dont l’issue était cousue de fils blancs. Sous la bonne escorte d’une dizaine de fantassins de la garde sacrée engoncés dans leurs armures ubuesques et si éclatantes qu’on pouvait présumer de leur usage intensif, le militaire ne pouvait faire un seul pas sans sentir la désobligeante présence Aramilanne épier le moindre de ses faits et gestes pour tenter de l’incriminer. Inquisiteurs, espions, assassins, soldats, religieux enfiévrés de toutes sortes et natures, Ekhart déambulait avec son propre comité d’accueil qui ne le lâchait pas du coin de l'oeil. ll y avait pourtant fort à parier que le Saint Siège n’irait pas jusqu’à commanditer l’irréparable alors même qu’il accueillait en son sein le procès de sa plus célèbre ressortissante.
Les travées de l’immense amphithéâtre qui sert de Tribune se remplissent peu à peu d’une foule dense, volubile et chauffé à blanc par le fruit d'une propagande de plusieurs semaines. Au plus près du tribunal improvisé érigé au centre de l’édifice, les aramilans se réunissent en cercles concentriques comme s’ils se préparent à jeter l'opprobre sur l’une des leurs avant de la lapider dit t'on ici, de figues molles pour mieux la tourner au ridicule. Le Saint-Siège n’a rien laissé au hasard de la partition de cette grande Messe. En préambule, le Tribunal confectionné à partir d’un bois exotique noir, puis vient la calèche ensuite, amenant l'infâme pêcheresse dont on dirait que la faucheuse elle-même la conduit à une sentence immuable. Enfin, les processions successives d’ecclésiastiques drapés dans leurs soutanes tissées d’or, des pierres précieuses qui ornent leurs chapelets et autres grigris lorsqu'elles ne se situent pas à l'extrémité de leurs doigts gras et boudinés. N’ont t’il pas fait vœu de pauvreté pour rentrer dans les ordres ? La mise en scène du pouvoir théocratique se veut totale et bien qu’elle glisse sur le voile d’indifférence qui caractérise le militaire, elle fait mouche auprès d’une plèbe captive qui s’abreuve des premières diatribes de l’archevêque de Dainsbourg. Au premier rang de cette parodie, Ekhart se gausse intérieurement de ce sensationnalisme et de ce goût prononcé pour le spectacle.
Les turbulences passées, l’heure était dorénavant aux contre-mesures et il fallait donner des gages de bonne foi aux représentants des Hautes Cités et de l’Alliance pour se démarquer des actes attribués au Régent et aux suspicions de complicité insinuées par les plus enclin à dénigrer la capitale du savoir. Le Rempart de la Foi avait ainsi fait parvenir une invitation protocolaire au Comité d’Instruction pour la tenue imminente du procès de Yodicaelle, la principale commanditaire des attentats d’Opale. Dans la plus pure tradition aramilanne, il s’agissait ni plus ni moins que d’un traquenard en bonne et due forme pour le Sapiarque qui devra en assumer le fardeau et au cas échéant répondre des éventuelles révélations de Yodicaelle que ne manquera pas de questionner une tribune hostile et exaltée par la vindicte populaire. Le rôle incomba au nouvel intendant général des armées du Renon en raison de sa proximité géographique avec le Royaume des sables et de sa longue expérience avec l’engeance primitive obscurantiste. A moins que le Comité n’eut voulu se risquer à compromettre l’un de ses plus brillants cerveaux s’il advenait que l’évènement tourne au vinaigre ou que les instances dirigeantes d’Aramila ne décident de le constituer prisonnier pour un motif trivial.
Si l’éventualité d’un séjour dans les terres arriérées d’Aramila n’enchantait pas le moins du monde le militaire, mieux valait qu’il accepte d’en porter la responsabilité que de risquer de se placer dans le collimateur d’Elias Van Beck et de sa croisade contre les alliés supposés du régent. Une délégation d’une dizaine de dignitaires épistotes emmené par le nouvel intendant général du Renon posa le pied sur le sable chaud de l’archevêché d’Aramila quelques jours plus tard pour assister au procès dont l’issue était cousue de fils blancs. Sous la bonne escorte d’une dizaine de fantassins de la garde sacrée engoncés dans leurs armures ubuesques et si éclatantes qu’on pouvait présumer de leur usage intensif, le militaire ne pouvait faire un seul pas sans sentir la désobligeante présence Aramilanne épier le moindre de ses faits et gestes pour tenter de l’incriminer. Inquisiteurs, espions, assassins, soldats, religieux enfiévrés de toutes sortes et natures, Ekhart déambulait avec son propre comité d’accueil qui ne le lâchait pas du coin de l'oeil. ll y avait pourtant fort à parier que le Saint Siège n’irait pas jusqu’à commanditer l’irréparable alors même qu’il accueillait en son sein le procès de sa plus célèbre ressortissante.
Les travées de l’immense amphithéâtre qui sert de Tribune se remplissent peu à peu d’une foule dense, volubile et chauffé à blanc par le fruit d'une propagande de plusieurs semaines. Au plus près du tribunal improvisé érigé au centre de l’édifice, les aramilans se réunissent en cercles concentriques comme s’ils se préparent à jeter l'opprobre sur l’une des leurs avant de la lapider dit t'on ici, de figues molles pour mieux la tourner au ridicule. Le Saint-Siège n’a rien laissé au hasard de la partition de cette grande Messe. En préambule, le Tribunal confectionné à partir d’un bois exotique noir, puis vient la calèche ensuite, amenant l'infâme pêcheresse dont on dirait que la faucheuse elle-même la conduit à une sentence immuable. Enfin, les processions successives d’ecclésiastiques drapés dans leurs soutanes tissées d’or, des pierres précieuses qui ornent leurs chapelets et autres grigris lorsqu'elles ne se situent pas à l'extrémité de leurs doigts gras et boudinés. N’ont t’il pas fait vœu de pauvreté pour rentrer dans les ordres ? La mise en scène du pouvoir théocratique se veut totale et bien qu’elle glisse sur le voile d’indifférence qui caractérise le militaire, elle fait mouche auprès d’une plèbe captive qui s’abreuve des premières diatribes de l’archevêque de Dainsbourg. Au premier rang de cette parodie, Ekhart se gausse intérieurement de ce sensationnalisme et de ce goût prononcé pour le spectacle.
- Résumé:
- Ekhart retrace les motifs qui l'ont conduit à venir malgré lui à Aramila pour assister au procès avec une délégation. Le Comité d'Instruction doit montrer patte blanche auprès des Hautes Cités et de l'Alliance. Sur place, une escorte de la garde sacrée l'accueille et le lâche pas d'une semelle jusqu'au jour du procès qui vient.
Dernière édition par Ekhart Faypher le Mer 04 Déc 2024, 19:24, édité 4 fois
Jeu 21 Nov 2024, 11:05
Le procès du siècle
La Cité Tourmentée - RP libre
La chaleur colle aux rues, tandis que tu te glisses d'ombres en ombres pour ne pas souffrir du soleil. Mélangée à la foule, tu avances à petits pas. Toi, tu restes calme. Tu leur dois et tu te le dois. Tu restes à l'orée de la foule loin de cet amas qui te débecte. Les appels des crieurs parviennent à tes oreilles, cela te suffit amplement. Alors, tu attends là où l'on ne te voit pas.
Tu as obtenu des congés mais pas de laissez-passer. Le Conservatoire, plus particulièrement ton maître de recherche, a bien compris la supercherie. À travers ta demande pour revoir ta mère, une première depuis toutes ces années, et l'arrivée du jugement, il ne lui a pas fallu longtemps pour relier la vérité par le bon bout. Dans un sourire entendu, il t'a accordé ce temps que tu comptes bien utiliser à bon escient.
Le tout venant te dépasse dans une excitation malsaine. L'annonce a fait l'effet d'une bombe dont la déflagration a touché tout le continent. Ils veulent sa tête, son corps, son âme et même le reste.
Yodicaël… À tes yeux, elle est victime de leurs faiblesses. Dans leurs certitudes, ils s'enferment et se réjouissent du sort de la “traîtresse” comme ils l'appellent.
Nous, sadiques ?
Et vous autres ? À la première occasion vous faîtes couler le sang et les larmes sans vous soucier le moins du monde des répercussions. Qu'il s'agisse de vos semblables ou des êtres qui peuplaient ces terres bien avant nos pieds.
Et c'est nous que vous appelez profanes ?
Sous ton visage impassible, tu bous.
Une pensée te calme et, même si elle l'ignore, au moins elle n'est pas seule et tu as envie de l'aider. Comment ? Tu ne le sais pas. Pourquoi ? Pour leur montrer la vérité et leur rendre leur soif.
- Spoiler:
- Willow assiste à la cérémonie de loin. Elle reste aux abords de la foule, là où les regards l'ignorent.
Jeu 21 Nov 2024, 12:11
Le procès du siècle
La Cité tourmentée
L’agitation avait gagné la cité. Comme toujours, les fausses rumeurs se répandaient par les quartiers populaires avant de devenir des vérités dans les hautes sphères. Combien d’affabulateurs affirmaient ainsi, avant que les premières affiches ne soient placardées, qu’on tenait la responsable des attentats d’Opale ? Comme toujours, ils pourront dire qu’ils nous l’avaient bien dit. L’histoire n’avait vraiment quitté les allées des bas quartiers depuis que votre serviteur et d’autres étaient revenus ici avec celle qu’on présentait comme la coupable idéale.
Et en même temps, comment en vouloir à cette foule qui se massait à présent aux abords de la via Azoriax ? La Malice avait jusqu’à trouver des alliés dans l’humanité. Nous étions faibles, on nous avait infiltré et, bientôt devant nous, le ver serait présenté. Il était toujours plus facile de haïr quelqu’un avec un visage. Elle serait ce catalyseur. Aramila était sous tension, les rumeurs étaient donc vraies. Les affiches se déployaient en ville et alimentaient le feu de la colère. Le déjà tristement célèbre nom de Sarnegrave était sur toutes les lèvres et sur toutes les dents serrées.
Était-ce le grand jour ? Celui où Uhr, uni contre un ennemi commun, réussirait à montrer la grandeur de l’Enclave ? Je n’en savais rien, mais voir flotter aux abords de la Tribune les étendards des différentes factions plaçait le moment comme unique. Même celui d’Epistopoli n’était que partiellement dégradé, c’est pour dire. La foule s’épaississait, le magma populaire prêt à éclater, c’était à se demander si la Tribune n’allait pas simplement s’écrouler sous la pression de cette populace qui se retenait de l’envahir, bien calmée par la présence des rutilants Gardes.
Votre serviteur dans tout ça ? Ne vous inquiétez pas pour moi, ou plutôt si. Après avoir pris la température à l’extérieur, deviné à la vague agitation l’approche de la triste calèche, j’avais rejoint la Tribune. Le nom aurait pu suffire, le hasard aussi ou quelques tours pour obtenir cette place aux premières loges. C’était peut-être le cas, mais de ce que j’en savais, on était venu me chercher parce que j’avais vu Opale, j’avais suivi dans les Limbes. Le pauvre petit marchand pris dans la tempête du destin.
Au milieu du brouhaha réverbéré de la Tribune, j’avais mis du temps devant cette place qui ne serait jamais mienne. Celle où tant de fois j’avais vu la chevelure solaire de mon frère briller. Est-ce que toi aussi, tu ressens ce poids de responsabilité quand tu t’assois ici ? Je caressais encore le siège au bois lustré par le temps quand les cors sonnèrent. Dainsbourg donc, le destin ne serait décidément pas avec Yodiacaëlle Sarnegrave. Elle arrive et fait vrombir de colère le bâtiment autour de nous. Les chaînes au centre semblaient trembler de cette clameur en attendant leur proie. Nos visiteurs observent également, dans ce capharnaüm, j’essaye de les reconnaitre, pas bien compliquer de voir les epistotes, xandriens et opalins dans la foule. Ils tenaient à marquer leur présence aussi à ce procès.
Uhr unis donc ? Ne me faites pas rire, le vernis ne tiendrait pas sauf si l’archevêque en exode réussissait cet exploit.
Ce procès était celui d’une aramilane en sa nation et il devrait se conduire comme tel pour que nous puissions laver cet affront. La suite, ce serait à Epistopoli d’expliquer comment celle qui représentait le XIIIème Cercle, mais n’en était qu’un pion, avait réussi à se faire sa place, comment le ver avait grandi. Ce serait à Opale d’expliquer comment ils avaient échoué à se défendre, comme le ver était rentré si facilement dans le fruit.
Nous, nous nous occuperons de l’humain, de l’allumette qui a mis le feu aux poudres.
Et en même temps, comment en vouloir à cette foule qui se massait à présent aux abords de la via Azoriax ? La Malice avait jusqu’à trouver des alliés dans l’humanité. Nous étions faibles, on nous avait infiltré et, bientôt devant nous, le ver serait présenté. Il était toujours plus facile de haïr quelqu’un avec un visage. Elle serait ce catalyseur. Aramila était sous tension, les rumeurs étaient donc vraies. Les affiches se déployaient en ville et alimentaient le feu de la colère. Le déjà tristement célèbre nom de Sarnegrave était sur toutes les lèvres et sur toutes les dents serrées.
Était-ce le grand jour ? Celui où Uhr, uni contre un ennemi commun, réussirait à montrer la grandeur de l’Enclave ? Je n’en savais rien, mais voir flotter aux abords de la Tribune les étendards des différentes factions plaçait le moment comme unique. Même celui d’Epistopoli n’était que partiellement dégradé, c’est pour dire. La foule s’épaississait, le magma populaire prêt à éclater, c’était à se demander si la Tribune n’allait pas simplement s’écrouler sous la pression de cette populace qui se retenait de l’envahir, bien calmée par la présence des rutilants Gardes.
Votre serviteur dans tout ça ? Ne vous inquiétez pas pour moi, ou plutôt si. Après avoir pris la température à l’extérieur, deviné à la vague agitation l’approche de la triste calèche, j’avais rejoint la Tribune. Le nom aurait pu suffire, le hasard aussi ou quelques tours pour obtenir cette place aux premières loges. C’était peut-être le cas, mais de ce que j’en savais, on était venu me chercher parce que j’avais vu Opale, j’avais suivi dans les Limbes. Le pauvre petit marchand pris dans la tempête du destin.
Au milieu du brouhaha réverbéré de la Tribune, j’avais mis du temps devant cette place qui ne serait jamais mienne. Celle où tant de fois j’avais vu la chevelure solaire de mon frère briller. Est-ce que toi aussi, tu ressens ce poids de responsabilité quand tu t’assois ici ? Je caressais encore le siège au bois lustré par le temps quand les cors sonnèrent. Dainsbourg donc, le destin ne serait décidément pas avec Yodiacaëlle Sarnegrave. Elle arrive et fait vrombir de colère le bâtiment autour de nous. Les chaînes au centre semblaient trembler de cette clameur en attendant leur proie. Nos visiteurs observent également, dans ce capharnaüm, j’essaye de les reconnaitre, pas bien compliquer de voir les epistotes, xandriens et opalins dans la foule. Ils tenaient à marquer leur présence aussi à ce procès.
Uhr unis donc ? Ne me faites pas rire, le vernis ne tiendrait pas sauf si l’archevêque en exode réussissait cet exploit.
Ce procès était celui d’une aramilane en sa nation et il devrait se conduire comme tel pour que nous puissions laver cet affront. La suite, ce serait à Epistopoli d’expliquer comment celle qui représentait le XIIIème Cercle, mais n’en était qu’un pion, avait réussi à se faire sa place, comment le ver avait grandi. Ce serait à Opale d’expliquer comment ils avaient échoué à se défendre, comme le ver était rentré si facilement dans le fruit.
Nous, nous nous occuperons de l’humain, de l’allumette qui a mis le feu aux poudres.
- Résumé:
- Arno a été dépêché, sans doute en tant que témoin des attentats d'Opale et de ceux qui sont revenus des Limbes avec Yodicaëlle Sarnegrave.
Il est assis à la place de son frère à la Tribune.
Il observe les délégations étrangères, attendant l'arrivée de l'accusée.
Jeu 21 Nov 2024, 16:46
-Wooh c’est crô meugnon, les vôtres aussi ils débitent du flafla bien ronflant pour faire genre.
-...?, demanda Ryo sans broncher d’un iota.
-Blabla pompeux, gros sabots.
-Oui.
Elle se serait attendue à ce que le petit moine la rabroue, que ce soit pour le manque de respect ou lui dire de ne pas attirer l’attention, mais… à mieux y réfléchir, ça devait l’ennuyer autant qu’elle. De même que les mouvements de foule. Plus qu’elle, probablement.
-On a les mêmes à la maison, c’est juste qu’ils préfèrent t’enfumer à coups de science et de progrès pour te dire que tu vas te faire enculer. Plutôt que la religion.
-La science est votre religion, corrigea Ryosuke par réflexe, pour ce qui lui semblait être la quarante-douzième fois du mois.
-404 pas reçu, rebiffa sa novice.
-...
-Ah oui, c’est vrai. Humour ‘pistopolitain, tu pourrais pas comprendre. C’du jargon d’automate.
Sans y prêter la moindre attention, le petit moine de campagne tira de sa besace plume, papier et encrier pour prendre note de ce qui se dirait et aurait lieu aujourd’hui. Le reste, ce qu’il pouvait penser du procès, du cérémonial, de l’accusée ou de quoi que ce soit d’autre, n’avait pas d’importance. Sa tâche était celle de rapporteur pour son monastère et les villages alentours, ce qui lui assurait une place au milieu des gradins. Comme à son habitude. Il ne faisait qu’accompagner et faire office d’assistant à la moniale de leur prieuré qui siégeait à la tribune, aujourd’hui comme toujours.
Pas comme son élève-portebrume, assise à côté de lui, qui découvrait la tribune pour la première fois de sa vie. Actuellement occupée à grignoter furtivement des confiseries du terroir faîtes d’amandes enrobées de miel et de pétales de rose en veillant à ne pas s’attirer les foudres de qui que ce soit, elle attribua mentalement un bon point à aramila, en se disant que leurs snacks défonçaient largement les croquobons d’épistopale. Et un autre pour le grand monument. Ouvert au public, en plus.
Les gros bonnets du coin restaient beaucoup trop riches et guindés comparés aux pouilleux du commun, mais elle avait vu les religieux faire assez d’actions de charité pour se dire que ça restait honnête, en bout de course.
Aujourd’hui, s’agirait de voir comment se jouaient les chasses aux sorcières. La brume sur Opale, du fait d’une seule personne. Pas du tout une arnaque. ‘Videmment.
-...?, demanda Ryo sans broncher d’un iota.
-Blabla pompeux, gros sabots.
-Oui.
Elle se serait attendue à ce que le petit moine la rabroue, que ce soit pour le manque de respect ou lui dire de ne pas attirer l’attention, mais… à mieux y réfléchir, ça devait l’ennuyer autant qu’elle. De même que les mouvements de foule. Plus qu’elle, probablement.
-On a les mêmes à la maison, c’est juste qu’ils préfèrent t’enfumer à coups de science et de progrès pour te dire que tu vas te faire enculer. Plutôt que la religion.
-La science est votre religion, corrigea Ryosuke par réflexe, pour ce qui lui semblait être la quarante-douzième fois du mois.
-404 pas reçu, rebiffa sa novice.
-...
-Ah oui, c’est vrai. Humour ‘pistopolitain, tu pourrais pas comprendre. C’du jargon d’automate.
Sans y prêter la moindre attention, le petit moine de campagne tira de sa besace plume, papier et encrier pour prendre note de ce qui se dirait et aurait lieu aujourd’hui. Le reste, ce qu’il pouvait penser du procès, du cérémonial, de l’accusée ou de quoi que ce soit d’autre, n’avait pas d’importance. Sa tâche était celle de rapporteur pour son monastère et les villages alentours, ce qui lui assurait une place au milieu des gradins. Comme à son habitude. Il ne faisait qu’accompagner et faire office d’assistant à la moniale de leur prieuré qui siégeait à la tribune, aujourd’hui comme toujours.
Pas comme son élève-portebrume, assise à côté de lui, qui découvrait la tribune pour la première fois de sa vie. Actuellement occupée à grignoter furtivement des confiseries du terroir faîtes d’amandes enrobées de miel et de pétales de rose en veillant à ne pas s’attirer les foudres de qui que ce soit, elle attribua mentalement un bon point à aramila, en se disant que leurs snacks défonçaient largement les croquobons d’épistopale. Et un autre pour le grand monument. Ouvert au public, en plus.
Les gros bonnets du coin restaient beaucoup trop riches et guindés comparés aux pouilleux du commun, mais elle avait vu les religieux faire assez d’actions de charité pour se dire que ça restait honnête, en bout de course.
Aujourd’hui, s’agirait de voir comment se jouaient les chasses aux sorcières. La brume sur Opale, du fait d’une seule personne. Pas du tout une arnaque. ‘Videmment.
- Spoiler:
- Petit moine de campagne prend des notes depuis les rangs du public pour rapporter les nouvelles au bled. PNJ accomp' à coté.
Ven 22 Nov 2024, 10:55
Le procès du siècle
Event
Coeur palpitant, tu débordes
Flux tendu de pensées désinvoltes
Te voilà à vomir
Ton sel et ta haine sur le sable brûlant
Flux tendu de pensées désinvoltes
Te voilà à vomir
Ton sel et ta haine sur le sable brûlant
Entre les corps circule une souris. Capuchonné, perdue - on ne remarquerait pas un si petit rongeur qui se fraye un chemin dans cette plèbe massée. Comme une seule âme, elle se précipite sur le chemin du tribunal. Curiosité, colère: autant de petites fourmis qui ne servent à créer qu’une seule voix désastreuse. Humains désabusés. Esprits carnassiers.
Ils saignent ces émotions par milliers.
Crachés sur les pavés comme un liquide sombre.
Une flaque de goudron: si elle ne se contrôlait pas, elle marcherait dedans à deux pieds, transportant les gouttes sous ses semelles en laissant derrière elle une traînée noire.
Aramilla battait comme un cœur. Un cœur sournois, un cœur qui appelle à la haine. Une messe noire autour du tribunal, où attendait l’autel sur lequel serait sacrifier la terroriste. Si le monde était tout noir ou tout blanc, ça serait sans doute aussi simple. Mais rien ne l’était au fond: tout était gris. Une infinité de nuances de gris. Et si les cris de la foule appelaient à sa mort, les émotions ne trompaient pas: elles voulaient du sang, de la vengeance, et peut-être un peu: profiter du spectacle.
On ne la remarque que par son pas. Désarticulé, une patte plus lente que l’autre, un pied cassé que rien n’a guéri à part le temps. Le souvenir de sa démarche fluide reposait sous un des bâtiments fissurés de la place d’Opale, des mois plus tôt. Figure de cire, innocence perdue: elle n’avait plus retiré les cris des limbes de ses paupières depuis. Peut-être une croix sur son dos. Un sacerdoce. “Chacun traîne un fardeau.” lui avait murmuré un jour Hari. Elle n’avait pas compris - et aujourd’hui encore, elle ne comprend pas.
Flamme recouverte: elle cache sa crinière de feu par une capuche noir d’un coton usé qui n’empêche pourtant pas quelques boucles de danser sur son front, occultant parfois sa vision. Elle ne se guide pas aux yeux, non: tout autour d’elle, ce sont des fils tendus qu’elle perçoit, elle ne voit pas, elle ressent, et son but est l’épicentre. “Ne parle pas, ne dit rien.” Elle se répétait les règles comme un mantra pour ne pas attirer l’attention, pour ne pas être confrontée à ces créatures pensantes et blessantes qui ne lui apporteraient que des ennuis. Mais pourquoi était-elle là?
Pour la revoir, peut-être. Pour tenir une nouvelle fois son visage entre ses mains.
Elle a quelques mois derrière elle, maintenant. Bientôt un an de vie, un an à fuir et à chercher sa maison. Un an à chercher à taton son chemin dans le désert. L’hespéride avait depuis pris conscience des règles du monde, des règles des vivants, guidée par le conservatoire qui veillait sur elle autant qu’elle veillait sur eux. On lui avait refusé sa venue. Mais la voilà, pourtant, à Aramilla, là où tout avait commencé. Pourquoi?
Pour comprendre, peut-être. Pour voir une nouvelle fois les larmes sur ses joues.
A chaque pas, la voix des cœurs devient plus insupportable. Elle les entend dans son crâne, foule opiniâtre qui coule sans barrage, enserrant sa tête dans un étau. Si elle contrôle mieux ses pouvoirs, elle n’en est pas moins victime de sa nature: rapidement à bout de souffle, elle persiste jusqu’à cette immense bâtisse sans bien comprendre les regards interrogateurs qu’on lui lance et les gestes hâtifs qui lui font comprendre qu’elle n’est pas la bienvenue. Chaque nouvelle émotion est une nouvelle lame, mais elle tient tête. Cette foule pourrait bien la tuer - si elle n’a pas d’autres choix, elle devrait agir, réduire ces émotions parasites qui l’étouffent. Mais pour l’instant, elle persiste et se faufile.
La foule est dense, elle réussit à se cacher entre deux hommes dont la carrure l’écrase, et entre eux, elle passe inaperçue pour se frayer un chemin dans l’escalier qui mène à des gradins. Le petit tunnel est un four: chaque pensée ricoche sur ses parois pour mieux lui tomber dessus. Tenir bon, atteindre le cœur: quand la porte s’ouvre, elle en a le souffle coupé. Devant elle s’alignent les corps, pressés contre des rambardes qui donnent sur un gouffre où s’alignent âmes sur âmes, brûlant de l’envie de voir l’accusée, de la crainte et de l’anticipation de glisser une corde à son cou. Elle ne comprend rien aux mots qu’elle entend, mais elle ressent. La foule crie à la mort. Et petite flamme perdue, elle étouffe.
Mais pourquoi es-tu revenue, Lö?
Pour elle.
- résumons:
- Lö a fait faux bond au conservatoire pour se rendre à Aramila, déterminée à exorciser l’attentat d’Opale de sa très jeune conscience. Elle lutte contre les émotions de la foule pour se faufiler jusqu’à un des gradins sans comprendre ni les enjeux, ni la position qu’elle occupe.
Ven 22 Nov 2024, 23:48
The trial of the century
starring Jane Kaldwin & event participants
L'équipe d'opérateurs avait été réduite à son strict minimum et les communications avec le QG en Xandrie consolidées afin de ne pas être coupé de nos appuis, déjà rarissimes dans cette terre désertique. Mon automate Bob avait subi une inspection complète ainsi que tout le matériel réquisitionné pour que tout fonctionne de manière optimale le jour du procès et qu'il n'y ait pas le moindre grain de sable dans aucune machine. Un petit poste de commandement mobile avait été installé dans un des bâtiments abritant des logements vacants le temps du procès avait été installé, une équipe de trois agents avec leur officier se trouvait là afin de monitorer en temps réel tout le déroulé du procès et pouvoir donner un coup de main en cas de coup dur tandis qu'au QG de Xandrie, pas moins d'une douzaine d'autres appuis sous la supervision directe de l'As de Trèfle avaient une vue générale sur toute la situation. Sur le terrain, malgré les protestations toujours aussi véhémentes du Haut Cercle, je me tenais là en compagnie de deux autres opérateurs, l'un d'eux parmi les premiers rangs de gradins et l'autre parmi la foule plus en arrière et de l'autre côté par rapport à l'autre pour couvrir la zone à hauteur d'homme.
Moi, j'étais en hauteur au dessus du public à l'abri d'un pilier avec une vue imprenable sur la scène. Bob s'était placé à l'ombre d'une poutre à l'opposé pour donner un autre angle de vue au QG, il n'était pas le seul à capter les images de ce qui se passait... l'As de Trèfle à l'autre bout de l'enclave constatait qu'il pouvait presque s'y croire. Masquée et un capuchon sur la tête, je cachai mon impatience que cela commence et qu'on en finisse. Contrôle, RAS sur les coms ? Dans mon oreille j'entendis distinctement mon As de Trèfle. RAS 01, coms nickel. Pas d'interférences. Je baissai les yeux vers mes deux agents plus bas. 02 ? 03 ? Mes deux agents mirent quelques secondes à répondre. Hm, il fallait tâcher de régler ces problèmes de latence dans la communication... RAS 01. Ils s'impatientent en bas... avant qu'on enchaîne RAS... Oh je crois que ça s'agite un peu. Mon opérateur vit juste car ça commençait à présent.
Le cordon sécuritaire se déploya, avec à sa tête la dénommée Benvenuto dont il avait été fait mention dans notre briefing de mission. Je ne lâchai pas des yeux la femme en armure avant que l'homme qui allait présider le procès ne fasse son apparition. Chamarré, d'apparence riche et pourtant arborant un air sérieux, le faciès du type qui savait qu'il vivait un moment historique et qu'il en était pleinement acteur. L'Archevêque dont personne dans l'unité n'avait réussi à correctement prononcer le nom prit son temps car il savait qu'il était observé. Aramila avait donc choisi son magistrat le plus intraitable et sévère pour prononcer la condamnation de la terroriste... Calmant la foule qui l'avait accueillit, l'homme noir prononça son discours où l'on pouvait presque entendre une mouche voler quand il ne parla pas. Je restai de marbre à l'écouter, sans doute un peu trop étrangère face à tout ce à quoi il faisait appel ou référence mais aussi n'étant pas autant versée dans la religion que lui. Ainsi soit-il... lâcha presque dans un murmure respectueux l'As de Trèfle dans nos oreillettes.
Ça y est, Yodicaëlle est là. Nous savions que c'était désormais maintenant qu'il fallait être le plus attentif. Aussitôt la foule se déchaîna à l'encontre de la terroriste. Quant à nous, nous avions tous nos canaux d'observation ouverts. Si tout se passait bien, le procès se tiendrait jusqu'à son terme et nous aurions tout vu et entendu sans nous faire remarquer avant de nous retirer sans faire le moindre bruit. Mais s'il arrivait encore le moindre malheur... la consigne était de déguerpir le plus rapidement possible et de rejoindre le PC avancé pour extraction. Tuer seulement pour se défendre... Je frémis en repensant à Opale. Cela me fit une sensation étrange de revoir ce bout de... femme que j'avais poursuivi avec d'autres et que j'avais vu ployer sous mes yeux. Très étrange...
- HRP:
- La guilde des espions organise son dispositif de surveillance sur ce qu'il adviendra de Yodicaëlle. La Courtière y est présente avec un nombre réduit d'agents sous la supervision directe du QG de la guilde en Xandrie et est en position jusqu'à l'arrivée de la terroriste où elle assiste sans réagir à ce qui se passe. Elle se remémore néanmoins ce qu'elle a vécu à Opale et en a même un peu peur...
Dim 24 Nov 2024, 01:57
Les ombres s’insinuent partout où la lumière gît, alors l’élémentaire de ténèbres ne pouvait être absent d’une telle exposition à la lumière de l’un de ses confrères. Voilà déjà quelques jours qu’il avait quitté son foyer niché au cœur de la jungle de Doulek pour rejoindre la cité de la foi. Le ténébreux avait été prévenu de ce qui s’y préparait et, bien qu’il ne soit pas très adepte des procès en tout genre, le contexte de celui-ci ne lui laissait guère le choix : il se devait d’y assister. Après tout, c’est l’un de ses congénères qui allait se retrouver sur le banc des accusés, devant faire face à la vindicte du peuple du royaume d’Uhr tout entier.
L’archéologue parcourt la cité aramilane tout de noir vêtu, comme à son habitude, s’étant revêtu d’une veste ample descendant jusqu’aux genoux. Caché sous sa capuche qui ne laisse transparaître que son visage et une mèche de cheveux noirs, il observe la cité plus vivante que jamais. Des gens de tous les royaumes avaient fait le déplacement pour assister à ce qui était annoncé comme le procès du siècle. Jadis, il avait rêvé d’un monde comme celui-ci, où toute race et tout peuple cohabitent. Pourtant, ici, il n’arrivait pas à en tirer satisfaction. Quelque chose, comme une gêne, l’empêchait de voir tout ceci d’un bon œil. Après quelques pas dans la cité, le natif de la brume se retrouve devant sa destination, l’imposant bâtiment où se déroulent les festivités. Il monte les marches une à une, se frayant un chemin à travers une foule qui se fait de plus en plus dense, mais pas suffisamment pour arrêter son avancée. L’élémentaire se faufile jusqu’à la tribune, puis jusqu’à la rambarde donnant sur la scène, agencée comme une arène. Et n’est-ce pas là approprié ?
Su’en ne transmet pas un mot, pas un souffle ; aucune réaction ne ressort de lui lors du discours de celui qui fut nommé juge. Il regarde la foule, semblant boire les paroles de cet homme, alors qu’une certaine amertume s’empare de l’élémentaire. La justice des dieux ? Mais où était-elle, cette fameuse justice, lors de la folie des inquisitions qu’ils avaient effectuées au nom de ces mêmes dieux ? De haut des tribunes, Su’en guette. La foule s'envenime soudainement, éclate dans un brouhaha. Tout son autre que les cris devient imperceptible dans une telle cacophonie. Voilà donc pourquoi il y avait tant de monde ? Tous étaient venus, guidés par un désir macabre : celui de mettre à mal sa consœur du Cercle ?
La voilà, cette gêne que le natif de la brume ressentait durant son périple dans les rues de la cité. Tous ces gens, peuples et races d’horizons différents, ne s'étaient pas réunis de bon cœur, mais pour faire couler le sang. Cette rage qu’il observe alors naître depuis le cœur de ces hommes et femmes, il pourrait la reconnaître entre toutes, tant il eut l'occasion de la voir. Des souvenirs de la folie et de la révolution de Sancta lui reviennent. Tous ces gens arborent le même regard, la même hargne. Ses yeux cernés se plissent face à tel spectacle. Une profonde tristesse coule en lui petit à petit. Pourquoi donc les êtres doués de conscience retombent-ils dans leurs pires travers au moindre prétexte ? se dit Su’en, l’œil presque humide. Qu’importe les époques, l’humanité était toujours la même à ses yeux : il n’y avait aucun progrès, aucune lumière dans cet océan organique.
Maintenant, il comprend pourquoi ils lui avaient sommé d’être présent pour cet événement. Ils souhaitaient qu’il contemple tout ceci.
L’archéologue parcourt la cité aramilane tout de noir vêtu, comme à son habitude, s’étant revêtu d’une veste ample descendant jusqu’aux genoux. Caché sous sa capuche qui ne laisse transparaître que son visage et une mèche de cheveux noirs, il observe la cité plus vivante que jamais. Des gens de tous les royaumes avaient fait le déplacement pour assister à ce qui était annoncé comme le procès du siècle. Jadis, il avait rêvé d’un monde comme celui-ci, où toute race et tout peuple cohabitent. Pourtant, ici, il n’arrivait pas à en tirer satisfaction. Quelque chose, comme une gêne, l’empêchait de voir tout ceci d’un bon œil. Après quelques pas dans la cité, le natif de la brume se retrouve devant sa destination, l’imposant bâtiment où se déroulent les festivités. Il monte les marches une à une, se frayant un chemin à travers une foule qui se fait de plus en plus dense, mais pas suffisamment pour arrêter son avancée. L’élémentaire se faufile jusqu’à la tribune, puis jusqu’à la rambarde donnant sur la scène, agencée comme une arène. Et n’est-ce pas là approprié ?
Su’en ne transmet pas un mot, pas un souffle ; aucune réaction ne ressort de lui lors du discours de celui qui fut nommé juge. Il regarde la foule, semblant boire les paroles de cet homme, alors qu’une certaine amertume s’empare de l’élémentaire. La justice des dieux ? Mais où était-elle, cette fameuse justice, lors de la folie des inquisitions qu’ils avaient effectuées au nom de ces mêmes dieux ? De haut des tribunes, Su’en guette. La foule s'envenime soudainement, éclate dans un brouhaha. Tout son autre que les cris devient imperceptible dans une telle cacophonie. Voilà donc pourquoi il y avait tant de monde ? Tous étaient venus, guidés par un désir macabre : celui de mettre à mal sa consœur du Cercle ?
La voilà, cette gêne que le natif de la brume ressentait durant son périple dans les rues de la cité. Tous ces gens, peuples et races d’horizons différents, ne s'étaient pas réunis de bon cœur, mais pour faire couler le sang. Cette rage qu’il observe alors naître depuis le cœur de ces hommes et femmes, il pourrait la reconnaître entre toutes, tant il eut l'occasion de la voir. Des souvenirs de la folie et de la révolution de Sancta lui reviennent. Tous ces gens arborent le même regard, la même hargne. Ses yeux cernés se plissent face à tel spectacle. Une profonde tristesse coule en lui petit à petit. Pourquoi donc les êtres doués de conscience retombent-ils dans leurs pires travers au moindre prétexte ? se dit Su’en, l’œil presque humide. Qu’importe les époques, l’humanité était toujours la même à ses yeux : il n’y avait aucun progrès, aucune lumière dans cet océan organique.
Maintenant, il comprend pourquoi ils lui avaient sommé d’être présent pour cet événement. Ils souhaitaient qu’il contemple tout ceci.
- Spoiler:
- Su’en arrive jusqu'à la tribune pour observer le début du procès. Il observe la scène de hargne et en tire des conclusions sur l’état de l’humanité.